Ce jour-là, le 19 mars 1962, entrait en vigueur le cessez-le-feu en Algérie. 48 ans après peut-on dire que l´apaisement des esprits est possible dans les relations franco-algériennes? Le 19 mars, c´est demain. Une date, une importante étape dans la libération du pays. Ce jour-là, il y a 48 ans, le 19 mars 1962 entrait en vigueur le cessez-le-feu en Algérie, signé la veille entre l´Etat Français et le Gouvernement provisoire de la République algérienne (Gpra). Un cessez-le-feu qui ne signifiait rien d´autre que la victoire des Algériens sur des envahisseurs qui leur ont infligé terreur et désolation presque un siècle et demi. Un cessez-le-feu qui est venu couronner la Révolution déclenchée le 1er Novembre 1954. Bien d´autres batailles onteu lieu durant toute la durée de l´occupation coloniale. De la résistance dirigée par l´Emir Abdelkader dès 1832 jusqu´au défilé pacifique du 8 Mai 1945 que l´armée française a atrocement réprimé, en passant par le soulèvement du Cheikh Bouamama, de Mokrani et tant d´autres, seule la guerre de Libération nationale décidée en 1954 avec son envergure nationale a pu venir à bout de la France, l´une des plus grandes puissances militaires. Côté algérien, ce jour-là ne pouvait être autre chose qu´une formidable explosion de joie populaire. Côté français il en allait différemment. Pour la première fois de leur histoire, Français et Algériens ont dû faire face à un ennemi commun, un terrorisme aveugle qui s´était formé sous le sigle OAS (Organisation de l´armée secrète). Cette organisation avait pour slogan «l´Algérie est française et le restera». Ceci tout en combattant les institutions françaises, à leur tête le chef de l´Etat, le général de Gaulle. Celui-ci a pu déjouer une tentative de coup d´Etat menée par des généraux français (le quarteron comme il les désignait). Il échappa à plusieurs attentats. Citons au passage celui du 8 septembre 1961 à Pont-sur-Seine dans l´Aube et celui du petit Clamart, le 22 août 1962. L´OAS s´organisa pour tuer et détruire tant en Algérie qu´en métropole comme il était d´usage à l´époque d´appeler la France. C´était en réalité une guerre franco-française mais qui, en même temps, ne devait pas épargner les Algériens. Les plastiquages visant les Algériens, les assassinats au faciès dans les rues d´Algérie, la tuerie du port d´Alger où des centaines de dockers algériens périrent, et la politique de la terre brûlée «décrétée» par l´OAS dans notre pays n´ont laissé d´autre choix au FLN que la riposte. La France, pour protéger ses troupes (qui avaient mis l´arme au pied), a dépêché en Algérie dès le mois de novembre 1961 un corps spécial connu sous le nom de barbouzes, qui relevait de ses services secrets. Ils étaient chargés de mettre hors d´état de nuire les terroristes de l´OAS. 48 ans après et avec le recul, que peut-on en dire aujourd´hui? Algériens et Français ont fini par convenir de cesser de se faire la guerre. Une excroissance du pouvoir colonial n´était pas de cet avis et a décidé de faire la guerre aux Algériens et aux Français. Une excroissance formée principalement par des Français d´Algérie. C´est cette excroissance qui continue d´envenimer les relations franco-algériennes. Le président Chirac, en parfait héritier gaulliste, a tenté de rétablir une certaine normalité dans ces relations, notamment avec le projet de traité d´amitié qu´il avait en commun avec le président algérien Abdelaziz Bouteflika. Traité d´amitié qui a dû être enterré après le départ de Chirac en 2007. Depuis et à la place ce n´est plus qu´islamophobie avec toute sa partie d´algérianophobie. 48 ans après, peut-on dire que l´apaisement des esprits est possible dans les relations franco-algériennes? Oui, mais pas pour l´instant. La situation politique qui prévaut aujourd´hui rappelle plus l´époque de Guy Mollet puis celle de Mendès France. Il faudra attendre celle qui rappellera le règne de De Gaulle. Si par chance, un jour viendra où la France retrouvera sa pleine santé sans cette fameuse excroissance. Rien ne le laisse augurer pour l´heure. Ceci dit, pour nous Algériens, le 19 mars est la célébration de la victoire. Faisons la fête mais gardons l´oeil bien ouvert et restons sur nos gardes. Les nostalgiques de l´Algérie française nous vouent une haine ad vitam æternam. Normalisation des relations, apaisement avons-nous entendu? Bien sûr que nous sommes profondément pour. Mais de quelle France parle-t-on? ([email protected])