A partir d'aujourd'hui et jusqu'au 14 mars, Oran rend hommage à son digne fils des tréteaux, l'amoureux de l'Algérie et des Algériens... Après l'hommage d'Alger rendu par l'établissement Arts et culture à Abdelkader Alloula, la fondation qui porte le même nom et le Théâtre d'Oran, organisent une série d'activités culturelles du 8 au 14 mars en commémoration de la disparition tragique de ce grand homme de Théâtre. «Qui dans toute l'Algérie ne connaît pas Abdelkader Alloula?», s'interroge Raja Alloula, sa veuve, et de souligner «ses textes qui ont enchanté des générations de spectateurs de tous les horizons, manoeuvres et intellectuels, riches et pauvres, vieillards et adolescents, sont toujours récités avec délectation aujourd'hui encore dans les cafés, dans les rues...Le théâtre de Abdelkader Alloula - par les résonnances profondes qu'il trouve dans son public - constitue sans aucun doute l'oeuvre-maîtresse dont a accouché, à son insu et par la vertu d'un scribe génie amoureux de son peuple et de son pays, l'Algérie». Ces journées commémoratives seront inaugurées aujourd'hui à 18 heures, par une exposition sur la vie et l'oeuvre de Alloula, une projection en VHS du documentaire Si Abdelkader et une présentation théâtrale à 20 heures de Nesin oua Salatin par le TRO. Plusieurs de ses pièces seront donnés notamment El Afssa par la troupe El Mouja de Mostaganem, Djelloul Lefhaïmi par les jeunes amis de Alloula, Ettefah par la troupe Lagoual, Lâalague par Masrah El Adjouad. Des films seront projetés à la salle de la cinémathèque d'Oran à 15 heures dont on peut citer Combien je vous aime de Azzedine Meddour, Hassan nia de Djamel Bendedouche Gorin et Djalti de Mohamed Ifticène. A la salle du Cridssh, des colloques seront animés notamment sur l'oeuvre et le parcours de Alloula. Le jeudi 11 mars à 20 heures se tiendra à la salle du cinéma Essaâda (Colisée), une soirée musicale animée par le groupe Les Alchimistes. Le vendredi 12 mars aura lieu un recueillement sur la tombe de Alloula dont le départ se fera à 10 heures, à partir du théâtre. «Combien d'entre nous qui charrions cette désespérance, cette mal vie, cette haine de soi qui nous conduisent si facilement à nous déchirer, à nous dévaloriser, sommes sortis de ses spectacles plus sereins, reconnaissants à l'homme qui a mis en lumière la plus belle part de nous-mêmes : qui nous a rendu ce puissant espoir en nous disant simplement qu'il nous aimait? En fait, s'il ne fallait retenir qu'un seul trait de caractère de Abdelkader, ce serait sans aucun doute, l'immense amour qu'il vouait à son peuple et cette secrète déchirure de le voir réduit à un état que son génie et sa générosité ne méritaient pas. Il aimait les Algériens, leur art inimitable d'habiller leur tragédie du voile léger de l'humour. Comme tant d'autres, il nous apparaît certainement que la balle qui l'a emporté ne doit pas, de surcroît, emporter son génie, sa générosité, son humanisme. La fidélité à sa mémoire nous impose de faire nôtres ses idéaux et de poursuivre son combat pour une Algérie libre, démocratique et sociale», explique Raja Alloula. Né le 8 juillet 1939 à El Ghazaouet, Abdelkader Alloula débute au lycée et fait du théâtre en amateur au sein de la troupe «Echabab» d'Oran. Dans ce cadre et jusqu'en 1960, il participa à plusieurs stages de formation et joua dans Moghrime Bel Mal de Mohamed Touati, Roujoue Essaâda, Khedma Chrifa et Khadr El Yadine de Mohamed Krachaï. En 1962, il réalisa avec la troupe du Théâtre oranais sa première mise en scène de la pièce théâtrale de Plaute El Asra adaptée par Mohamed Abid. En 1963, il est appelé à faire partie de la troupe naissante du Théâtre national algérien et ceci, au lendemain de sa nationalisation. Il joue dans de nombreuses pièces jusqu'en 1964 où il met en scène alors qu'il n'a que 27 ans, El Ghoula de Rouiched. En 1966, il dirige l'Ecole d'art dramatique de Bordj El Kiffan. Deux ans plus tard, Alloula quitte le TNA pour suivre les études théâtrales aux universités de Nancy et de la Sorbonne, la même année, il réintègre le Tnoa (Théâtre national de l'ouest algérien) en tant que metteur en scène. Un an après, il met en scène et joue sa première création théâtrale (Les sangsues). 1972, Alloula est nommé au TRO (théâtre régional d'Oran). En 1976, il accepte d'assumer la direction du TNA et en 1979, il est appelé à faire partie de la commission des théâtres. En 1980, il écrit et met en scène Lagoual. Cinq ans après, la pièce El Adjouad (Les généreux), donnée en avant-première le 4 juillet, se voit attribuer plusieurs prix au premier Festival national du théâtre professionnel. En 1989, Alloula écrit et met en scène El Litham. En 1992, tout en cogitant sur la création d'une nouvelle oeuvre, Le Géant, Alloula s'accorde une pause avec l'écriture la même année de la pièce Ettefah. Il retourne un an après à la comédie Dell Arte dans une traduction libre d'une pièce de Carlo Goldoni, Arlequin Valet de deux maîtres qu'il met en scène au TRO en 1993. En 1994, deux jours avant la fête de l'Aïd, le 10 mars 1994 à 21 h 30, Alloula tombe sous les balles assassines des terroristes à 50 mètres du domicile familial. Alloula était aussi acteur au cinéma. Il a joué notamment dans Les chiens d'El Hachemi Cherif (1969), Ettarfa du même réalisateur (1971), Tlemcen de Mohamed Bouamari, Djen Bourezk de Abdelkrim Baba Aïssa et Hassan Nia de Ghouti Bendedouche.