La palice n'aurait pas dit mieux. Alors que l'Algérie attendait des excuses officielles, la France se dérobe encore et ne veut pas assumer totalement son lourd passé colonial. L'histoire est têtue. Elle finit toujours par rattraper ceux qui ont essayé de lui faire un pied de nez. La France est restée 132 ans en Algérie, pays qu'elle avait mis à feu et à sang pour tenter de réduire au silence son vaillant peuple et piller toutes ses richesses. Pour faire amende honorable et tenter de dédouaner leurs ancêtres des nombreux crimes qu'ils ont commis durant toute cette période, tous les présidents français vantent la mission glorieuse de la France et la qualifient même de mission pacifique et civilisatrice. En déclarant qu'il reconnaît avec lucidité les massacres du 17 octobre 1961, François Hollande a, certes, fait évoluer la position de la France, mais cette dernière hésite encore et refuse de présenter des excuses officielles à l'Algérie. Réagissant à la sortie du chef d'Etat français qui s'exprimait à l'occasion de la commémoration du 51e anniversaire de ce triste événement, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a salué, samedi, «les bonnes intentions manifestées par la France» qui, affirme-t-il, constituent une avancée et un tournant dans les relations entre la France et l'Algérie. Selon lui, «la visite qu'effectuera le mois de décembre prochain en Algérie François Hollande constituera un gage de la volonté de tourner définitivement cette page de l'histoire». Saluant, à leur tour, les déclarations du président français, d'anciens moudhahidine, membres de la Fédération FLN de France, considèrent que c'est, là, un premier pas en attendant des excuses officielles sur tous les crimes qui ont été commis par la France durant l'époque coloniale. Pour l'ancien moudjahid, Ahmed Aaradh, qui avait accordé, jeudi, une déclaration à l'APS, «la France a reconnu la répression sanglante du 17 octobre 1961, nous attendons maintenant qu'elle reconnaisse l'ensemble de ses crimes et présente des excuses officielles au peuple algérien». Interrogée à son tour, Louisa Ighil Ahriz a déclaré que «le président français n'avait d'autre choix que de reconnaître les crimes commis par son pays durant la colonisation et qu'il devait, après ceux du 17 octobre 1961, reconnaître tous les autres crimes qu'il avait commis pour soulager sa conscience». Pour cet autre responsable FLN de la Fédération de France, «les membres de la communauté de France ont grandement contribué à la guerre de Libération nationale et ont le mérite d'avoir contribué au Mouvement national par la création de nombreux partis politiques pour faire face aux autorités coloniales.» S'exprimant, lui aussi, sur les événements tragiques du 17 octobre, Mohamed Ghafir, qui était parmi les manifestants, a indiqué que «le couvre-feu qui avait été décidé par les autorités coloniales dans Paris et sa banlieue, à partir du 6 octobre 1961, a étouffé l'activité des militants de la fédération qui travaillaient le jour pour gagner leur vie et activaient la nuit pour le compte de la révolution». Mme Salima Baaziz a, quant à elle, souligné le rôle important joué par la femme émigrée durant la guerre de Libération nationale et sur sa participation aux manifestations qui ont suivi pour demander la libération de tous les Algériens emprisonnés le 17 octobre. Pour le recteur de la Mosquée de Paris, les déclarations de M.Hollande constituent «une prise de position courageuse et historiquement importante, car elle va dans le sens de la vocation humaniste, pacifique et respectueuse des droits humains imprescriptibles depuis la Révolution française». Et d'ajouter que ces événements ont «profondément marqué tous les témoins, musulmans ou non, de cette répression sanglante dont l'exacte évaluation reste inconnue à ce jour».