De «la bataille de Tiguentourine» livrée par les forces spéciales de l'ANP, s'est ouvert un très large champ d'exploration en communication et pas n'importe lequel. Celui de la communication de crise. Car au-delà de son aspect strictement sécuritaire, l'affaire de Tiguentourine a été une crise porteuse d'un message qui permet d'identifier et d'analyser nos défaillances en communication. Quand l'ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia avait déclaré dans les travées de l'Assemblée «nous communiquions mal», il n'a pas livré un scoop. Le problème c'est que les situations de crise vont se répéter. C'est parce que nous sommes dans un pays à très haut risque sismique, nous sommes menacés par les inondations, des effondrements, des accidents industriels sans compter d'autres crises politiques et sécuritaires qui peuvent survenir et dont on ne sera pas épargnés. uvrer pour une stratégie de riposte, préparer et ajuster des messages médiatiques, est plus qu'un devoir, un acte de salut à même d'épargner des vies humaines, préserver des infrastructures et des incompréhensions dangereuses. Une crise est à la fois un moment de troubles possibles et une option d'apprentissage et de réussite. Une autocritique de la gestion médiatique de l'attaque d'In Amenas s'impose même si c'est aux responsables de la sécurité de tirer les leçon de l'assaut - par ailleurs salué par la quasi-totalité des capitales étrangères. Aux autorités politiques et aux professionnels des médias d'en tirer les leçons quant au mode de communication en ces moments de crise. Des semaines après cet incident, nos confrères étrangers étaient très nombreux à nous reprocher des carences de communication dont la plus importante était d'avoir raté une opportunité inespérée de changer la vision qu'avaient les Occidentaux de l'Algérie, de mettre en valeur les valeurs de solidarité, et le côté héroïque des Algériens qui ont soutenu et assisté leurs collègues étrangers au moment de la prise des otages par les terroristes. «Il fallait insister et raconter aux lecteurs, les histoires et les expériences personnelles des travailleurs qui ont vécu la tragédie sur le site.» Une médiatisation très timide réservée à Mohamed Amine Lahmar, le jeune Algérien froidement assassiné par les terroristes au moment où il s'opposait à leur entrée dans le complexe gazier. C'est lui qui a actionné l'alarme signifiant à ses collègues de travail que le site subit une attaque terroriste. Que dire du ratage monumental des officiels algériens trop avares en paroles à l'égard de ce héros! Le chantier de la Com de crise est si grand et si vaste. On sait maintenant que c'est sur ce champ qu'on est censé livrer, en des temps record, une guérilla aux ressorts essentiellement psychologiques. L'essentiel est ce qui est entendu et non ce qui est dit. L'important est ce qui est ressenti et non ce qui est vu. C'est ainsi que Jacques Pilhan, ce conseiller de l'ombre, à la fois de François Mitterrand et de Jacques Chirac, conçoit la vraie communication. Mais là, il s'agit de la Com politique, tout un autre monde...