En trois ans, le Net a élu un président et destitué deux autres, rappelle le Pr Laâgab. En voulant comprendre le monde virtuel du Net, nos députés ont réalisé à quel point ils étaient déconnectés, non seulement de la société algérienne mais aussi du monde entier. Et cette réalité concerne tous les responsables en charge des affaires du pays. «Le monde a évolué Messieurs», a déclaré d´un ton sec le Pr Mohamed Laâgab, lors d´une rencontre parlementaire qui a été organisée hier, au siége de l´APN sous le thème: «Les réseaux sociaux en ligne / analyse - enjeux- impact». En plus des parlementaires, une pléiade d´experts, des chercheurs universitaires, journalistes ont animé les débats. Parmi eux, le Pr Mohamed Laâgab, enseignant à l´université d´Alger, qui s´est distingué par une brillante intervention ayant recueilli l´adhésion de toute l´assistance. Par son franc-parler, le jeune Pr Laâgab a mis tout le monde d´accord et sans langue de bois, il a cassé les tabous en incitant notamment les responsables du pays à changer de mentalité et s´adapter à la nouvelle réalité. «Il faut qu´on comprenne, une bonne fois pour toutes, que le monde a évolué et l´esprit des gens a suivi cette évolution», s´écrie le Pr Laâgab. Avant d´ajouter qu´il «faut qu´on s´adapte avec cette mutation sinon on ira tout droit vers la catastrophe avec ce raisonnement dépassé». Pour appuyer ses dires, le Pr Laâgab, prend l´exemple du blocage médiatique. «Maintenant, avec la Toile, si on refuse d´ouvrir la télévision aux opérateurs privés ce n´est pas grave puisqu´il y a la TV en ligne avec YouTube, qui est un moyen de substitution», explique-t-il. Même constat pour la presse écrite. «Si on empêche la presse d´être libre en essayant de faire pression sur elle pour la contrôler, le Net propose, encore une fois, des solutions. En quelques clics on peut créer un blog ou un site d´informations en ligne qui sera lu par des millions de personnes», développe-t-il. Par cette constatation, le Pr Laâgab veut faire comprendre que «la navigation Internet s´est ancrée dans nos moeurs, c´est une réalité dont il ne faut pas négliger l´importance». Surtout, que même la politique n´est pas épargnée par l´expansion du Net. «On a vu l´importance du Net avec l´élection en 2008 d´Obama qui s´est faite grâce à la Toile. Et plus récemment, la chute de Moubarak et Ben Ali qui est aussi due à Internet. En trois ans, le Net a élu un président et en a destitué deux autres», affirme-t-il sans ambages. «Donc ça ne sert à rien d´empêcher un parti politique de militer en refusant de l´agréer puisqu´il va illico presto se réfugier sur le Net. Et là, il deviendra incontrôlable, des ONG et gouvernements étrangers vont prendre parti pour cet opprimé à qui on refuse d´exercer son droit de militer», avertit-il. En résumé, le message du Pr Laâgab est que cela ne sert à rien de réprimer ou d´essayer de censurer étant donné qu´il y aura toujours un moyen de contourner cet écueil. Pour sa part, le ministre de la Jeunesse et des Sports, El Hachemi Djiar, qui est l´un des instigateurs de cette belle initiative estime que «les réseaux sociaux sur Internet peuvent être une solution au déficit en matière de communication en Algérie». Le ministre souligne, à ce titre, qu´au-delà de certains aspects «négatifs», ces réseaux sociaux en ligne «peuvent jouer un rôle dans les questions liées à la communication entre les générations et entre l´administration et le citoyen et même au sein des associations, des organisations et des partis politiques».