Alors qu'ils sont dépourvus de toute prérogative, les candidats s'obstinent à vendre du rêve aux citoyens. Du rêve mais aussi éphémère. Une fois la campagne électorale terminée, les heureux élus ne peuvent plus honorer leur engagement et c'est le début de la déception. Pour mieux voir, nous nous sommes rendus en Kabylie, dans une commune, de 14.000 habitants, soit 09 sièges à pourvoir. Les électeurs interrogés ont tous mis l'accent sur les pouvoirs exorbitants du chef de daïra. «Le maire ne peut absolument rien faire si ce n'est de s'enrichir et de faire les affaires de son cercle familiale ou amical», affirme un citoyen avant de poursuivre, «les élus n'ont aucun pouvoir». Pour un autre citoyen, «les entrepreneurs et fournisseurs clients permanents de la commune, les démunis, les personnes âgées sont toujours aux rendez-vous électoraux. Les autres boycotteront les urnes». Et revoilà la même musique, les mêmes paroles et avec les mêmes... rythmes. Alors que la deuxième semaine de la campagne électorale vient d'être entamée, les citoyens écoutent les mêmes discours truffés de promesses sans lendemains. A plus forte raison que les élus municipaux sont désormais dépourvus de toutes prérogatives. Sur l'ensemble du territoire national, toutes les formations politiques, en course pour cette échéance, s'emploient à apporter les dernières retouches, dans leurs plannings, à fixer leurs choix sur les meilleures démarches à entreprendre pour mener à bien leurs missions. Pourtant, dans tous les programmes des candidats à ces élections, les candidats promettent de distribuer des logements, de faire travailler les chômeurs pourvu que l'électeur vote pour eux. Or, ils n'ont plus ce privilège. Alors qu'ils sont dépourvus de toute prérogative, les candidats s'obstinent à vendre du rêve aux citoyens. Les leaders de partis politiques se mettent de la partie. Il y va de leur existence et ont recours à des discours de pure démagogie. Le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, a affirmé la semaine dernière que les prochaines élections locales constituent «un important tournant pour le développement et la stabilité du pays». Pour sa part, le secrétaire général du parti du FLN Abdelaziz Belkhadem, a affirmé que son parti ne croit pas à une rupture entre les générations, mais plaide pour une complémentarité des forces. De son côté, le président de Jil Jadid (JJ), Djilali Sofiane a appelé les jeunes à aller voter massivement le jour du scrutin, afin de choisir les élus qui prendront en charge leurs préoccupations. Le président du FNA, Moussa Touati, a appelé les citoyens à aller massivement aux urnes le 29 novembre prochain afin de «signifier leur désir». Plus osé encore, «La participation du FFS aux prochaines élections locales (APC-APW) obéit à un «choix tactique, visant à occuper toutes les tribunes qui lui sont offertes pour favoriser la transition pacifique vers la IIe République», voilà ce qu'a indiqué Ali Lasksri, jeudi à Béjaïa. Tous ces partis ont déjà participé et géré des communes, et tous ont déjà promis les même choses lors des précédentes élections. La réalité est criante aujourd'hui, les communes régressent à une vitesse vertigineuse et aucun de ces partis n'a rendu des comptes aux citoyens. Laissons donc parler les candidats, le temps d'une campagne, qui nous rappellent que se battre pour une gestion transparente est une perspective digne et louable.