L'opération d'évacuation entre dans le cadre des instructions récemment données par le ministère de l'Intérieur. Dans le cadre de la lutte contre le commerce informel, les services de l'APC ont évacué pas moins de 12 étals de fruits et légumes d'El Menia et Boudraâ Salah. Deux quartiers populaires envahis depuis plusieurs années par ce phénomène qui n'a fait que dégrader l'aspect esthétique des deux cités déjà détériorées par un urbanisme choquant. L'opération d'évacuation qui a eu lieu en présence des services de la police de l'urbanisme et de la protection de l'environnement, entre dans le cadre des instructions récemment formulées par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales en coordination avec le ministère du Commerce. Ce n'est que le début, confient des sources qui soulignent que toutes les zones de Constantine et à l'instar des autres wilayas vont être touchées par ces opérations afin de mettre un terme à l'anarchie commerciale qui règne depuis des années et qui prend des proportions alarmantes. Le commerce informel qui cause des désagréments aux habitants et à l'environnement aussi s'arrange à laisser des tonnes d'ordures derrière lui. C'est ce qui a amené des dizaines de citoyens à se plaindre auprès des pouvoirs publics. Ainsi, pour revenir à cette première action de l'APC nos sources soutiennent que quatre équipes ont été mobilisées en la circonstance assistées par les agents de la police urbaine qui procéderont à débarrasser les lieux de la marchandise. Plusieurs quartiers où le phénomène est présent connaîtront la même action. L'APC de Constantine est pour ainsi dire décidée à aller jusqu'au bout pour éradiquer le commerce informel qui n'a que trop durer. Cependant, cela se produira t-il sans incidences? La dernière tentative d'identifier matériellement le commerce informel remonte à l'année dernière seulement, lorsque le ministre du Commerce avait initié une grande opération visant l'assainissement d'un secteur largement dominé par les «sans-papiers». Benbada avait supervisé lui-même le déroulement des assises régionales et nationales du commerce. Le gouvernement était, semble-t-il, décidé à tirer les conclusions des émeutes de l'hiver 2010. Qu'en est-il aujourd'hui? Les choses semblent aller timidement pour ne pas dire que rien n'a vraiment changé. Malgré toutes ces tentatives de stopper le commerce informel à défaut de le réduire, l'Etat est demeuré impuissant face aux barons du bazar. Ces derniers continuent de contrôler les trois quarts d'un marché en pleine expansion qui fait «tourner» des centaines de milliards de dinars échappant inéluctablement au fisc. Ayant jeté leur dévolu sur les quartiers populaires, ils ont réussi à amasser des fortunes dans des conditions très opaques et en s'adonnant à une activité parallèle souvent en contradiction avec les normes sanitaires et commerciales. Du vendeur de poissons poussant sa charrette sous un soleil de plomb au commerçant occasionnel qui vend du cacher périmé, il y a toute une chaîne qui fonctionne illégalement et en toute impunité. L'Algérie a été transformée en un immense souk où l'on vend des produits aux origines inconnues et douteuses, et un vaste dépotoir aux marchandises suspectes provenant d'Asie particulièrement. Pour endiguer ce véritable fléau, l'Etat doit agir très vite, mais pas uniquement au plan commercial. Car la question mérite une réponse qui soit en mesure d'en finir réellement avec le commerce informel.