Logiquement, la forte présence de points de contrôle devrait permettre des opérations efficaces, mais à Béjaïa, c'est apparemment l'inverse qui se produit. Dans la nuit de dimanche à lundi, les freins d'un camion de gros tonnage lâchent et percute violemment deux véhicules légers tuant sur le coup quatre parmi les passagers et blessant trois autres. Ce drame, qui s'est produit au tunnel de Kherrata, trouve sa raison d'être dans une défaillance mécanique, que l'enquête, ouverte à l'occasion, déterminera dans toute son exactitude. Cet accident arrive, cependant, à point nommé pour montrer toute l'inefficacité des contrôles techniques, instaurés ces dernières années pour justement freiner l'hécatombe routière. Si on prend en compte la triste place qu'occupe la wilaya de Béjaïa dans le classement national en matière d'accidents de la route, et par voie de conséquence le nombre effarant de victimes qui en résulte, on serait tentés de croire à l'inexistence des structures de contrôle, ou à leur nombre très réduit sur le territoire national. Or, la situation est tout autre. Non seulement ces sites de contrôles existent dans pratiquement tous les grands centres urbains de la wilaya, mais ils sont tellement nombreux que cela s'est traduit par des pratiques de malversations dénoncées par les opérateurs eux-mêmes. Depuis son entrée en vigueur le 1er janvier 2003, le contrôle technique s'est plus ou moins acquitté de sa tâche malgré un début difficile. A Béjaïa, on est passé d'un seul site en 2003 à 12 unités en 2012. Beaucoup trop, estiment les professionnels du secteur qui parlent aujourd'hui d' «anarchie totale». Plus de 12 sites de contrôle technique activent à Béjaïa. Un chiffre trop important par rapport au parc automobile. Ce qui donne lieu à une concurrence déloyale. Laquelle concurrence se traduit par des contrôles complaisants et par ricochet provoquent des accidents mortels sur les routes. En d'autres termes, pour rentabiliser son site, un patron met la pression sur les contrôleurs qu'il emploie pour effectuer des contrôles peu sévères. Il leur demande tout simplement de fermer les yeux sur certaines défaillances sous peine d'être licenciés. Cette pratique est favorisée par le peu de suivi des contrôleurs de la part de l'établissement national de contrôle technique automobile (Enacta). Livrés à eux-mêmes, les contrôleurs automobiles agréés par l'Enacta cèdent facilement aussi bien aux gains faciles qu'aux pressions de leurs employeurs. L'objectif d'assurer une meilleure sécurité routière ne pouvait donc pas être atteint. La route continuera à tuer encore plus chaque année même si le contrôle technique n'est pas seul responsable de ces sinistres, mais la qualité de ses prestations et la nature des contrôles effectués, ne sont pas de nature consciencieuse et stricte. Les opérateurs eux-mêmes le reconnaisse. Le doigt accusateur est pointé en direction de l'Enacta dans la délivrance d'agrément pour la création de centre de contrôle technique de véhicules. Le fléau de la complaisance pratiqué est le fruit amer d'une densité de ces centres de contrôle sur des espaces réduits d'où une concurrence déloyale. On ferme les yeux sur les insuffisances constatées sur des véhicules et les conducteurs malsains en profitent pour obtenir des PV, facilement assimilables à des autorisations de tuer.