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"154 documents ont été déclassifiés"
LARBI BENCHIHA, SPECIALISTE DU DOSSIER DES ESSAIS NUCLEAIRES FRANÇAIS EN ALGERIE, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 18 - 02 - 2014

Une première série de 58 documents concernant la Polynésie avait déjà été déclassifiée en décembre 2012.
Larbi Benchiha est ce qu'on appelle un spécialiste du dossier des essais nucléaires en Algérie. Journaliste télévisuel, travaillant en free-lance pour plusieurs télévisions: Arte Info, France2, France3, la ZDF, M6, Viva TV... Ayant déjà réalisé deux films documentaires sur la question: Vent de sable, le Sahara des essais nucléaires en 2008 et L'Algérie, De Gaulle et la bombe, en 2010, il prépare actuellement son troisième documentaire sur les essais nucléaires français en Polynésie. Il nous explique dans cet entretien les dessous de la levée du secret défense sur ce dossier épineux.
L'Expression: En tant que réalisateur qui a consacré plusieurs reportages et documentaires sur les essais nucléaires en Algérie, que constituent pour vous ces nouvelles révélations?
Larbi Benchiha: Tout d'abord, il faut préciser que la levée du secret défense sur les documents de la période des essais fait suite à une procédure judiciaire engagée depuis 2004 par les associations des victimes des essais nucléaires, dans le cadre d'une plainte contre X déposée au Pôle santé du parquet de Paris.
Une première série de 58 documents concernant la Polynésie avait déjà été déclassifiée en décembre 2012. La décision de déclassification des documents dont on parle aujourd'hui date de mars 2013. A cette époque, les documents ont été remis à l'Aven et c'est l'expert Bruno Barrillot qui était chargé de les analyser. Ce ne sont pas des révélations à proprement parler, disons que c'est un demi-aveu officiel de ce qu'on savait déjà. Il est temps de reconnaître que les essais ont contaminé la région sur une grande échelle, que beaucoup de tirs n'ont pas été contenus, et que le lien entre les cancers, les malformations à la naissance est la conséquence directe des retombées radioactives des essais.
De plus, les 154 documents qui ont été déclassifiés et qui concernent la période des essais nucléaires au Sahara (1960 - 1966) ne racontent pas tout. D'abord, le ministère français de la Défense a choisi un certain nombre de documents dans les archives des essais.
Ensuite, il faut rappeler qu'on a appris beaucoup plus sur les méfaits des essais dans le dossier publié par le Parisien en 2010 et en 2012, où il est révélé des retombées massives de plutonium, et que l'ensemble de la Polynésie a été exposé au radiations et qui établissent un lien entre les retombées radioactives et les cancers des vétérans et des populations. Que dire alors de Reggane qui n'est qu'à une quarantaine de km du champ de tir atmosphérique de Hamoudia. On constate que des documents classés «secret» ou «confidentiel défense», qui ont été rendus publics dès 1997 dans un dossier signé par Vincent Jauvert et publié dans le Nouvel Observateur, ne font pas partie des documents officiellement déclassifiés en décembre 2012 et en mars 2013. Le dossier publié par le Nouvel Obs évoque le cas de militaires qui ont été utilisés comme cobayes lors du tir Gerboise verte en avril 1961 à Hamoudia. Quid également en ce qui concerne les expérimentations d'armes chimiques et biologiques à Oued Namous dans la région de Beni Ounif.
Vous venez d'achever un documentaire sur les essais dans les DOM-TOM. Pensez-vous ajouter une couche sur les dernières révélations?
En effet, en 2012, j'ai fait tourner un film en Polynésie, il s'agit d'un film construit sur un croisement de témoignages de vétérans français et de travailleurs tahitiens qui ont été employés sur les atolls de Mururoa, Fangataufa, Hao. Durant les séjours que j'ai effectués là-bas, j'ai constaté beaucoup de similitude entre les populations saharienne et polynésienne. D'abord, elles souffrent de la même folie qui a consisté à faire des essais dans des territoires habités et à y porter atteinte à tout un écosystème vital pour les gens qui y habitent. Cependant, il y a une différence. En Polynésie, on a mis les moyens pour dépolluer, démanteler, mettre en place et entretenir des postes de mesure de la radioactivité, on a fait des études pour déterminer les niveaux de contamination des récifs coralliens, l'Inserm avait effectué une étude épidémiologique... Or, en ce qui concerne les populations sahariennes, rien n'est fait. Elles sont traitées par le mépris dans un quotidien malsain! Les habitants du Touat et du Hoggar continuent à être exposés aux méfaits de la contamination et de la radioactivité pour plusieurs milliers d'années. Aujourd'hui, l'urgence est bien sûr de venir en aide aux populations exposées, cette aide peut prendre plusieurs aspects: effectuer des suivis médicaux, ouvrir des centres de soin, rendre publics tous les points d'enfouissement des déchets irradiés, restituer les listings de la main-d'oeuvre locale pour qu'on établisse un recensement des personnes qui ont séjourné sur les bases militaires à l'époque. Et enfin, qu'on nous dise où en est le fameux groupe mixte franco-algérien mis en place en 2008 et qui avait pour mission de cartographier les zones chaudes et de préconiser une sécurisation des sites dangeureux. J'ai un projet de film dont le scénario est bouclé depuis février 2011, mais hélas, les aléas (...) m'ont empêché de le réaliser, c'est aussi à cause de ce blocage que je me suis tourné vers la Polynésie. En tout cas, ce n'est pas parce qu'il y a eu ces révélations que je reviendrai sur les expérimentations du Sahara dans un prochain film, mais parce qu'il y a encore des choses à raconter, des vérités à dire et une justice à rendre.
On observe que la presse française a révélé l'information, mais la classe politique française n'a pas suivi, pourquoi à votre avis?
La classe politique française, tous bords confondus ou presque, observe un réel consensus quant aux problématiques liées à l'histoire et au passé des expérimentations nucléaires au Sahara et en Polynésie. C'est un fait marqué par une réelle empreinte du gaullisme qui continue à charrier les comportements politiques en France. Ensuite, il s'agit d'un reflexe issu de la Guerre froide. Enfin, je pense que le marasme économique qui traverse la société française, occulte beaucoup de choses, notamment les préoccupations qui se situent à des milliers de kilomètres de l'Hexagone. Néanmoins, le bloc de croyance se fissure, des personnalités politiques d'envergure commencent à se poser des questions quant au maintien de cette très coûteuse et finalement inutile force de frappe, parmi elles, un ancien ministre de la Défense, Paul Quiles qui, en 2012, a signé un livre au titre éloquent Le nucléaire, un mensonge français. Il a récidivé en 2013 où il a cosigné un autre livre avec l'expert Jean-Marie Collin Arrêtez la bombe.
Paul Quilès s'inscrit dans le sillage des mouvements tels que Global zéro, le Mouvement de la paix, Greenpeace.
En effet, les paradigmes de la guerre ont véritablement changé. La doctrine de la force de dissuasion appartient au passé.
En effet, on peut se poser la question de l'utilité de la bombe nucléaire, un drone ne serait-il pas plus efficace?


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