Les hostilités se sont soldées depuis quatre jours par 23 morts du côté palestinien et trois du côté israélien Depuis mercredi dernier, de nombreux Palestiniens ont été tués suite aux raids menés par l'aviation israélienne dans la bande de Ghaza. Certain de bénéficier, encore une fois, de l'impunité dont il jouit, l'Etat hébreu a mis en branle sa machine de guerre et récidive dans ses agressions contre la bande de Ghaza. La communauté internationale se contente de lancer des appels à l'apaisement auxquels Israël reste sourd. L'opération Pilier de défense déclenchée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, en pleine campagne électorale, depuis quatre jours avec l'assassinat à Ghaza d'Ahmad Jaabari, chef militaire du Hamas, s'est poursuivie hier. De son côté, le Hamas réplique par des tirs de roquettes qui ont atteint Tel-Aviv. Les hostilités se sont soldées depuis quatre jours par 23 morts du côté palestinien et trois du côté israélien. C'est dans ce contexte que l'armée israélienne a intensifié ses préparatifs pour une éventuelle opération terrestre dans la bande de Ghaza. L'offensive ferait suite à des jours de violents bombardements aériens sur le territoire palestinien. Selon les dirigeants israéliens, la première phase de l'opération Pilier de défense conduite par l'aviation, a visé quelque 500 sites, notamment des pas de tir de roquettes à longue portée comme celles lancées pour la première fois vers Tel-Aviv. Cette première phase serait terminée. Il est estimé que l'aviation a mené l'essentiel des missions et les Israéliens se félicitent d'avoir enregistré ce qu'ils qualifient de succès significatif. L'armée est désormais prête à élargir l'opération, a déclaré à la radio publique Moshé Yaalon, le ministre des Affaires stratégiques. Sur le terrain, des témoins ont fait état des transports de troupes blindées et des bulldozers qui se massent près de la barrière à la frontière entre Israël et la bande de Ghaza, où sont stationnés des chars. 16.000 réservistes rappelés Les télévisions israéliennes ont diffusé, avec le feu vert de la censure militaire, des images de camions transportant des chars ainsi que des unités d'infanterie se dirigeant vers Ghaza. L'armée israélienne a aussi commencé hier à mobiliser 16.000 réservistes. «Le processus est en cours, l'armée distribue des convocations pour 16.000 soldats réservistes», a précisé une porte-parole de l'armée. Jeudi, le ministre de la Défense Ehud Barak avait approuvé le rappel d'un contingent pouvant aller jusqu'à 30.000 réservistes, susceptibles d'être mobilisés à tout moment. Il avait souligné que les tirs sans précédent vers la région de Tel-Aviv constituaient une nouvelle étape dans «l'escalade» et que le camp palestinien «devrait en payer le prix». Analystes et journalistes israéliens poussent à un durcissement de la position, de leur gouvernement. «Israël a désormais besoin d'un succès pour compenser l'impact de l'attaque contre Tel-Aviv», analyse Yoav Limor, spécialiste militaire du quotidien pro-gouvernemental Israel Hayom. Selon l'analyste de défense Amir Rapoport, l'opération terrestre sur laquelle a planché l'état-major devrait être «de courte durée et meurtrière». Elle ne durera pas trois semaines comme cela a été le cas en 2008-2009, pronostique-t-il. La deuxième arme des dirigeants israéliens est la reprise systématique des éliminations de chefs du Hamas. Le vice-Premier ministre Sylvan Shalom, n'a pas exclu à la radio militaire que ce type d'assassinat puisse viser des dirigeants politiques, y compris le chef du gouvernement du Hamas à Ghaza, Ismaïl Haniyeh. «Tous les responsables du Hamas impliqués dans les tirs contre la population israélienne sont susceptibles d'être attaqués dès qu'ils mettront la tête hors de leur cachette», a-t-il menacé. Interrogé sur une possible sortie de crise, Moshé Yaalon a estimé qu'une accalmie ne pourra intervenir que si «le Hamas s'engage sur un cessez-le-feu à long terme». Mais le Hamas ne tient pas compte de ces menaces. Plus de 280 roquettes ont été tirées de Ghaza sur Israël, faisant trois morts, dont 131 ont été interceptées par le système anti-missile Iron dome. Hier dès l'aube, l'aviation israélienne a mené de très nombreux raids sur la bande de Ghaza, dont plusieurs ont frappé la ville, selon des sources au sein des services de sécurité du Hamas. Depuis jeudi, il y a eu 130 frappes, a indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur du Hamas, Islam Chahwane, mentionnant des dizaines de frappes sur Ghaza hier matin. Le Hamas ne respecte pas la visite du Premier ministre égyptien à Ghaza et «viole le cessez-le-feu temporaire qu'Israël avait convenu d'observer lors de cette visite», avait indiqué Ofer Gendelman, un porte-parole du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Une source de sécurité palestinienne a indiqué de son côté que «les avions des forces d'occupation ont bombardé un groupe d'habitants dans la zone de Nazila» dans le nord de la bande de Ghaza. Hier en début d'après-midi, un nouveau raid israélien contre Ghaza a fait un mort, portant à cinq le nombre de morts palestiniens vendredi. En Israël, une roquette s'est abîmée au large de Tel-Aviv comme la veille, provoquant un début de panique sur la plage qui longe la côte de la métropole israélienne. Elle a chuté à 200 m du front de mer où est située l'ambassade des Etats-Unis. Jamais un projectile de Ghaza n'était tombé aussi profondément en territoire israélien. Et c'est au chef du Hezbollah libanais de commenter les nouvelles. Tel-Aviv a peur La capacité des Palestiniens à tirer contre Israël des roquettes Fajr 5, de fabrication iranienne, représente «un développement significatif dans le conflit avec l'Etat hébreu», s'est félicité Hassan Nasrallah. Le tir des roquettes Fajr 5 sur Tel-Aviv «démontre la maturité, la sagesse et la force, ainsi que le courage de la résistance palestinienne dans la bande de Ghaza», a-t-il ajouté. Selon les médias israéliens, c'est la première fois que l'agglomération de Tel-Aviv est touchée par des projectiles depuis les missiles Scud tirés par l'Irak en 1991. L'armée israélienne a indiqué avoir attaqué, jeudi, pendant une heure environ 70 sites souterrains de lancement de roquettes. Le même jour, les frappes israéliennes ont fait onze morts et quelque 160 blessés palestiniens. Un tir de roquette avait tué trois Israéliens à Kiryat Malachi, à 30 kilomètres de la bande de Ghaza. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a assuré qu'il allait continuer à prendre toute action nécessaire pour contrer le lancement des roquettes. La réponse des Palestiniens est venue du chef du gouvernement du Hamas à Ghaza, Ismaïl Haniyeh. Il a écarté une nouvelle trêve, affirmant dans une allocution télévisée que «ni le peuple ni le Hamas ne pouvait gaspiller le sang de ses martyrs ou de ses dirigeants» et assurant que «le lâche ennemi paierait pour l'assassinat de Jaabari». «Parler de trêve est une nouvelle tentative de duperie de l'occupant», avait dit Sami Abou Zouhri, un porte-parole du mouvement Hamas.
