Métaux ferreux et non ferreux, matériaux de construction, sucre, banane, bière, whisky...ce sont là des produits représentant autant de dossiers en instance avec des barons dont le sort ne tient plus qu'à un fil... A mesure que se rapproche la date de la future présidentielle, les pouvoirs publics redoublent d'ardeur dans leur lutte contre la corruption et la mafia bleue, celle de l'import-import. Il faut dire aussi que la terrible «faille», provoquée, par le séisme du 21 mai dernier, a mis à nu les pratiques véreuses et condamnables de certains de ces barons des containers, notamment en matière d'importation frauduleuse de Rond à béton (Rab) et de certains autres matériaux de construction non conformes aux normes mondialement admises. Ainsi, dès son arrivée à la tête du gouvernement, Ahmed Ouyahia, infatigable à la tâche, a-t-il mis les bouchées doubles dans tout ce qu'il a entrepris. L'on croit savoir, de la sorte, qu'un grand coup de pied vient d'être donné dans la «fourmilière» des finances. Après les banques, tant privées que publiques, et même le secteur des assurances où de très gros dossiers impliquant des barons présents ici et ailleurs doivent être exhumés dans les prochaines semaines, voici venu le tour de la douane de commencer à livrer ses secrets, ses dossiers les mieux gardés, ceux qui sont classés «tabous». Des sources proches de cette institution révèlent en effet que le Chef du gouvernement aurait demandé aux dirigeants de la douane de lui transmettre certains très gros dossiers demeurés en «stand-by» depuis de bien nombreuses années. Cette demande, qui a eu pour effet de provoquer un grand mouvement de panique au sein de cette institution et de la faune disparate des importateurs pas tous très «clean», aurait également pour conséquences de remettre au goût du jour de nombreux conflits latents entre certains cadres de la douane. C'est à un gigantesque déballage que nous risquons d'assister dans les prochains jours ou semaines. Beaucoup de têtes risquent ainsi de tomber. Des têtes de barons que l'on pensait intouchables jusque-là, qui ont amassé des fortunes colossales à l'ombre de ce commerce illicite et qui se trouvent, quoique indirectement, derrière le décès de plus de 2000 personnes à la suite du séisme du 21 mai dernier. Des sources dignes de foi vont jusqu'à dire que certains dossiers, notamment ceux relatifs au Rab irradié importé d'Ukraine vers le milieu des années 90, auraient déjà été entièrement ficelés avec de nouvelles pièces fournies par le fisc et certaines banques concernées. La justice en aurait déjà été instruite et des convocations seraient sur le point d'être signées. Nos sources vont jusqu'à dire qu'il ne s'agit pas d'une campagne ponctuelle ou conjoncturelle puisque les barons d'autres produits devraient suivre très bientôt alors que le processus de moralisation de la vie publique dans le domaine des finances est bel et bien enclenché puisque le nouveau Chef du gouvernement a affirmé à certains de ses intimes en avoir fait une priorité absolue. Cette démarche, au reste, serait justifiée, entre autres, par la nécessité pour l'Algérie d'obéir désormais à des règles financières plus strictes depuis sa signature d'un accord d'association avec l'UE et ses négociations pour adhérer à l'OMC avec toutes les exigences que cela implique en matière de gestion et d'organisation des finances et du commerce. Nos sources, très sûres, soulignent que «la mafia des containers, qui a longtemps vécu à l'ombre de protections diverses et d'un laxisme qui n'a que trop duré, vit, sans aucun doute, ses derniers moments puisque la machine est désormais enclenchée et rien ni personne ne pourront l'arrêter».
