Les sympathisants de Bouteflika provoquent Benflis à Aïn Témouchent. Le candidat Benflis a fait, hier, à Tlemcen, une démonstration de sa force électorale dans le fief même de Bouteflika. Arrivé en début d'après-midi dans 1a capitale des Zianides en provenance d'Aïn Témouchent, première étape de sa ville à l'ouest du pays, Ali Benflis a littéralement conquis le coeur des Tlemcéniens. Après une brève halte dans sa permanence, Ali Benflis a rejoint à pied la maison de Culture, du nom d'Abdelkader Alloula. Accompagné d'une impressionnante marée humaine et aux sons de la derbouka, le candidat Benflis est passé à côté de la permanence de son rival Bouteflika sans jetter le moindre regard. Dans une salle archicomble, estimée à 1000 personnes et gagnée par une indescriptible cohue, chacun voulant serrer la main du candidat qu'Ali Benflis a fait son entrée sous des applaudissements effrénés et aux slogans lancés à tue-tête par les présents dans la salle «Benflis président ! Benflis président!» ou encore «Djoumhouria machi malakia». Un burnous présidentiel lui a été offert par un notable de la ville. Une minute de silence a été observée à la mémoire de l'assassinat du chef spirituel palestinien assassiné, cheikh Yacine, par l'armée israélienne. Après avoir rappelé aux présents les multiples visites qu'il a effectuées dans cette ville, le concurrent le plus sérieux de Bouteflika a promis d'édifier un «Etat national uni et unifié» qui s'imprégnera de la déclaration du 1er Novembre 54, c'est-à-dire une République démocratique et sociale. Précisant sa pensée, Benflis a indiqué que son projet est celui de l'unité nationale qui n'exclut personne. «J'ai ramené avec moi des sacs qui contiennent des semences qui fertiliseront ce pays et non pas des sacs d'argent distribués aux gens pour qu'ils me soutiennent», a-t-il lancé à une assistance surchauffée, et d'ajouter plus loin : «Ce sont des semences qui donnent de l'amour et non le mépris. Elles contiennent un médicament qui tue la fitna et la division.» Il évoquera «l'exclusion politique» de Taleb Ibrahimi, Ghozali et Moussa Touati, en s'attaquant directement à Bouteflika qui, selon l'orateur, a voulu «vider la scène politique» d'hommes intègres et honnêtes. «Celui qui veut réaliser la concorde nationale n'exclut pas des hommes politiques qui peuvent apporter des solutions à la crise actuelle», dira-t-il. Un peu plus loin, il donnera quelques aperçus de son programme électoral en insistant toujours sur les mesures phares, telles que la création d'une banque de micro-crédits destinés aux jeunes et le lancement de grands travaux qui peuvent générer des centaines de milliers d`emplois. Auparavant, le candidat Benflis est arrivé dans la capitale de l'Ouest en début de matinée et accompagné de Moussa Touati, président du FNA. Il a été accueilli par les responsables de son parti, dont Djellouli, l'ancien maire d'Oran destitué et nombre de militants du FLN qui lui ont fait une haie d'honneur à l'intérieur même de l'aéroport Es-Sénia. A Aïn Témouchent, dans la matinée, Ali Benflis a tenu un meeting à la salle de cinéma, croulant sous le poids de l'âge. Des voitures louées à l'occasion par les sympathisants de Bouteflika n`ont pas cessé de faire dans la provocation en criant des mots hostiles au candidat et à l'endroit même des journalistes. Le protocole du candidat Benflis a été agressé sauvagement par des jeunes qui ont aussitôt pris la fuite. A la fin du meeting, une petite manifestation anti-Benflis a été improvisée sous l'oeil bienveillant et amusé des agents de la sécurité en faction devant la salle. Répondant directement aux dernières déclarations de Bouteflika soutenant qu'il est le candidat de l'armée, Benflis a soutenu que l'armée algérienne a un autre rôle que celui de faire de la politique. «Elle ne se mêle pas de la politique. Elle se consacre désormais à la politique de professionnalisation pour devenir désormais une armée moderne et avancée sur le plan des technologies. Je ne peux pas venir à Aït Témouchent et parler en son nom. C'est ce qu'elle a décidé de faire. Personne ne peut parler en son nom. Elle a son porte-parole.» Aux gens venus l'écouter, il leur dira qu'il a toujours été proche du peuple, qu'il a aimé la liberté et a été contre la répression. Aux Témouchentois, il leur promettra d'encourager le tourisme dans leur région qui recèle un fort potentiel, de libérer les pesanteurs qui pèsent sur l'agriculture, et enfin de créer des petites et moyennes entreprises en direction des jeunes. Lc secteur de la pêche a été également évoqué par Benflis puisque cette région à fort potentiel halieutique peut devenir, selon le candidat, un pôle de développement par excellence. Des bateaux seront offerts par l'Etat qui veillera également à encourager les pêcheurs à s'auto-organiser en coopératives. Un troisième meeting devait se dérouler en fin d'après-midi à Sidi Bel Abbès.
