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La colère du jour et la quiétude nocturne
UN JOUR DE RAMADHAN À BEJAIA
Publié dans L'Expression le 29 - 07 - 2013


Après le ftour, c'est la ruée vers l'extérieur
Le mois de Ramadhan chamboule tellement les habitudes des uns et des autres qu'il se présente comme l'exception de l'année, qui met à nu nos défauts qu'on exhibe avec fierté.
Le Ramadhan tire à sa fin. Depuis près de 20 jours, les nouvelles habitudes étaient à l'honneur. En ville ou à la campagne, le rythme a ralenti considérablement. Les villes et les villages se réveillent tard. Les matinées à Béjaïa ont changé. La métamorphose était visible partout. Très peu de magasins ouverts. Les cafés? N ́en parlons pas! Les gens étaient nombreux à manifester des signes d ́énervement.
La caféine a beaucoup manqué; la cigarette aussi. Un cocktail explosif chez de nombreux matinaux. Hier encore c'était la ritournelle. Le rythme se maintenait. Après le ftour, la circulation automobile se fait moins dense. C ́est peut-être l ́unique côté positif pour les matinaux. Les marchés de la ville sont les seuls à connaître l ́animation le matin, autrement on se croirait dans une ville morte. Dans les marchés, on achète. On consomme avec les yeux. Si la plupart des consommateurs déambulent et donnent l ́impression de flâner plus que de faire les courses, il en est d ́autres qui cherchent n ́importe quel prétexte pour se disputer.
Et ne soyez surtout pas surpris par les escarmouches verbales. Entre les automobilistes, les piétons, dans les boutiques, les administrations et même dans les rues, on n ́échappe pas facilement aux premiers effets de la soif avant que ceux de la faim n ́arrivent pour compliquer davantage la situation relationnelle des gens. La colère prend facilement. Ainsi, à la poste Liberté, un homme se présente avec un avis d ́arrivée. La préposée au guichet ne trouve pas la lettre. L'incompréhension s ́installe et c ́est la prise de bec.
Le Ramadhan est prétexte à tous les esclandres
Des échanges vifs, parfois durs, méchants et surtout souvent gratuits, éclatent donnant lieu des spectacles que certains dans leur tentative de calmer les esprits, aggravent. Au carrefour des Quatre Chemins, deux automobilistes se sont oubliés. Le choc a été évité de justesse entre les deux véhicules mais pas entre les chauffeurs qui, un peu plus loin, décident d ́en découdre. «Arrêtez-vous! Vous avez jeûné», dit une troisième personne pour calmer les deux protagonistes.
L'Algérien passe son temps à dépenser. Au fil du temps, la ville s ́anime. La circulation automobile s ́amplifie. C ́est l ́heure des courses. Les jeûneurs passent leur temps à faire les chaînes.
Des chaînes partout. Devant le boucher, l ́épicier, le limonadier, etc., il y a toujours du monde. On fait la chaîne pour acheter le pain, le pain brioché, la zlabia, le kalbelouz, la limonade, les fines herbes...le moindre attroupement attire l ́attention. Et ainsi de suite, jusqu ́à ce que les sachets s ́emplissent de tant de choses achetées à tort et à travers parfois sans même s ́en rendre compte. On crie à la flambée des prix mais au vu des couffins qui s ́emplissent on est tenté de croire que tout va pour le mieux. Saïd sort d ́une boucherie. Il avoue avoir laissé une fortune et reconnaît que cela ne lui arrive que pendant le mois de Ramadhan. Pourquoi? Il n ́en sait rien. C ́est l ́Algérien type qui passe son temps à dépenser. La contradiction est flagrante. D ́un côté, on dénonce la flambée des prix des produits alimentaires, de l ́autre, on s ́offre des aliments superflus. On crie à l ́arnaque pour un kilo de salade à 60 dinars, on fait la chaîne pour une zlabia à 250 dinars le kg. Allez comprendre quelque chose! Certaines habitudes ont la peau dure. Cela ne peut pas être autrement. «Je sais que j ́en fais un peu trop mais que voulez-vous, le Ramadhan a ça de particulier, c ́est le mois des gourmandises», avoue cette ménagère, dont le fardeau alimentaire n ́a de valeur que celle d ́expliquer l ́état d ́esprit des jeûneurs algériens. L ́on comprend mieux pourquoi, en pareille période, des commerces poussent comme des champignons.
Sempiternelles parties de dominos et de loto
C ́est le mois des affaires. Chose que confirme Farid, lui qui prend toujours son congé annuel durant le Ramadhan pour ouvrir sa boutique de gourmandises. «Chaque Ramadhan, je m ́installe ici pour vendre un peu de tout. J ́ai des fournisseurs qui me livrent et je revends pour m ́assurer une rentrée confortable», indiquait-il. Les commerces fleurissent à tour de bras. Pas besoin d ́autorisation. Le Ramadhan en est une.
Dans l ́esprit des gens, c ́est le mois du «tout-est-permis». On ne se soucie d ́aucune loi et encore moins d ́une autorité.
Les affaires battent leur plein en ce mois de «piété». C ́est au plus malin dans la quête de l ́enrichissement. Comment cela peut-il en être autrement lorsque les gens dépensent sans compter? Il en sera ainsi durant tout le mois. Trente jours de bonheur pour les uns et de ruine pour les autres. «Ce n ́est pas nouveau», rappelle un de nos interlocuteurs. Il ne faut donc pas s ́étonner et il ne faut surtout pas se poser trop de questions. Cela ne sert à rien. C ́est un peu le charme de ce mois même s ́il laisse des séquelles qui demanderont beaucoup de temps pour guérir.
Après le ftour, c'est la ruée vers lextérieur. Un fait patent dans nos traditions qui fait que pendant le Ramadhan et sitôt le f'tour expédié, les familles se dépêchent d'investir la rue, créant ainsi une ambiance dont la seule particularité est d'être inhabituelle dans nos villes, traditionnellement vides en pareil moment. La plupart des gens sortent un peu de leurs coquilles. L'affluence dans les lieux publics et de culte, cafés, cybers, mosquées, murs vides le jour mais qui récupèrent leurs sociétaires le soir, est le seul signe extérieur d'un chambardement dans la vie de nos cités. Morosité et ennui semblent être les mamelles qui alimentent la vie nocturne.
Les nuits longues sont rythmées invariablement par les sempiternelles parties de cartes, de dominos ou de loto. D'autres s'impatientent sur les lieux connus pour être souvent le théâtre de galas artistiques. D'autres encore, c'est indiscutablement les cybercafés, pour «le tchat», durant des heures. Ceci dit, on ne peut oublier ceux qui sont plus «corrects» en allant dans des mosquées pour les tharaouihs. Un Ramadhan chaud, autant pour le corps, l'esprit que la bourse.


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