Le ministre refuse de tomber dans la politique de l'autosatisfaction Le ministre des Ressources en eau a repris son bâton de pèlerin, s'arrêtant à Mascara où il a fait un état des lieux. L'heure de la rentrée a sonné pour le ministre des Ressources en eau Abdelmalek Sellal. En effet, celui-ci a repris, mardi dernier, ses traditionnelles visites d'inspection et de lancement de grands projets hydrauliques. Pour «la reprise», M. Sellal ne pouvait choisir mieux que la wilaya de Mascara. Une région qui, comme il n'a cessé de le répéter, est connue pour être une région agricole très prospère. C'est dire l'importance de Mascara dans la sécurité alimentaire du pays. Dans ce contexte a eu lieu la reprise des visites du secteur des ressources en eau dont l'objectif demeure d'assurer la complémentarité avec les autres secteurs. Cependant, avant de revenir sur la visite à Mascara, le ministre des Ressources en eau a tenu à faire le bilan d'un été marqué par un mois de Ramadhan des plus chauds. Perfectionniste dans l'âme, le ministre refuse de tomber dans la politique de l'autosatisfaction, bannissant de son langage même le mot «satisfaisant». Il juge ainsi son bilan de «correct». Pour ce qui est de la disponibilité de l'eau, M.Sellal réitère sa déclaration du début de l'été où il avait clairement affirmé que les réserves hydriques du pays lui permettront d'être à l'abri de tout stress hydrique pour les trois prochaines années. «Comme je vous l'avais précédemment dit, nous n'avons et nous n'aurons aucun problème en ce qui concerne la disponibilité des réserves hydriques», a insisté le ministre. Cette certitude affichée par M.Sellal est la résultante du taux de remplissage des barrages qui, selon lui, est actuellement estimé «à 67%». Il faut rappeler que durant le mois de juillet dernier, ce taux de remplissage au niveau des 65 barrages du pays était de l'ordre de 70,68%, soit l'équivalent de 4,10 milliards de m3. En ce qui concerne la distribution de l'eau, le ministre estime qu'elle est «acceptable vu que dans les grandes agglomérations il n'y a presque pas eu de problèmes». Néanmoins, M.Sellal avoue que certaines régions ont connu quelques «légères» perturbations, dues selon lui, à des problèmes techniques principalement liés à des pannes de courant électrique. «Il faut savoir que lorsqu'il y a une coupure d'alimentation électrique il faut 12 heures pour remplir de nouveau les conduites et refaire fonctionner tout le système», a-t-il expliqué. Voilà donc que sans faire trop de bruit, le ministre a réussi à «étancher la soif» des Algériens dans un été des plus caniculaires. La Seaal gérera l'eau d'Alger et Tipasa pendant 5 ans Après le bilan de l'été, le ministre est revenu sur ses «exercices de vacances». M.Sellal n'est pas resté inactif pendant ce que l'on peut appeler une trêve estivale. En effet, le ministre a mené des négociations avec le groupe français «Suez Environnement» pour la prolongation du contrat de sa filiale qui s'occupe de la gestion et de l'assainissement des eaux de la capitale, à savoir la Seaal. Le contrat de cette entreprise expirait en effet dans le courant de ce mois de septembre. Aussi, le ministre a annoncé que le contrat avec la Société des eaux et de l'assainissement d'Alger (Seaal), a été prolongé pour 5 ans (jusqu'à 2016). Le montant du contrat est de 107 millions d'euros, donc inférieur au contrat expiré qui était de l'ordre de 113 millions d'euros. Ce contrat est accompagné de nouveaux objectifs, entre autres, le transfert des eaux à partir des grands points hydrauliques desservant la willaya d'Alger: les barrages de Kedara, Taksebt, Beni Amrane et les stations de dessalement d'eau de mer. M. Sellal a également souligné que l'accord, conclu en août entre son département et la société Seaal, met, notamment l'accent sur la nécessité d'améliorer les prestations en matière de distribution d'eau et d'assainissement. Le renouvellement et l'optimisation des moyens de distribution d'eau potable, la modernisation des réseaux, l'entretien, la maintenance et la formation des cadres et travailleurs de l'entreprise, figurent aussi dans la mission assignée à Seaal par le cahier des charges élaboré en février dernier, a ajouté le ministre. Cette société, a-t-il insisté, est tenue d'assurer «une parfaite maîtrise de la gestion des systèmes de transfert de l'eau des barrages vers les réseaux, de traitement, de production d'eau potable et de développement de l'utilisation de l'eau dessalée». Mais ce qu'il faut retenir, c'est que la Seaal a aussi obtenu la gestion des eaux de la wilaya de Tipasa pour la même période. Ce point est inclus dans le même contrat. S'agissant du choix de Tipasa pour l'extension du champ d'intervention de la Seaal, M.Sellal a expliqué que cette wilaya, qui se situe dans le prolongement de la côte Ouest de la capitale, est dans la nécessité de moderniser la gestion de ses ressources en eau pour répondre aux besoins exprimés dans cette région à fort potentiel touristique. «Tipasa est une ville touristique que les Algériens fréquentent souvent pour passer leurs vacances. Pour redonner vie au circuit touristique et développer le tourisme de cette ville, il faut remettre à niveau le système de production et de distribution hydraulique de la ville», explique le ministre. «Il ne faut pas oublier qu'il y a beaucoup d'investissements touristiques qui sont en train d'être faits au niveau de la côte Ouest d'Alger. Il faut naturellement que ces investissements soient suivis par l'amélioration du circuit de distribution. C'est pour cela que nous avons privilégié Tipasa», a-t-il ajouté. Sellal confirme avec cette décision, ses objectifs de complémentarité avec les autres secteurs. Après l'agriculture, le voilà qui s'attaque au tourisme... Redynamiser l'agriculture de Mascara Pour ce qui est de la visite d'inspection et de travail à Mascara, le ministre des Ressources en eau s'est enquis, sur le terrain, de la situation des infrastructures hydrauliques et de l'état d'avancement des programmes et des projets relevant de son département ministériel. M. Sellal a ainsi indiqué que 70.000 m3 d'eau potable seront transférés quotidiennement vers la wilaya de Mascara à partir du couloir d'adduction du complexe hydraulique «MAO» (Mostaganem-Arzew-Oran). Cette opération vise à améliorer l'approvisionnement de la wilaya en eau potable et à libérer ses autres ressources afin de «les consacrer exclusivement aux besoins agricoles de la région», a-t-il indiqué. Un bureau d'études étranger spécialisé a entamé récemment, l'élaboration d'une étude technique aux fins de raccordement du «MAO» aux réseaux de distribution d'eau situés dans le nord de la wilaya de Mascara, dont ceux des daïras de Sig et Mohammadia, a assuré M.Sellal. La réception de cette étude est attendue avant la fin de l'année en cours, alors que la phase réalisation est programmée pour mars prochain, a souligné le ministre. «La wilaya de Mascara disposera à terme de toutes les ressources hydriques nécessaires pour le développement agricole, à l'instar de celles des barrages de Bouhanifia, Fergoug et Chorfa», a-t-il poursuivi. Dans ce cadre, M. Sellal a annoncé un projet de réalisation de grandes canalisations reliant les deux barrages de Bouhanifia et Fergoug, sur une distance d'environ 38,5 km comprenant des canalisations secondaires pour l'approvisionnement en eau des agriculteurs. Ce projet sera réalisé conformément aux techniques modernes, basées sur l'économie de l'eau, a souligné le ministre qui a, en outre, annoncé le projet de réalisation d'un nouveau barrage dans la région de Aïn Fekkan, d'une capacité de stockage de plus de 90 millions de m3, dans le cadre du plan quinquennal en cours. M. Sellal a inspecté plusieurs chantiers de projets relevant de son secteur dans différentes localités de la wilaya, dont Mohammadia où il s'est enquis d'un plan de consolidation de l'irrigation agricole et d'un projet de réalisation de canalisations liant les réseaux d'AEP aux infrastructures de stockage réalisées récemment. Le ministre a procédé, dans la même région, à la mise en service de deux réservoirs d'eau et d'une station de pompage estimés à environ 120 millions DA. Il a également inspecté une station de traitement d'eau potable à Sig, d'une capacité de 8000 m3/jour d'eau acheminée à partir du barrage Chorfa. D'autres infrastructures ont été inspectées par le ministre, telles celles implantées à Aïn Ferrah et Froha. Le ministre a achevé sa visite dans la wilaya de l'Emir Abd El Kader, avec un projet qui lui tient vraiment à coeur. Il s'agit du barrage de Oued Taht dans la commune de Aïn Ferrah, dans la daïra de Oued El Abtal. Une réalisation destinée à l'alimentation des différentes régions limitrophes aux communes de Aïn Ferrah et Oued El Abtal en AEP et à l'irrigation d'une superficie de 400 hectares de terres agricoles. Les travaux ont débuté au cours du mois de juin dernier. L'enveloppe financière destinée à l'exécution du futur barrage d'Oued Taht, d'une capacité de 7 millions de m3, est évaluée à 200 milliards de centimes pour un délai de réalisation de 20 mois. Les projets visités permettront non seulement «d'étancher la soif» de la région mais également de redynamiser l'agriculture, dont les retombées sont connues au plan national.
