Narimane Mari présentera aujourd'hui, à 19h, son film rehaussé de nombreux prix, en présence des enfants, véritable attraction du film à ne pas manquer! Après avoir voyagé un peu partout dans le monde, reçu de nombreuses distinctions, le long métrage fiction de Narimane Mari Loubia Hamra sera enfin projeté aujourd'hui à la Cinémathèque d'Alger en présence de la réalisatrice et des enfants qui jouent de façon remarquable dans ce film, d'autant plus qu'ils n'ont jamais fait de cinéma auparavant. Non, ce n'est pas un documentaire si votre oeil vous prête ce sentiment-là. Loubia Hamra a cette particularité, en effet, de faire appel aux sensations en déclinant une histoire de façon minimaliste et authentique frisant la brutalité de l'image en ce qu'elle a de plus pure, de charnel, de vrai! Pendant que la France mitraille l'OAS, les enfants pillent l'armée française pour pouvoir manger. Les temps sont durs pour tout le monde et les enfants qui ne rêvent que de grandir et survivre au milieu de cette jungle surréaliste qu'est la guerre d' Algérie vont se constituer en petit régiment à leur tour pour pouvoir voler ce qu'ils peuvent voler en termes de nourriture pour subsister. Huile, semoule, chocolat, sucre.. et même un prisonnier de guerre condamné à manger un plat de haricots. Mais la guerre ne laisse aucune illusion pour la suite des événements et emporte avec elle dans son sillage le plus innocent peut-être et vous entraîne dans son inéluctable désenchantement. A la guerre comme à la guerre, dit-on! Personne n'a dit qu'on en sortira indemne. Cruauté, mais innocence exacerbée et humour franc se mêlent dans ce film à fleur de peau dont l'image criante a été signée par le grand directeur photo Nacer Medjkane. La musique, elle, a été composée par le trio français Zombie Zombie lequel a accompagné, lors d'une séance exceptionnelle en mars dernier à la Gaieté lyrique, à Paris (France), la projection en avant-première parisienne du film Bloody Beans (Loubia Hamra). Légèreté mais aussi naïveté se conjuguent et se télescopent dans ce film où la force combative des enfants se veut le pendant de la fragilité humaine dans toute sa quintessence et désordre fugace, tel un instinct de survie qui brille au milieu de la nuit. Loubia Hamra est avant tout un cri de révolte, de liberté et de désir d'être, au-delà des clichés et des idées préconçues. Il est ainsi conçu comme une sorte de charpente déréglée à l'apparence, mais qui ne souffre d'aucune faille si ce n'est ses tentatives d'explorer l'ailleurs sous toutes ses coutures, existentielles, cinématographiques et esthétiques. Un film courageux qui ose se mouiller, se faire maltraiter, véritable hymne à la joie, la tolérance et l'ouverture sur l'Autre, non sans s'attacher à démonter le comble de la souffrance pour pénétrer son coeur et faire renaître la beauté du monde qui peut renaître, après...Un film optimiste malgré tout sans doute sur les relations Algérie/France. Reste à savoir ce que nous-mêmes allons faire de ces rapports- là.. le film devra sortir aussi en salle incessamment. Coproduction algéro-française avec le soutien du Fdatic et l'Aarc Loubia Hamra est un film à voir absolument, sans doute un ovni dans ce que l'on voit habituellement dans le cinéma algérien. Vous serez réellement et admirablement surpris!
