Cent trente et un chefs d'Etat et de gouvernement vont se succéder aujourd'hui et demain à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU à New York. 131 dirigeants internationaux vont parler, produire un message à la «Communauté des Nations». Tout cela relève en fait du cinéma quand ce n'est pas de l'affabulation dès lors que le monde et les médias ne retiendront que ce que dira Barack Obama, chef des puissants Etats-Unis. Sans doute que l'on tendra l'oreille à ce que diront les Russes, seuls capables de contredire les Américains. D'aucuns attendent également une aléatoire rencontre, en marge de l'AG de l'ONU, entre le président américain et son homologue iranien, Hassan Rohani. Cela permet de produire de la copie, d'autant plus que ce dernier constitue la curiosité de cette 68es Assemblée générale de l'ONU. La Syrie et, justement, le nucléaire iranien seront en «guest-star» - éclipsant d'autres crises et conflits dans le monde, singulièrement le dossier palestinien - dans une Assemblée générale de l'ONU, otage du diktat des puissants. L'AG de l'ONU n'est en fait qu'une vitrine, les décisions engageant la communauté internationale se prennent ailleurs en cercle restreint et...en l'absence des nations. C'est donc la Syrie et l'Iran qui feront l'essentiel des débats lors de ces 68es assisses de l'institution internationale. D'emblée il convient de relever que l'AG de l'ONU n'a aucun pouvoir, si ce n'est consultatif sur les problèmes qui agitent notre monde. Le vrai «pouvoir» se trouve au Conseil de sécurité de l'ONU cadenassé par le veto de ses cinq membres permanents et le premier d'entre eux, les Etats-Unis. Au cours des dernières décennies, Washington a faussé les rapports internationaux par l'usage excessif et répétitif qu'il a fait du veto pour assurer l'impunité à Israël. A quoi sert l'ONU, peut-on dès lors se demander? A maintenir la paix entre les hommes et les Nations, à en croire la Charte fondatrice de l'Organisation des Nations unies. C'est du moins ce qu'affirme le chapitre I (Buts et principes) de sa Charte dans son article premier, alinéa 1 qui stipule que l'objectif est de «maintenir la paix et la sécurité internationales et à cette fin prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d'écarter les menaces à la paix et de réprimer tout acte d'agression ou autre rupture de la paix, et réaliser, par des moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit international, l'ajustement ou le règlement de différends ou de situations, de caractère international, susceptibles de mener à une rupture de la paix...». C'est du moins la théorie. Dans la pratique, les choses se passent autrement, la recherche de la paix passant souvent au second plan des préoccupations égotistes des puissants. C'est le Conseil de sécurité, et de fait, ses membres les plus agissants - le trio occidental parmi les 5 permanents - qui décide(nt) de la paix et de la guerre, comme absoudre les uns et sanctionner les autres. Le Conseil de sécurité n'a jamais pu condamner les crimes d'Israël contre les Palestiniens du fait du veto systématique des Etats-Unis. Par contre, sous la houlette des mêmes Etats-Unis il sanctionna durement autant l'Iran que la Syrie, du seul fait que ces pays ne partagent pas la vision que Washington se fait de la paix et de la sécurité dans le monde. Ce n'est donc pas l'ONU (193 Etats) qui décide au nom de ses Etats membres, et dans l'intérêt de la paix dans le monde mais un trio actif (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France) qui impose son interprétation et sa lecture des événements. Dans l'affaire des armes chimiques syriennes, sans attendre que les faits soient établis, le «trio» était prêt à frapper la Syrie quitte à se passer de l'accord onusien alors que la Charte de l'ONU incitait fortement à chercher pour régler les problèmes par des moyens pacifiques. Or, les Etats-Unis, coutumiers du fait, ont déjà empiété sur les prérogatives de l'ONU et bafoué le droit international en 2003 lorsqu'ils décidèrent d'envahir l'Irak. L'ONU était impuissante à faire respecter le droit par cette superpuissance comme de condamner ses crimes de guerre et contre l'humanité commis contre le peuple irakien. Que se passe-t-il désormais? Au lieu de prêter «assistance» à l'ONU, les grandes puissances occidentales en on fait un auxiliaire dont le rôle serait de justifier, après coup, les interventions, souvent meurtrières, d'Etats plus soucieux de leurs intérêts que d'assurer la paix dans le monde. On imagine mal que ce soit cela l'équité internationale et le droit pour tous les peuples de vivre libres et égaux, quand les Israéliens sont protégés et peuvent posséder l'arme atomique sans être inquiétés, mais on sanctionne l'Iran pour le seul soupçon d'avoir l'intention d'acquérir ce même armement. L'AG de l'ONU? Une autre mascarade en perspective...