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Tableau de campagne
Publié dans L'Expression le 10 - 11 - 2011

«La ville a une figure, la campagne a une âme.» J. de Lacretelle
Je n'avais pas toujours compris pourquoi la grand-mère mettait un point d'honneur à défendre son vieux chien. Il est vrai que sa nature généreuse et la modestie de son extraction lui faisaient toujours prendre parti pour le plus faible. «C'est avant tout des créatures de Dieu! Il ne leur manque que la parole!» Quand je pris de l'âge, je compris l'autre raison qui lui faisait aimer ce vieux chien qui lui témoignait un solide attachement: c'était tout ce que lui avait laissé son fils aîné qui était parti en France en 1946 et depuis ne donnait plus signe de vie: ni lettre ni mandat. Cette plaie au coeur, elle la cautérisait avec son indéfectible attachement pour un chien orphelin de son maître. Il y avait bien d'autres chiens au village, mais ils étaient invisibles: ils rôdaient à la périphérie et ne se manifestaient que de temps en temps. Dans le quartier où j'habitais avec ma mère et qu'on appelait «Thighilt», petit monticule pierreux où s'aggloméraient dans un apparent désordre des masures de toutes tailles et de différents bâtis, certaines étaient en dur, quelques-unes en torchis, d'autres en «tabia», j'avais été témoin à deux occasions d'un curieux phénomène. Tout au bout de «Thighilt», dans la propriété des derniers descendants de la famille qui jadis régnait sur la région, il y avait un petit terrain vague qui donnait directement sur la mosquée. Les femmes de la famille maraboutique déchue y venaient décharger leurs ordures ménagères puisqu'elles ne devaient en aucun cas montrer leur visage à un homme du village. Un matin d'automne, en ouvrant la porte extérieure de notre maison, je fus surpris de voir un interminable défilé de chiens qui descendaient le monticule, l'un derrière l'autre et en silence. Ils se suivaient le museau contre terre. Ma mère trouva tout de suite une explication religieuse: l'esprit du marabout attirait ces pauvres bêtes dans un dessein bien inconnu de nous autres pauvres mortels. Et cela se passait deux fois par an. C'était un signe du caractère sacré du lieu où l'on vivait. Ma grand-mère était bien loin de toutes ces superstitions: elle avait un esprit pratique et le sens des relations sociales: assise sur son tabouret au bord du chemin, elle interpellait tous les passants. Son âge lui donnait cet avantage. Elle demandait des nouvelles des personnes qu'elle n'avait pas vues depuis longtemps et recevait indirectement des nouvelles de son «amjah» de fils qui s'était marié avec une Française qui commençait déjà à lui donner des enfants. Des petits-enfants qu'elle n'aura jamais la chance de serrer un jour dans ses bras. A cette idée, elle jetait toujours un regard attendri vers le vieux chien qui ne la quittait plus. En face d'elle vivaient deux personnages hauts en couleur: un vieux moustachu, fort en gueule, ennemi juré des écrivains d'amulettes, ces barbus qui fleurissent à chaque coin du village et qui vivent aux crochets d'une population crédule. Da Lhocine proclamait haut et fort son credo, répétant partout qu'il ne se souciait pas de l'endroit où il atterrirait après sa mort au point que les gens finirent par le désigner sous le nom peu rassurant de «Djahenama», (l'enfer). Il ne s'en portait pas plus mal et était fier de porter ce surnom, vu qu'il était un homme droit qui se moquait simplement de la bêtise des autres. A côté de lui vivait un grand gaillard aux cheveux gominés qui lui donnaient l'air d'un chanteur napolitain. C'était Mahmoud, alias Raymond, l'aîné des neveux de ma grand-mère. Un grave accident de voiture l'avait réduit à devenir photographe dans ce petit village où les gens ne vivaient pas dans le souvenir. Ayant étudié chez les protestants d'Alger, il s'était converti et partait chaque dimanche avec son violon célébrer la messe à la Mission. Il était respecté et ne mâchait pas ses mots.

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