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Un turbo-président qui résume la Chine en 37 heures
LA CHINE REÇOIT FRANÇOIS HOLLANDE
Publié dans L'Expression le 27 - 04 - 2013


Les affaires sont les affaires
«On raconte qu'à la fin des années 50, les Chinois étaient dans une misère noire. Ils étaient perfusés par le grand frère soviétique. A un énième appel de détresse pour de la nourriture, les Soviétiques leur opposèrent un ́ ́Niet: Serrez ceinture ́ ́. Les Chinois rappelèrent: ́ ́Envoyez- nous Ceinture! ́ ́.»
Cette anecdote, si elle était vraie, nous permet de mesurer le chemin immense et le saut prodigieux réalisé par le peuple chinois pour être à la seconde place, talonnant économiquement les Etats-Unis et étant le pourvoyeur de ce dernier pour environ 3000 milliards de dollars. C'est ce pays que François Hollande visite à la vitesse d'un turbo! Les médias français insistent sur le fait qu'il ne passe que 37 heures en Chine, sous-entendant par là que c'est suffisant pour ce pays.
François de Chevalerie pense que la France dilapide son capital de sympathie que lui vouait l'Empire du Milieu. Il écrit: «La France avait une avance sur les autres pays en termes de considération de la part de la Chine de Mao: le 27 janvier 1964, par la voie d'un bref communiqué, la France reconnaissait la République populaire de Chine. A la surprise générale, elle bousculait l'ordre établi, levant sine die l'ostracisme diplomatique dans lequel les puissances occidentales tenaient alors ce pays. Ce geste symbolique présageait un compagnonnage fraternel et inédit entre deux vieilles nations. (...) A partir de l'année 1997, la France, avec à sa tête le président Jacques Chirac, et la Chine, dont le dirigeant est Jiang Zemin, décident d'établir un partenariat dont la stratégie principale va dans l'axe majeur d'une amélioration des relations dans les domaines culturel, économique et diplomatique».(1)
L'auteur constate ensuite un enlisement, il en appelle à faire une autre lecture; celle d'un pacte culturel: «Longtemps privilégiées, les relations se sont doucement enlisées dans le convenu se muant en une amitié de raison au gré d'un agenda calé sous des contraintes économiques, des signatures de contrat, des souscriptions de dette. (...) Au lieu de s'enferrer dans une seule lecture économique et financière des enjeux du monde, mieux vaut jouer une autre partition, celle de l'établissement d'un pacte culturel, une arme bien plus efficace pour endiguer les malentendus, chasser les peurs, dessiner une perspective.» (1)
Arrogance ou méconnaissance?
Il est vrai, comme rapporté par le journal La Croix: «Angela Merkel ou Barack Obama réservent, eux, en général trois ou quatre jours à la deuxième puissance mondiale, désormais incontournable. Contrairement à la plupart des autres grands pays, les présidents français multiplient les séjours courts à l'étranger. Barack Obama avait, lui, par exemple, consacré quatre jours à sa première visite en 2009. Angela Merkel, pour sa part, peut se permettre de visiter le pays deux jours seulement vu la fréquence de ses séjours en Chine: six depuis son élection en 2005, dont deux rien qu'en 2012.»(2)
Dominique Moïsi parle, lui, d'arrogance d'un autre âge, peut-être celui de l'esprit de la mise à sac du Palais d'été chinois:«Il y a un vrai trait culturel propre à notre pays, relève Dominique Moïsi, conseiller spécial de l'Institut français des relations internationales (Ifri). C'est probablement relié à la 'grande nation'' qu'a pu être la France, qui suscite une forme d'arrogance et de superficialité.» La France a pourtant une bonne image en Chine. En 1964, la France du général de Gaulle était le premier pays occidental à établir des relations diplomatiques avec la Chine populaire, amenant les deux pays à nouer des coopérations sans équivalent dans de nombreux domaines. Trois décennies plus tard, l'arrivée du très sinophile Jacques Chirac avait relancé la relation franco-chinoise, menant à la signature d'un «partenariat global». Mais la France n'a pas qu'un passif positif. En 1860, une expédition franco-britannique met à sac le Palais d'été, l'un des symboles de l'Empire de Chine. «En se rendant seulement à Shanghaï et à Pékin, François Hollande se comporte comme n'importe quel touriste, explique Fabienne Clérot, chercheuse à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). Angela Merkel a noué de vrais liens avec les dirigeants chinois. Aujourd'hui, 5000 entreprises allemandes sont implantées en Chine, contre 1 200 entreprises françaises.» (2)
La Chine et le XXIe siècle
On pense avoir dit de la Chine, et chaque fois un fait nouveau nous commande de réactualiser notre perception de cet immense pays, c'est le cas de cet éditorial de Nathalie Nougayrède du Monde, qui tente de dessiner les concours du XXIe siècle et des enjeux mondiaux. Elle écrit: «La Chine a la particularité d'offrir depuis deux décennies le spectacle de transformations économiques d'une dimension et d'un rythme sans précédents dans l'histoire de l'humanité. Tout en s'en tenant, sur le plan politique, et avec une régularité de métronome, à un changement de casting à la tête de l'Etat et du parti tous les dix ans environ - pas plus. M.Hollande est à Pékin avec des préoccupations d'investissements et de commerce. Cela n'étonnera personne en ces temps où la quête des marchés et des capitaux chinois bat son plein. C'est à peine si la presse britannique, en l'occurrence le Financial Times, relève le «traitement tapis rouge» réservé par les dignitaires chinois au chef d'Etat français, alors que David Cameron se trouve mis à l'index par ce même régime pour avoir osé, en 2012, réserver bon accueil au dalaï-lama.» (3)
Nathalie Nougayrède nous décrit ensuite l'ambition d'Obama de fédérer les Euroépens pour constituer un bloc capable de faire front à la Chine: «La Chine suit de très près les tourments des Européens, la fragilité de la monnaie unique et d'une Union au projet politique en panne. Elle suit tout aussi attentivement la façon dont pourrait se former un nouveau canevas transatlantique dédié au libre-échange. On veut parler, ici, du projet d'accord Etats-Unis - Union européenne sur la création d'un grand ensemble tarifaire et normatif, que le président Barack Obama a décidé de placer parmi ses priorités internationales sitôt réélu. Un projet annoncé lors de son discours sur l'état de l'Union, en février, et qui mériterait plus de débat public en Europe.. Ce grand ensemble de libre-échange regrouperait 50% du PIB mondial, aiderait la croissance, et consoliderait Américains et Européens face au grand défi chinois du XXIe siècle. La logique est la suivante: si l'ensemble transatlantique ne s'organise pas mieux, la Chine ne finira-t-elle pas, un jour, par imposer ses normes en arguant de son poids de deuxième économie mondiale?
M.Hollande, qui avance à pas de loup sur ce terrain comme sur d'autres, n'a pas placé la France en force motrice de ce projet. Sans, non plus, chercher à s'en démarquer ostensiblement.» (3)
Parlons affaire
On le voit, les préoccupations de l'Occident sont ambivalentes; d'un côté, on veut réduire l'influence et le développement de l'Afrique, en les combattant même en Afrique, de l'autre, on se bouscule au portillon pour faire des affaires avec la Chine. Nous lisons dans L'Express: «Face à ses interlocuteurs chinois, le président français plaidera pour une réduction du déficit commercial abyssal qui plombe le commerce extérieur français avec la Chine. Celui-ci s'est encore élevé l'an dernier à près de 26 milliards d'euros, soit 40% environ du déficit extérieur global accusé par l'économie française. Plusieurs accords institutionnels et quelques contrats pourraient être signés jeudi. De nouvelles commandes d'Airbus A320 et de long-courriers sont ainsi attendues.» (4)
Tous les motifs de friction sont rabotés: «Les socialistes, en fait, ont changé de pied: durant la campagne présidentielle, ils se montraient encore exigeants, soucieux d'obtenir des Chinois une vraie réciprocité. Cette fois, il s'agira d'abord d'obtenir des parts du gigantesque marché. Quitte à mettre son mouchoir dans sa poche. «On met la priorité sur l'agroalimentaire, la santé, le numérique et le développement urbain, où les besoins des Chinois sont en phase avec l'offre des entreprises hexagonales», précise une source élyséenne. Les grands contrats (nucléaire, transports...) sont également dans la ligne de mire. Quant à Arnaud Montebourg, très critique sur le dumping chinois durant la campagne, il ne devrait tout simplement pas être du voyage...» (5)
Et les droits de l'homme? Et le Tibet?
Loin de tout cela! Les affaires sont les affaires! On parle de réaldiplomatie pour faire pâle analogie avec la realpolitik allemande. Nous lisons sous la plume des décrypteurs Alain Barluet et Nicolas Barotte de cette nouvelle vision -commerce et chômage obligent- de la façon de faire de l'Elysée: «À Pékin, où il sera jeudi, François Hollande ne montera pas au créneau sur les droits de l'homme, pas plus qu'il ne l'a fait à Moscou, fin février. Priorité à la relance du partenariat stratégique avec ces grands émergents, sous le chapeau de la diplomatie économique, la «mère de toutes les batailles» qui vise à réduire un déficit commercial proche de 70 milliards d'euros - dont 40% imputables à la Chine. «La dimension des droits de l'homme est partout dans la politique étrangère de la France», plaidait le président de la République au Kremlin, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue russe. (...) À l'Elysée, on précise cette doctrine en soulignant, à la veille du départ en Chine, qu'«il faut être lucide sur ce que l'on peut obtenir». Avec Hollande, «il n'y a pas de tabous, pas d'angles morts, mais contrairement à Sarkozy, il n'est pas abrasif», commente un diplomate. Discrétion, pragmatisme - et souci de ne pas faire de vagues: ainsi s'articule la politique des droits de l'homme de François Hollande, président virtuose en «realdiplomatie». (6)
Il est vrai qu'avec Nicolas Sarkozy, la relation, lit-on sur le journal Le Monde, fut pour le moins compliquée. Lors de sa première visite à Pékin, en novembre 2007, l'ancien président avait posé les jalons d'une diplomatie du donnant-donnant qui se voulait en rupture avec le soutien quasi inconditionnel affiché par Jacques Chirac à l'égard de Pékin.» (7)
On le voit: Les droits de l'homme, la protection des minorités sont des variables d'ajustement qui passent avant ou après, c'est selon la conjoncture. La France qui se pique d'être «la patrie des droits de l'homme» sera de plus en plus amenée à les mettre en sourdine, déficit commercial aidant.
Cependant, cela ne désarme pas une certaine presse dans son sacerdoce de diaboliser la Chine, oubliant sciemment de faire le ménage chez elle -dans les pays occidentaux- donneurs de leçons devant l'éternel.
Theophraste R. du journal alternatif Le Grandsoir écrit et remet les pendules à l'heure: «Dans son éditorial de Libération (24 avril) François Sergent affirme que«François Hollande visite aujourd'hui une prison immense: la Chine.» Or, le pays du monde qui compte le plus de prisonniers, en pourcentage et en nombre, est présidé par Obama. Imagine-t-on Sergent écrire un jour: «François Hollande visite aujourd'hui la plus grande prison du monde: les USA»? Hmm? Imagine-t-on? Sergent reproche à Hollande de ne pas bien défendre la liberté en Chine, en Russie, en Algérie. Curieusement, il oublie de citer une dictature théocratique où le roi dispose de 20 palais et son peuple de gourbis moyenâgeux: le Maroc, que notre président visita ces jours-ci en s'extasiant sur ses «pas décisifs vers la démocratie» et se disant honoré d'être reçu par le despote. C'est la règle des médias: vigilance sur la question des droits de l'homme dans les pays concurrents ou ennemis des USA et complaisance pour des dictatures «amies». (8)
On le voit, la diplomatie est une chose, les droits de l'homme ânonnés sur toutes les fréquences sont des armes brandies sans regarder souvent chez soi. Combien de condamnations des organisations des droits de l'homme (Amnesty International, Human Rights) sont méprisées par les pays occidentaux quand il s'agit de faire le ménage chez eux au lieu de donner des leçons aux autres. Assurément, le diplomate singapourien Kishore Mahbubani dans un essai magistral a eu raison d'écrire que les Occidentaux doivent sortir de leur morgue qui ne repose plus que sur du vent, le monde a changé, le barycentre du monde s'est déplacé vers l'Asie.
Le voyage du président à la vitesse de l'éclair lui permettra peut-être d'avoir un sursis pour des fins de mois de plus en plus difficiles, mais il est patent qu'il s'éloigne définitivement de la politique gaullienne que même François Mitterand, son mentor en politique, n'osait pas trop perturber, ni même celle de Chirac qui avait une certaine indépendance vis-à-vis de l'empire américain. Rien de spécifique ne fera que les Chinois miseront -au-delà des contrats juteux qui semblent obnubiler les occidentaux- sur la France. C'est un client comme un autre. Les Chinois n'oublient pas ce qui s'est passé lors du saccage du Palais d'été au XIXe siècle ni même la fameuse guerre de l'opium que l'Angleterre et la France, les deux acolytes d'alors, ont infligé à la Chine. Ces mêmes puissances qui veulent maintenant être dans ses bons papiers...
1.http://www.chine-informations.com/actualite/france-chine-a-quand-le-prochain-souffle_53883.htmlle 23/04/2013 10:05
2.http://www.la-croix.com/Actualite/Monde /Les-voyages-presidentiels-courts-une-specialite-francaise-2013-04-25-952949
3.Natalie Nougayrède: http://www. lemonde.fr/idees/article/2013/04/25/le-xxie-siecle-se-joue-en-asie_3165965_3232.html
4.François Hollande se lance dans une opération séduction en Chine. L'Express, 25 04 2013
5. Benjamin Masse-Stamberger: Chine: Hollande en pays à conquérir L'Express 25/04/2013
6.Alain Barluet, Nicolas Barotte: http://www.lefigaro.fr/mon-figaro/2013/04/23/10001-20130423ARTFIG00582-la-realdiplomatie-de-hollande.php
7. François Bougon et Thomas Wieder http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2013/04/24/francois-hollande-en-chine-les-premiers-pas_3165332_3216.html
8.http://www.legrandsoir.info/la-chine-s-eveille-sartre-dort-liberation-est-mort.html


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