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"La présidentielle se joue à guichets fermés"
ALI BRAHIMI, PORTE-PAROLE DU MCLD, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 25 - 11 - 2013

Dans cette interview, Ali Brahimi, porte-parole du Mouvement citoyen pour les libertés et le développement (Mcld) estime que les conditions d'une élection présidentielle libre et transparente ne sont pas réunies. Il explique que l'échéance est en train de se jouer à l'intérieur du régime à guichets fermés et avec la complaisance, la complicité ou la résignation de l'opposition démocratique.
L'Expression: Le Mcld a exigé, dès sa première déclaration politique, l'ouverture de la prochaine élection présidentielle. Pensez-vous que les conditions sont aujourd'hui réunies pour une élection libre?
Ali Brahimi: Malheureusement non. Le régime a gagné du temps par toutes sortes de leurres et de manipulations. Il a usé de diversion y compris en se servant de ses propres turpitudes comme le feuilleton de la pseudo lutte contre la corruption, celui de la fin de l'Etat DRS... Même les handicaps imprévus comme la maladie du président n'ont pas échappé aux manips et contre-manips opérées autour d'elle. A cinq mois du scrutin, aucune garantie de transparence n'est au rendez-vous et il est trop tard pour ce faire. Tout récemment, une délégation parlementaire européenne a pu constater l'obscurité et les aléas qui enserrent le fichier électoral. L'administration, connue pour être le levier principal de la fraude électorale, a réitéré sa mainmise sur le processus. Quant à la justice, nous avons eu, en 2012 et tous les jours, à reconfirmer son alignement sur les tenants du pouvoir. Le dernier remaniement gouvernemental et la reprise en main du FLN et du RND ont parachevé la partialité de ce décor institutionnel. Les tenants du régime abordent l'élection à la hussarde, préférant le fait accompli au dialogue avec une opposition largement laminée ou intéressée. Même la qualification méritée de notre Equipe nationale à la Coupe du Monde intégrera le puzzle de la reconduction du statu quo. Certains font barrage à l'émergence de toute candidature menaçante, en claironnant celle du président sortant, lequel ne se présentera pas pour perdre comme tout le monde le sait. Est-ce vrai ou est-on en présence d'un écran de fumée qui vise à faire place nette devant le candidat du consensus des clans du régime ou celui du clan présidentiel? Nous le saurons dans quelques semaines.
Mais pourquoi les candidats ne soufflent mot sur cette situation?
Et c'est le plus cocasse! Le Mcld est le seul à dénoncer ce lourd contentieux. J'en suis choqué! A croire que c'est moi le candidat ou qu'il n'y a plus de partis d'opposition dans ce pays. D'aucuns se sont épuisés à réclamer la déposition de Bouteflika par l'armée ou par ses propres alliés du Conseil constitutionnel ou sa renonciation volontaire ou forcée à un quatrième mandat au lieu de mobiliser les militants et citoyens pour exiger des conditions de vote transparentes. D'autres poussent le culot jusqu'à faire accroire que la présidentielle n'est pas un enjeu politique central, aidant ainsi le pouvoir à refuser toute discussion sur les conditions de son déroulement. Certains appellent même à un «consensus national» avec le régime là où ils devraient parler de compromis, d'autres rien moins qu'à une «trêve politique»... Complicité? Epuisement? Tous les cas de figure sont là, sauf celui de candidatures et d'opposition véritablement assumées et de mots d'ordre mobilisateurs.
Vous avez aussi demandé de faire du prochain mandat présidentiel une transition vers un système politique démocratique en vue de construire un Etat civil moderne. Comment concevez-vous cette démarche?
Oui. Le Mcld accompagnait cet objectif d'une proposition de débat national sur le bilan du régime et d'un appel à une démarche patriotique unitaire qui rassemble les citoyens autour des fondements essentiels du projet de société républicain et démocratique et ce, avant toute candidature. La situation catastrophique du pays appelait et appelle toujours l'opposition qui se réclame du projet démocratique à se rassembler autour d'un contrat-programme minimal commun. Un tel rassemblement agira comme un déclic pour remobiliser les citoyens dans un rapport de force qui oblige le régime à négocier le compromis historique du changement. Au lieu de cela, on assiste parfois à des conciliabules clandestins sans contenu programmatique et sans doute tendus vers des intérêts de carrières personnelles. Dans un tel désert, le pouvoir se permet même le luxe de s'approprier le verbe et les intitulés du programme de l'opposition démocratique. On susurre aussi, ici et là, sur un deal clandestin entre le pouvoir et un clan de l'opposition dit démocratique. Peut-on faire confiance à une sortie clandestine du régime? Pour notre part, nous ne pouvons accorder crédit à la rumeur ni croire à une volonté de démocratisation là où le verrouillage continue à se resserrer. Nous préférons concevoir «notre» Etat civil comme le produit de la mobilisation citoyenne et non celui d'un octroi hypothétique.
Le pouvoir s'est toujours distingué par le refus de toute proposition de l'opposition. Faute de mobilisation, ce projet est-il concrétisable?
C'est de bonne guerre vous dirais-je, s'agissant du pouvoir. La politique est l'art de construire des rapports de force qui améliorent les compromis à consentir. Il n'existe pas de mobilisation militante ou citoyenne sans contenu politique concret, sans contrat avec les forces et les citoyens sollicités. En la matière, tout le monde a fait comme si l'élection présidentielle s'annonce dans les conditions les plus normales, légitimant ainsi son organisation et son contrôle par les appareils du régime connus pourtant pour leurs pratiques frauduleuses. Résignation à la loi du plus fort? Incapacité à mobiliser chez une classe politique profondément usée par l'effet du verrouillage institutionnel et désencadrée par le fonctionnement autocratique? Ou est-ce parce qu'on trouve son compte dans le système ou que l'on cautionne une reconduction du président sortant ou que l'on aide à cacher ce qui se mijote: une alternance interne au système?
Comment cela?
Ne le voyez-vous pas? Les candidats à la candidature préfèrent se suffire de l'annonce de leurs participations respectives sans s'attarder ou parfois souffler mot sur les enjeux essentiels de la conjoncture, ni s'encombrer d'engagements ou de positionnements politiques publics précis qui les obligent, ni, encore moins, envisager des alliances qui les identifient. Est-ce parce que personne ne veut s'exposer, dans l'espoir d'un soutien ou d'une mansuétude imminents ou ultérieurs de centres plus ou moins connus dans le système? Ne pas créer de remous au régime semble être la loi non écrite de ce scrutin. Quitte à faire semblant d'être contre un de ses clans, l'aider à gagner du temps, si nécessaire, relayer en cercle fermé, pour mieux les galvauder, les rares propositions émanant de vrais opposants. Est-ce parce que presque personne ne veut vraiment la fin du «système»? Ou est-ce parce qu'on refuse toute possibilité de rassemblement qui obligerait chacun à contenir ses prétentions personnelles? Comme à chaque fois, les ego de leaderships dispersent les forces du changement. Ou tout cela à la fois? Toujours est-il qu'on est loin de la démarche politique et militante. Ce sont des candidatures sans prise de risque. On a l'impression d'être en présence d'un show où la conquête du pouvoir est cherchée pour elle-même ou pire, la simple candidature est l'objectif ultime recherché.
À quelques mois seulement de l'élection présidentielle d'avril 2014, il n'y a que quelques candidats sans poids ni ancrage populaire qui se sont manifestés.
Cette situation est-elle normale et quelles en sont les raisons à votre avis?
Cette situation prévisible et logique est la conséquence de l'absence de garanties quant à la transparence du scrutin.
Le flou maintenu sur la représentation du chef de l'Etat à une quatrième mandature est le deuxième motif de la désertion des candidats porteurs de changement, chacun d'eux sachant que le président s'est garanti sa réélection ou celle de son propre dauphin ou du candidat consensuel des clans. Ne parlons pas de ceux qui ne se présentent que si on requiert leur garniture et qui n'ont pas encore été sonnés.
La prochaine présidentielle est en train de se jouer à l'intérieur du régime à guichets fermés et avec la complaisance, la complicité ou la résignation de l'opposition démocratique.
Concernant la révision de la Constitution, quelle nature du régime préconisez-vous et pourquoi?
Présentée comme un corollaire des contre-réformes de 2011, la révision de la Constitution n'est sûrement pas dictée par un souci de démocratisation ni de rationalisation du système institutionnel. Le projet n'est même pas certain de voir le jour. Mais s'il advient, il servira sans doute à trouver une solution juridique au président pour assurer à l'incapacité du président à assurer ses charges, en lui offrant le droit de désigner un vice-président. Bien sûr, il peut emporter quelques ventes concomitantes comme l'officialisation de tamazight, par ailleurs, très légitime en soi.
Dans tous les cas, une Constitution ne relève pas d'une démarche académique. C'est d'abord, un projet de société. Présidentiel, semi-présidentiel ou parlementaire, un régime constitutionnel peut, selon le contexte national et les forces en présence, être pourvoyeur de gouvernance démocratique et de développement ou d'autoritarisme et de corruption. Pour nous, ce qui est important, c'est de mettre en place un Etat civil qui soustrait l'Armée et les services de sécurité à toute activité partisane et protège la religion en interdisant tout usage politique ou partisan. La séparation et l'équilibre des pouvoirs ainsi que l'indépendance de la justice et l'Etat de droit sont essentiels. La garantie des droits de l'homme dans leur universalité est fondamentale pour l'exercice de la citoyenneté. Sur ce plan, la démarche et les objectifs affichés du pouvoir sont loin du compte car contredits par la mal-vie quotidienne du citoyen, l'autoritarisme et la corruption impunie.
Plutôt tôt que tard, la situation sociale catastrophique faite de chômage endémique, de faiblesse du pouvoir d'achat et de non-développement se heurtera au déficit institutionnel au risque d'entraîner le pays dans un chaos incontrôlable. C'est ce que nous voulons éviter en appelant à un changement pacifique négocié avec l'opposition.


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