«On va avoir des élections avec les médias de Ben Ali et, en face, Internet n´est pas accessible à tout le monde». Lina Ben Mhenni Dans une déclaration à la conférence internationale sur le thème «Le discours médiatique et le discours politique: Conflit ou interaction», organisée les 10 et 11 juin derniers à Monastir, le chef du département Maghreb au sein de la chaîne Al-Jazeera, Rachid Khechana, a annoncé la création à Tunis d´un Centre pour la formation des journalistes, à l´échelle régionale, par la chaîne Al Jazeera. Ainsi, après le CSA et France télévisions, voici qu´Al Jazeera va se lancer dans la course à la formation des journaliste tunisiens et même maghrébins. La Tunisie est plus que jamais devenue un laboratoire d´essais pour la liberté de la presse dans le Maghreb. Ce centre serait ouvert aux Tunisiens, mais aussi aux Algériens et aux Marocains. Dans quel but? quel programme? Rien n´a filtré, mais lors de son intervention aux travaux de la conférence sur le discours médiatique et le discours politique, organisée par Radio Monastir, en collaboration avec le Palais des sciences de Monastir, Rachid Khechana a appelé à dépasser les directives qui viennent d´en haut, respecter le professionnalisme dans l´élaboration et la diffusion de l´information, renforcer la formation et accorder davantage d´intérêt au journalisme d´investigation. Il affirme que l´opinion publique a besoin d´une presse en phase avec la nouvelle étape, affirmant que les médias assument une responsabilité primordiale dans la réalisation des objectifs de la Révolution et la réussite du processus démocratique. De son côté, Abbès Nasser (Liban), a indiqué qu´il est important d´appliquer strictement les règles de la profession, de manière à respecter les droits et les devoirs et à prévenir les erreurs du journaliste ou de l´homme politique. Pour sa part, Jamil Ben Ali, directeur de Radio-Monastir a affirmé, que l´autocritique est essentielle pour assurer le développement de l´information. Les journalistes sont également appelés à plus de pondération et de rationalisme. Côté journalistes tunisiens, Habib Ghribi a indiqué que «le niveau de l´information après la révolution laisse à désirer et l´information est traitée de façon superficielle». Par ailleurs, le philosophe tunisien, Youssef Seddik, affirme que le discours médiatique d´après- révolution est plutôt indigent. Il propose que le journaliste développe ses aptitudes pour être capable de faire passer son message et de faire face à la provocation. Malgré toutes les critiques portées à la situation des médias en Tunisie, la majorité des intervenants ont convenu qu´il existe, actuellement en Tunisie, des efforts louables pour installer une presse crédible. Ce n´est pas l´avis de la blogueuse tunisienne, Lina Ben Mhenni, qui s´exprimait dans le cadre du Festival «Etonnants Voyageurs» à Saint-Malo (ouest de la France), cinq mois après la chute de Ben Ali, rien n´a bougé en Tunisie. Elle affirme que les mêmes personnes qui étaient sous Ben Ali à la tête des journaux ou de la télévision sont toujours là. Elle ajoute que ces personnes «travaillent pour le gouvernement transitoire comme elles servaient Ben Ali, elles ne travaillent pas pour le peuple». Ces craintes pour la liberté de la presse rejoignent celles des journalistes en Tunisie, dont une quinzaine ont été brutalisés par la police en couvrant une manifestation anti-gouvernementale. [email protected]