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Une journée au tribunal
Publié dans L'Expression le 05 - 01 - 2013

Le Dr Nadia L. sociologue est un justiciable qui a voulu témoigner de son passage dans une salle d'audience...
La deuxième page «Tribunaux» de 2013 coïncide avec la journée du 5 janvier: nous la consacrons au Dr Nadia L. sociologue de formation à la Sorbonne (Paris), écrivaine, lectrice assidue de notre canard. Elle a eu l'amabilité de participer à la longue vie de la «chronique judiciaire» en nous expédiant un texte intitulé Une journée au tribunal où elle a eu la lumineuse idée de nous faire le résumé de quatre dossiers qui ont été étudiés à la barre, sans préciser les noms de la cour, du tribunal ou mieux encore, les coordonnées du juge du siège, du procureur et du greffier. Et comme nous faisons confiance à nos fidèle lecteurs, nous vous proposons la chronique d'une journée au tibunal sans y avoir apporté le moindre changement, car la crédibilité du journal est engagée. Cette expérience peut faire des émules à condition que la déontologie soit de mise...
Follow-me: A neuf heures pile, tout le monde se lève pour honorer les magistrats, ce sont les délibérations des audiences précédentes qui ont la primeur et sont énoncées par le juge d'un ton empressé et monocorde, même pour les verdicts sévères comme il est de tradition. Puis vient le tour des détenus en fonction de la gravité du délit, les policiers se rassemblent autour de l'inculpé, car il faut avoir toujours à l'esprit qu'avant le jugement il y a toujours «la préemption d'innocence». Le juge lui demande s'il veut constituer un avocat, puis il l'interroge sur les faits qui lui sont reprochés, certains affirment et d'autres infirment et selon les sentences, on entend la protestation des familles et une fois hors du tribunal, on entend leurs cris. Certaines personnes hébétés, se tiennent la tête comme pour amortir le choc de la charge qu'ils viennent de recevoir. Ceux qui ont eu la chance d'avoir un avocat, sont plus ou moins bien défendus. Cependant, j'entends juste derrière moi une personne se lamenter comme suit: «La moitié de nos jeunes sont en prison!» Pour la circonstance, cinq affaires m'ont particulièrement marquées dont la mienne que je relaterai en fin de chronique...
La première est celle d'un vol de plusieurs voitures dans un parking où des clés lui auraient été confiées, l'avocat plaide l'irresponsabilité de l'inculpé, celui-ci, se faisant soigner depuis cinq ans dans un hôpital, après avoir absorbé de la drogue dure. Le procureur adjoint a fait remarquer que ce dernier jouissait, de toute évidence, de ses facultés car le jeune semblait serein et il se permettait même d'effectuer des clins d'oeil à quelqu'un dans l'assistance. C'est le dédoublement de la personnalité qui a été mis en avant, d'une façon magistrale, il faut bien le reconnaître, dans le but de convaincre qu'il n'était pas conscient de ses actes ce fameux jour.
La deuxième affaire est celle d'un conflit financier entre des associés. Ils ont eu la chance d'être questionnés à tour de rôle durant une heure complète, montre en main, au point où quelques impatients se sont exclamés «à ce rythme, on va en avoir pour la journée!»
La troisième affaire est celle d'un jeune qui conduisait une voiture, sous l'effet de l'alcool, aggravée par un délit de fuite. Il avoue avoir eu peur et sans doute qu'il ne devait pas ignorer, contrairement à beaucoup de jeunes, que «boire ou conduire», il faut vraiment choisir. Maintenant, il n'est plus question de dosage, car si le policier flaire une odeur d'alcool, c'est directement le mandat de dépôt lancé par le procureur.
La quatrième affaire, plus scabreuse encore, est celle d'un jeune qui a volé un véhicule à un randonneur des bois, d'un âge mûr et qui lui aurait fait des propositions sexuelles et pour preuve: il pointe du doigt le ventre de son harceleur où figurerait une cicatrice. Le juge n'a pas cru bon de faire des commentaires à ce sujet, car il aurait fallu vider la salle d'audiences...
Enfin, on arrive au cas de la deuxième diffamation d'un collègue à mon égard, bien qu'elle concerne le même journal et la même journaliste: l'une datait du 17 novembre 2009 et l'autre du 05 décembre 2009. La première atteinte, conformément aux principes déontologiques et qui régissent le droit, a été constatée au préalable par le juge d'instruction qui a confirmé la faute et ce, après avoir auditionné tous les concernés y compris la journaliste et le directeur du journal et réuni les preuves nécessaires, ce n'est qu'après ces conditions, qu'elle a été enrôlée auprès de la justice. Le procureur a même réclamé le maximum de peine pour mauvaise foi: 50.000 DA. Ensuite, après avoir été jugée aussi bien au tribunal qu'à la cour, l'inculpé à écopé d'une amende.
Pour ce qui est des professionnels de la presse, aucune charge n'a été retenue contre eux, car ils ont bénéficié de la nouvelle loi de l'information.
A l'audience, la parole a d'abord été donnée à l'inculpé. Il a commencé l'air détendu, par faire de longues présentations sur sa personne, il a été écouté et moi la victime, c'est à peine si j'ai pu placer un mot. Au point où je me suis demandée l'utilité de ma présence qui n'était pas obligatoire du reste, puis son avocat a laissé croire que c'était la même affaire. Devant l'objection de mon avocate, il change de registre et tente d'essuyer le couteau sur la journaliste, absente du reste en tant que témoin. Elle aurait utilisé le nom de ce professeur pour régler ce qui s'est avéré être des intérêts personnels et en passant, il écorche la crédibilité du journal par l'expression: «Celui-ci étant connu!». Mais ce qui a été prouvé, ne peut être défait.
A mon avocate, le juge lui demande d'emblée qu'elles étaient ses doléances, elle proteste et revendique le droit de présenter sa plaidoirie. Ce qui m'a choqué, n'est pas le fait d'avoir attendu toute une journée, sans avoir pu m'exprimer, mais de constater que tous les deux sont sortis un long moment, sans craindre d'être appelés entre-temps à la barre: tandis que nous, on n'osait pas quitter les lieux, les procès s'étant succédé sans qu'il n'y eu aucune interruption, même pas durant l'heure du déjeuner. Pourtant, il semblait craindre ce deuxième procès, en faisant intervenir l'administration et plusieurs amis proches, il est venu aussi me parler, mais rien n'y fit car un hadith du prophète, que le salut soit sur lui, mentionne: «Qu'un musulman qui tombe deux fois dans le même trou, n'est pas des nôtres!» Je lui avait pardonné déjà en 2008, lorsque j'étais directrice où ils avaient fait, lui et ses amis, une pétition mensongère adressée au ministère, à la presse, à la sécurité...dans le but de me destituer et pour avoir les coudées franches. Je me suis contentée de parler de la forme, en espérant que le fond n'en sera pas affecté. En la circonstance, je ne rentrerai pas dans le détail pointilleux des faits: je laisse à la justice le soin de traiter l'affaire en cours, avec la compétence qui lui est dévolue et dans le seul strict respect de la loi, afin de trancher avec équité, entre ce qui est juste et ce qui est injuste, et pour que la vérité ne soit pas tronquée contre l'impunité. Voilà, Nadia, c'est fait, nous venons d'immortaliser une journée au tribunal.


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