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Un autre regard sur les événements de Libye
AU CENTIÈME JOUR DE BOMBARDEMENTS DE L'OTAN
Publié dans L'Expression le 29 - 06 - 2011

Ce qui reste du bureau d'El Gueddafi après le bombardement de sa khaïma d'El Azizia
Un groupe international d'enquêteurs du Réseau Voltaire est actuellement en Libye. Il a pu se rendre sur des lieux des bombardements. Disposant de la confiance des autorités libyennes, il a pu rencontrer quelques-uns des dirigeants politiques et sécuritaires malgré les conditions de guerre. Leur constat est diamétralement opposé aux images véhiculées par la presse occidentale. Pour comprendre un tant soit peu ce qui se passe en Libye, nous avons estimé important de donner à nos lecteurs un autre regard et son de cloche sur les évènements qui marquent ce pays voisin depuis plus de quatre mois et sur lesquels tout n'a pas été dit. Thierry Meyssan*, fondateur du Réseau Voltaire, revient de Libye d'où il apporte son témoignage. Lecture.
Au centième jour de bombardements de la Libye, l'Otan annonce l'imminence de son succès. Cependant, les buts de guerre n'étant pas clairement précisés, on ignore en quoi consistera ce succès. Simultanément, la Cour pénale internationale annonce la mise en accusation du Guide Mouamar El Gueddafi, de son fils Seif El-Islam et du chef des services de renseignement intérieur, Abdallah Al Senoussi, pour «crimes contre l'humanité». Si l'on se rapporte à la résolution 1973 du Conseil de sécurité, la Coalition des Etats volontaires vise à établir une zone d'exclusion aérienne afin d'empêcher les troupes du tyran de tuer son propre peuple. Cependant, les informations initiales selon lesquelles l'armée de l'air libyenne a bombardé des villes qui s'étaient soulevées contre le pouvoir de Tripoli ne sont toujours pas corroborées, bien qu'elles soient considérées comme fiables par la Cour pénale internationale. Quoi qu'il en soit, les actions de l'Otan ont très largement dépassé l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne pour se transformer en une destruction systématique des forces armées nationales, air, terre et mer.
Les objectifs de l'Otan sont probablement autres. Les leaders de l'Alliance ont ainsi évoqué de nombreuses fois le renversement du «régime» de Mouamar El Gueddafi, voire l'élimination physique du «frère Guide». Les médias occidentaux évoquent des «défections massives» des cadres de Tripoli et leur ralliement à la cause des insurgés de Benghazi, mais ils ne parviennent pas à citer de noms, sinon ceux d'hommes politiques connus de longue date pour être favorables au rapprochement avec Washington, tel l'ex-ministre des Affaires étrangères Moussa Koussa. L'opinion publique internationale est massivement désinformée. Washington a fait couper les retransmissions de la télévision libyenne sur le satellite Arabsat, dont la Jamahariya est pourtant actionnaire. Le département d'Etat ne devrait plus être long à faire de même avec Nilesat. En violation de ses engagements internationaux, Washington a refusé un visa au nouveau représentant libyen à l'ONU. Il ne peut venir à New York exposer son point de vue, tandis que son prédécesseur, rallié au CNT continue d'occuper son siège. La voix de Tripoli étant étouffée, il est possible de répandre n'importe quel mensonge sans crainte d'être contredit.
Rien d'étonnant donc à ce que vu de Tripoli, d'où cet article est écrit, les communiqués de l'Otan et les injonctions de la Cour pénale internationale paraissent irréels. L'ouest de la Libye est paisible. À des moments aléatoires, les sirènes annoncent l'arrivée des bombardiers ou des missiles. Suivi immédiatement des explosions qu'ils provoquent. Il est inutile de courir aux abris, d'une part, parce que le temps est trop court et d'autre part, parce qu'il n'y a guère d'abris. Les bombardements sont ciblés avec une extrême précision. Les munitions guidées touchent les bâtiments visés, et dans ces bâtiments, les pièces visées. Toutefois, l'Otan perd le contrôle en vol d'environ un missile guidé sur dix. Celui-là tombe à l'aveuglette. N'importe où dans la ville, semant la mort au hasard.
La plupart des cibles de l'Otan sont stratégiques
Si une partie des cibles de l'Otan sont «militaires»: casernes et bases; la plupart sont «stratégiques», c'est-à-dire économiques. Par exemple, l'Alliance a bombardé l'imprimerie de la Monnaie libyenne, une administration civile chargée de fabriquer les dinars. Ou encore, ses commandos ont saboté des usines qui faisaient concurrence à celles de membres de la Coalition. D'autres cibles sont dites «psychologiques». Il s'agit de toucher dans leur chair les dirigeants politiques et sécuritaires en massacrant leurs familles. Les missiles sont alors pointés sur les habitations privées, et plus précisément sur les chambres à coucher des enfants des dirigeants. L'ambiance dans la capitale et sur la côte est lourde. Mais la population reste soudée. Les Libyens soulignent qu'aucun de leurs problèmes intérieurs ne justifie le recours à la guerre. Ils évoquent des revendications sociales et des questions régionales, comme il en existe dans les Etats européens, mais rien qui doive conduire à déchirer les familles comme on est en train de le faire en imposant une partition du pays. Face à l'Otan, des dizaines de milliers de bourgeois aisés ont plié bagage et sont allés se réfugier dans les pays limitrophes, notamment en Tunisie, laissant aux pauvres le soin de défendre la patrie qui les a enrichis. De nombreux commerces sont fermés sans que l'on sache s'ils doivent faire face à des difficultés d'approvisionnement ou si leurs propriétaires ont fui. Comme en Syrie, la plupart des opposants politiques font bloc derrière le gouvernement pour protéger l'intégrité du pays face à l'agression étrangère. Pourtant, certains Libyens, anonymes et invisibles, renseignent l'Otan pour localiser ses cibles. Jadis leurs parents accueillaient les armées coloniales italiennes, aujourd'hui ils scandent avec leurs homologues de Benghazi: «1, 2, 3, Sarkozy arrive!». Chaque peuple a ses traîtres et ses collabos.
Des éléments d'Al Qaîda venus directement de Guantanamo
Les exactions commises par les mercenaires du prince Bandar en Cyrénaïque ont terminé de convaincre bien des hésitants. La télévision montre en boucle les oeuvres des leaders d'Al Qaîda en Libye, dont certains ont été libérés directement de Guantanamo pour combattre aux côtés des Etats-Unis. Des images insoutenables de lynchage et de mutilations dans des villes érigées en Emirats islamistes, à la mode afghane ou irakienne, par des individus déshumanisés par les tortures qu'ils ont subies et excités par des drogues puissantes. Il n'est pas nécessaire d'être un vieux partisan de la Révolution d'El Gueddafi pour la soutenir aujourd'hui face aux horreurs auxquelles se livrent les jihadistes dans les «zones libérées» par l'Alliance. Rien, nulle part, à l'Ouest n'évoque une révolte ou une guerre civile. Pas de barricades, ni de blindés dans les rues. Sur toutes les routes, les autorités ont installé des checks-points tous les deux kilomètres. Les automobilistes patientent sagement, eux-mêmes attentifs à découvrir les éléments infiltrés par l'Otan. Le colonel El Gueddafi arme la population. Près de deux millions de fusils mitrailleurs ont déjà été remis aux civils. L'objectif est que chaque adulte, homme ou femme, puisse défendre sa maison. Les Libyens ont retenu la leçon irakienne. Saddam Hussein avait assis son autorité sur le Baas et l'armée, excluant son peuple de la vie politique. Lorsque le parti fut décapité et que quelques généraux firent défection, l'Etat s'effondra soudainement laissant le pays sans résistance et plongé dans le chaos. La Libye, elle, est organisée selon un système original de démocratie participative, comparable aux assemblées du Vermont. Les gens sont habitués à être consultés et responsabilisés. Ils sont donc mobilisables en masse. De manière inattendue, les femmes sont plus déterminées que les hommes à porter les armes. Cela traduit l'accroissement ces dernières années de la participation féminine aux assemblées populaires. Cela reflète peut-être aussi la nonchalance qui s'était emparée des cadres de cet Etat socialiste à haut niveau de vie. Chacun a conscience que tout se jouera lorsque les troupes terrestres de l'Otan débarqueront, si elles osent le faire. La stratégie de défense est donc entièrement conçue pour dissuader un tel débarquement en mobilisant la population. Ici les soldats français, britanniques et US ne seront pas accueillies en libérateurs, mais en envahisseurs coloniaux. Ils devront affronter d'interminables combats urbains.
Vers la partition de la Libye
Les Libyens s'interrogent sur les mobiles exacts de l'Otan. Je suis surpris de constater que c'est souvent en lisant les articles du Réseau Voltaire, traduits et repris par de nombreux sites Internet et certains journaux imprimés, qu'ils ont été informés des vrais enjeux. Il y a ici, comme partout d'ailleurs, un déficit d'information sur les relations internationales. Les gens connaissent et s'enorgueillissent des initiatives et des réalisations du gouvernement pour l'Unité africaine ou pour le Développement du Tiers-monde, mais ils ignorent bien des aspects de la politique internationale et sous-estiment la capacité de destruction de l'Empire. La guerre semble toujours lointaine jusqu'à ce que le prédateur ne vous choisisse comme proie. Quel est donc ce succès que l'Otan annonce imminent? Pour le moment, le pays est coupé en deux. La Cyrénaïque a été proclamée République indépendante, bien qu'on s'y prépare à restaurer la monarchie, et a été reconnue par plusieurs Etats, à commencer par la France. Cette nouvelle entité est gouvernée de facto par l'Otan, mais officiellement par un mystérieux Conseil national de transition, jamais élu, et dont les membres -s'ils existent- sont secrets pour ne pas avoir à répondre de leurs actes. Une partie des avoirs libyens a été gelée et est aujourd'hui gérée pour leur plus grand profit par les gouvernements occidentaux. Une partie de la production pétrolière est commercialisée à des conditions défiant toute concurrence aux compagnies occidentales qui se goinfrent. C'est peut-être cela le succès: le pillage colonial. En lançant des mandats d'arrêts internationaux contre Mouamar El Gueddafi, son fils et le chef des services de renseignement intérieur, la Cour pénale internationale cherche à exercer une pression sur les diplomates libyens pour les contraindre à démissionner. Chacun est menacé, en cas de chute de la Jamahiriya, d'être poursuivi pour «complicité de crime contre l'humanité». Ceux qui démissionnent laisseront une place vacante derrière eux, sans possibilité d'être remplacés. Les mandats d'arrêts ressortent donc d'une politique d'isolement du pays. La Cour fait aussi de la communication de guerre. Elle qualifie Seif El-Islam de «Premier ministre de facto», ce qu'il n'est sûrement pas, mais qui donne l'impression d'un régime familial. On retrouve là le principe d'inversion des valeurs typique de la propagande US. Alors que les insurgés de Benghazi brandissent le drapeau de la monarchie Senoussi et que le prétendant au trône s'impatiente à Londres, c'est la démocratie participative qui est présentée en régime dynastique. À l'issue de ces cent premiers jours de conflit, les communiqués de l'Otan masquent mal la déception. Les Libyens ne se sont pas soulevés contre le «régime», hormis en Cyrénaïque. Aucune solution militaire n'est en vue. Le seul moyen pour l'Alliance atlantique de sortir la tête haute à moindre frais est de se contenter de la partition du pays. Benghazi deviendrait alors l'équivalent de Camp Bondsteel, la méga-base militaire US en Europe, ayant accédé au statut d'Etat indépendant sous le nom de Kosovo. La Cyrénaïque serait la base qui manquait à l'Africom pour contrôler le continent noir.
(*) (In Réseau Voltaire du 27 juin 2011)
Les titres et inter-titres sont de la rédaction


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