L'Italie s'apprête à libérer quelque 3.500 prisonniers pour décongestionner ses prisons surpeuplées et améliorer les conditions désastreuses de détention, à la faveur d'un décret-loi portant réformes du système pénitentiaire, que la Chambre des députés italienne a approuvé jeudi, à une large majorité. Le premier ministre italien, Mario Monti, a demandé et obtenu un vote de confiance au Parlement pour ce décret appelé «Vider les prisons» qui devrait intervenir mardi prochain, et qui était vivement rejeté notamment, par le parti populiste la Ligue du nord et celui de l'Italie des valeurs (IDV) de l'ancien magistrat, Antonio Di Pietro. Ces deux partis se sont dit «contre la mise en liberté de criminels», reprochant au gouvernement de décider de leur «amnistie déguisée à travers un texte de loi ». Le gouvernement a prévu de favoriser le recours à l'assignation à domicile des détenus qui seront libérés pour atténuer les pressions qui pèsent sur les établissements pénitentiaires, assurant que les grands criminels détenus se sont pas concernés par ces mesures. En trois ans, le nombre de détenus dans les prisons italiennes a augmenté de 50%, selon les chiffres officiels. Selon de récentes statistiques officielles, les 206 prisons italiennes pouvant contenir quelque 45. 817 places accueillent plus de 67.000 détenus. L'Administration pénitentiaire italienne a dénombré au 30 septembre dernier, dans les prisons des 20 régions du pays, «67.428 détenus, 2.877 femmes et 24.401 étrangers et 873 individus en semi-liberté», relevant une surpopulation de 21.611 détenus, par rapport aux capacités d'accueil existantes. Le Parti radical italien, qui n'a pas également voté la confiance, a estimé l'assignation à domicile de 3.500 détenus, prévue par le texte, ne contribue pas à «dépeupler» les prisons où l'on comptait «une surpopulation de 22.000 détenus par rapport aux structures d'accueil, sans compter les 27.000 présumés innocents mis en détention provisoire qui attendaient leur procès». Selon trois ONG italiennes, au cours de l'année 2011, 186 détenus sont morts dans les prisons italiennes, dont 66 par suicide, à cause des mauvaises conditions de détentions dues à la surpopulation.