La crise mondiale de l'aéronautique n'a cessé de s'aggraver depuis les attentats américains du 11 septembre. Au-delà des suppressions massives d'emplois et des réductions drastiques des coûts, c'est le spectre de la faillite qui menace désormais plusieurs compagnies aériennes. La deuxième compagnie mondiale, l'américaine United Airlines a prévenu qu'elle serait en passe de mettre la clé sous le paillason si ses pertes continuaient de s'accumuler au rythme actuel. «Nous n'étions pas dans une bonne situation avant le 11 septembre», mais depuis, «nos coûts excèdent nos revenus quatre fois plus qu'avant», a expliqué James Goodwen. Cette hémorragie doit être arrêtée au plus vite sinon «United périra l'année prochaine», écrit le P-DG de cette compagnie dans une lettre envoyée à ces employés. La compagnie Swissair, placée le 5 octobre sous sursis concordataire, une étape précédant la faillite, pourrait être fixée demain sur sont sort, après l'ultimatum lancé par le gouvernement suisse aux entreprises de ce pays afin qu'elles contribuent financièrement au sauvetage de la compagnie. L'aggravation de la crise dans un secteur déjà mal en point avant les attentats de New York et de Washington, touche même ses piliers. La compagnie aérienne allemande, Lufthansa, considérée comme l'une des plus solides du secteur, a averti, vendredi, qu'elle pourrait supprimer jusqu'à 7000 mille postes. La compagnie qui emploie plus de 70.000 personnes, prévoit une chute des recettes de 350 à 500 millions d'euros au quatrième semestre si la demande continue de fléchir au même rythme. Par ailleurs, le groupe aérospatiale Boeing a annoncé jeudi une hausse de 7% de son bénéfice au 3e trimestre et il compte sur les commandes militaires pour compenser partiellement la chute de l'activité civile. Pour sa part le motoriste britannique Rolls-Royce prévoit aussi des suppressions d'emplois qui devraient être achevées en mars 2002 et qui concerneraient principalement la division aéronautique du groupe. Le motoriste a, en outre, revu à la baisse ses objectifs de résultats pour 2002. Les compagnies n'en finissent pas de payer l'augmentation des primes d'assurance et des coûts du renforcement de la sécurité, alors que leurs clients fuient, marqués par les images des avions-suicide, s'écrasant sur les tours new-yorkaises du Wold Trade Center. Les compagnies nationales n'échappent pas, elles aussi, aux conséquences de ce coup dur porté au secteur aéronautique, à leur tête Khalifa Airways et Air Algérie. Cette dernière s'est vue contrainte de reviser son bilan d'action global. Le renouvellement de la flotte en cours verrait son programme interrompu. L'avenir s'annonce moins sûr pour les petites compagnies, d'où la nécessité d'une intervention rapide des pouvoirs publics. Comme cela a été le cas aux Etats-Unis où les autorités ont débloqué des fonds pour venir en aide à leurs compagnies.