Le ministre de la Communication, Mohamed Saïd, est fort en annonces mais est-il l'auteur réel de ses annonces? Après l'annonce du séminaire sur la communication institutionnelle, voilà qu'il annonce la nomination prochaine de correspondants de la télévision publique à l'étranger. Mais l'annonce qui a été faite par le ministre, c'est aussi le voeu du DG de l'Eptv, Tewik Khelladi, qui était correspondant de l'APS à Bruxelles et qui a dirigé le département de l'international à l'APS, la seule institution médiatique algérienne qui possède six bureaux à l'étranger. Combien de correspondants possède officiellement la télévision algérienne? Deux, selon les reportages envoyés quotidiennement au Journal télévisé. Afaf Belhouchet, correspondante permanente de l'Eptv à Paris travaillant surtout pour Canal Algérie et le correspondant permanent de l'Eptv à Gaza, Wissam Abou Zaïd. Ce dernier qui était étudiant en Algérie a pu décrocher à l'époque de HHC, une place de correspondant permanent de l'Entv dans les territoires palestiniens. Curieusement l'Eptv, ne possède aucun correspondant dans les capitales avoisinantes: Rabat, Nouakchott, Tunis, Tripoli ou même Le Caire ou Bamako. Cette situation n'est pas propre à aujourd'hui, les directeurs généraux précédents ont tenté d'installer des correspondants, mais cette situation avait créé des tensions notamment après la défection d'une journaliste algérienne à Bruxelles, Lila Haddad, qui avait été écartée de son poste après avoir mené campagne pour le candidat Benflis en 2004. Certains postes sont également la conséquence véreuse du copinage et du piston. C'est le cas de cette correspondante officielle de l'Entv à Madrid, qui n'a jamais envoyé de sujet (sauf lors de la visite du chef du gouvernement) et qui a été installée par son frère, un ancien directeur adjoint de l'Entv, qui travaille aujourd'hui pour Al Jazeera Sport. La Télévision algérienne a les moyens de récupérer les correspondants de la presse écrite et de la Radio algérienne installés déjà à l'étranger: Nacéra Benali à Rome, Arezki Mokrane à Bruxelles, Boudjemaâ Selimia à Londres. Ces correspondants qui bossaient pour la radio Chaîne III sont installés dans ces pays à titre privés. Leur logement et leurs frais quotidiens ne sont pas payés par la Radio. Ils ne sont payés que par cachet pour leurs sujets. Une situation qui a provoqué une véritable crise au sein de l'Enrs en 2010, quand celle-ci a décidé de suspendre ses conventions avec ses correspondants en Europe de la radio Chaîne III. A l'heure de l'information à grande vitesse, la Télévision comme la Radio ont besoin d'une réaction instantanée à l'actualité, par téléphone ou par le biai des nouvelles technologies. Aujourd'hui, pour faire face à la bataille médiatique qui l'attend, l'Algérie a besoin de se doter d'une armée de correspondants permanents qui scrutent l'horizon et qui imposent la vision du gouvernement algérien à l'étranger. Suite à ces absences de correspondants, l'Entv a suivi tous les événements qui se sont déroulés dans plusieurs pays durant ces trois dernières années de révolution arabe et de guerre contre le terrorisme dans le Sahel à travers Al Jazeera, France 24 ou BBC Arabic. Et pourtant l'Eptv possèdent les moyens audiovisuels de ces télévisions mais néglige parfois leur savoir-faire et leur manière de traiter l'info. Au moment où Al Jazerra possède 80 correspondants, France 24, trente correspondants et la BBC plus de 50 correspondants, l'Entv ne dispose que de deux envoyés permanents. Le ministre de la Communication, Mohamed Saïd avait fait cette annonce pour répondre à une question d'un député de l'Assemblée lors d'une séance plénière consacrée aux questions orales, il avait considéré que le manque de correspondants était une grande «lacune» pour la Télévision algérienne. Espérons que le message est bien arrivé! [email protected]
