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La course vers la vie
PROJECTION DE TIMBUKTU, LE CHAGRIN DES OISEAUX À CANNES 2014
Publié dans L'Expression le 17 - 05 - 2014


Le réalisateur avec ses deux jeunes comédiens
Abderrahmane Sissako, le seul cinéaste africain en compétition sur la Croisette, a fait sensation jeudi en présentant son émouvant long métrage au Palais Lumière, avec en sus des salves d'applaudissements à tout rompre qui ont duré longtemps.
Une gazelle qui court dans le désert, une voiture la pourchassant et puis des tirs à feu sur des statuettes africaines. Il n'y a pas de doute, la scène est certes simple, mais fort en symbolique. On tente bel et bien de tuer le beau dans cette contrée. Nous sommes à Timbuktu où des jihadistes tentent d'imposer leur diktat sur les gens de la région. Pas de cigarettes, les femmes doivent porter le voile, cacher leurs mains, la musique est interdite. Tombouctou est réduite au silence, ses ruelles sont désertes. Le football est banni. Loin de ce chaos annoncé, Kidane mène une vie paisible avec sa femme et sa fille Yota et Issan son petit berger de huit vaches dont GPS sa préférée, sur les dunes. Un calme plat plane avant la tempête. En tuant par accident Amadou le pêcheur qui s'en est pris à sa vache, Kidane (Ibrahim Ahmed) fait face à la loi des occupants qui prennent en otage un Islam ouvert et tolérant. Face à ce drame généralisé, la vie continue son cours. Contrairement à Bamako, le film Timbutku se veut plus méditatif, mais démonstratif aussi, ne craignant pas la force du discours et de la parole. Abderrhamne Sissako affectionne, nous semble-t-il, le fait de faire un procès aux hommes. Ce film fait avec le coeur et la conscience se décline avec une certaine poésie affichée dans l'image. Il a cette particularité de faire cohabiter le réel au côté du merveilleux, la beauté avec la laideur, l'humour au côté de la gravité et les choses tragiques avec la comédie et l'absurde. La scène de lapidation de ce couple fait suite à une autre très belle. Un jihadiste, alias Hicham Yacoubi, interprète à sa façon la danse de la mort tandis que Zabou, considérée comme la folle du village, est allongée, contemplant ce gracieux danseur. Cette femme a échappé au tremblement de terre de Haïti en 2010 et a atterri ici. Elle se dit fissurée de partout, des pieds à la tête et de la tête aux pieds. Elle n'a comme seul ami que son coq. Elle est la seule femme à qui on laisse libre cours à ses mouvements car perçue comme une aliénée. Les personnages de Sissako possèdent une certaine profondeur dramaturgique. Le réalisateur a préféré ne pas prendre de position, mieux, de nuancer son propos car selon lui, tout le monde possède en lui à la fois la notion du bien et du mal et rien n'est tout à fait blanc ou noir. Le réalisateur, du coup, a choisi de mettre en scène des portraits de jihadistes perdus qui se ploient sans grande conviction entre leur envie de vivre (de chanter, fumer et aimer) ou de suivre à la lettre cette prétendue loi islamique inventée de toutes pièces par une bande armée l'obscurantistes. Lors de la conférence de presse qui s'est tenue hier matin au Palais du festival, Abderrahmane Sissako parlera avec beaucoup d'émotion de ces gens dont on ne sait rien ou l'on ne veut pas en entendre parler. Il s'agit de cette population qui résiste dans l'indifférence totale des médias occidentaux. Vouloir parler de ce couple lapidé a été l'élément déclencheur de son film. «Quand un nouveau modèle de portable sort sur le marché, la presse s'enpresse d'en parler alors pourquoi ne pas parler de ce qui se passe là-bas?. Au début, je devais tourner un documentaire, mais vite fait cela s'est transformé en une fiction. La plupart des acteurs sont des non-professionnels, certains retrouvés sur les lieux voisins. Nous avons tourné à 100 kilomètres du Mali.» Si le film pèche par quelques maladresses au niveau du montage, cela semble être lié à l'éclatement de l'écriture du scénario pas complétement aboutie, même si l'on a aidé le réalisateur à le rendre bien palpable. «J'ai privilégie l'acte d'informer» fera-t-il remarquer. Evoquant la part floue de ces Djihadistes (Abel Jafri dans la peau de Abdelkrim, notamment qui fume et tente de faire la cour à la femme de Kidane), le réalisateur parlera surtout de complexité de l'être humain. «Le djihadiste nous ressemble. Il a basculé dans autre chose à un moment donné. Il y a une certaine humanité qui se voit et s'entend...»Se remémorant une scène forte dans le film, le réalisateur, au fait de l'émotion, cesse de parler et cache son visage avec les mains. Son émotion est contagieuse et fait monter des larmes aux yeux de sa comédienne touarègue Toulou Kiki qui joue admirablement le rôle de la mère.
«Le vrai courage est celui, que ces gens-là qui vivent, chez eux, dans le silence et sont restés, continuent à chanter dans leur tête cette chanson qu'on a interdite, dansent, ces femmes qu'on marie de force et ces jeunes qui jouent du football sans ballon. Et après, d'autres personnes viennent et récupèrent tout». Allusion faite sans doute à l'armée française qui est venue «libérer» le territoire... Et de renchérir: «C'était important pour moi que l'histoire évolue et touche au coeur de cette famille qui vit dans la dignité et la discrétion, d'où cette phrase dite par Kidane à sa femme: "Ce que je te dis, tu le sais déjà, une façon de dire je t'aime..." Evoquant l'esthétique de son film -parfois minimaliste et épuré, rehaussé d'un rythme de narration coulant comme le temps dans le désert- Sissako dira, à juste titre, que le cinéma est un langage et la pudeur peut en être l'accent. Le réalisateur qui racontera beaucoup d'anecdotes, notamment en relation avec les difficultés qu'ils ont eues sur le tournage en bravant le danger qui les guettait pas loin, dira tout le bien qu'il pensait de ses comédiens dont certains ont été découverts grâce à la providence. Film sur la liberté, les femmes et l'espoir, cette part en est l'idée maîtresse de ce long métrage malgré sa fin tragique. Il y a les oiseaux qui se cachent pour mourir, d'une part, et des oiseaux qui courent pour rattraper le cours de l'histoire, d'autre part. Une course vers la vie, la lumiere dont le réalisateur a voulu souligner avec un regard innocent, mais acéré, non dénué d'intelligence et de sagesse, à l'image de celle des hommes du désert. Un film pacifique, certes, mais regorgeant d'une force humaniste terrible. A méditer. Rien ne s'arrache avec la force, c'est clair...


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