Le président turc Abdullah Gül a réuni hier ses homologues du Pakistan et de l'Afghanistan, Asif Ali Zardari et Hamid Karzaï, pour tenter de réduire le profond manque de confiance et relancer une nouvelle période de coopération entre ces deux voisins. Ces deux pays s'accusent mutuellement de soutenir des éléments subversifs des deux côtés de leur frontière et l'assassinat de l'ancien président afghan et négociateur de paix, Burhanuddin Rabbani, a ajouté aux tensions. C'est la première fois que les présidents de l'Afghanistan et du Pakistan se rencontrent depuis l'assassinat le 20 septembre de cet ancien président afghan. Kaboul a accusé Islamabad de refuser de coopérer dans l'enquête sur cet assassinat qui, selon les autorités afghanes, a été planifié au Pakistan et perpétré par un kamikaze pakistanais. «L'environnement régional se détériore. Nous allons tenter d'aplanir les divergences et jouer un rôle de facilitateur pour remédier au manque de confiance», a commenté une source diplomatique turque. Ce sommet qui sera suivi aujourd'hui d'une conférence internationale sur l'Afghanistan à Istanbul, intervient alors que les attaques se multiplient contre les Occidentaux et les forces afghanes par les talibans, qui disposent de bases arrières au Pakistan. M. Gül a d'abord eu des tête-à-tête séparés avec ses homologues afghan et pakistanais dans un ancien palais ottoman sur le Bosphore, suivi d'entretiens à trois. Une conférence de presse était prévue dans l'après-midi. Les trois présidents doivent aussi évoquer leur lutte contre l'insurrection islamiste et leurs responsables signeront des accords consacrant leur engagement à coopérer dans le domaine de la sécurité, l'un civil l'autre militaire. Ces documents prévoient une coopération frontalière contre le terrorisme et une lutte contre les engins artisanaux, a-t-on souligné de source diplomatique turque. Ce rendez-vous est le sixième du genre depuis que la Turquie, membre de l'Otan, a mis en place en 2007 un mécanisme régulier de consultations afin d'encourager les deux pays à surmonter leurs divergences et à coopérer contre les extrémistes. Kaboul, comme les Etats-Unis, estime qu'Islamabad n'en fait pas assez contre les combattants taliban et d'Al Qaîda qui ont trouvé refuge dans les zones tribales pakistanaises et vont régulièrement mener des attaques contre les forces afghanes, américaines et de l'Otan en Afghanistan. Aujourd'hui, une vingtaine de pays et d'organisations, parmi lesquels tous les voisins de l'Afghanistan, sont invités à Istanbul pour une conférence ministérielle placée sous le thème «Sécurité et coopération au coeur de l'Asie», avant celle prévue en décembre à Bonn (Allemagne). Une source turque a précisé que tous les pays de la région ont le devoir d'oeuvrer pour une amélioration de la situation sécuritaire en Afghanistan. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a annulé sa venue à Istanbul au dernier moment, afin de rester au chevet de sa mère malade. Le président afghan devrait dévoiler à Istanbul la liste des districts et provinces afghans qui figureront dans la deuxième tranche du processus de transition, dans le cadre duquel la force de l'Otan (Isaf) transmet la responsabilité de la sécurité aux forces de sécurité afghanes. La première tranche de sept zones a été lancée en juillet. Le processus doit se terminer fin 2014, échéance à laquelle la coalition prévoit d'avoir retiré l'ensemble de ses troupes de combat.