Une foule nombreuse a accompagné la défunte à sa dernière demeure En plus des dizaines de fans et d'amis qui sont venus pour lui rendre un dernier hommage, la Protection civile a honoré la défunte avec un drapeau national. Plus dur à supporter que l'annonce de son décès, il y a trois jours de cela, le moment de l'inhumation de la défunte artiste Noura, l'après-midi de jeudi dernier, au cimetière de Sidi Yahia à Hydra. Ce ne sont pas de simples curieux qui sont venus pour rendre un dernier hommage à cette artiste au grand coeur, qui a honoré sa personne, sa petite famille, sa grande famille artistique et tout le pays durant toute sa vie, mais c'est surtout les artistes et adultes de tous bords et de toutes catégories qui ont marqué de leur présence, ce jour J où personne n'échappe quels que soient le lieu, le mode et la durée de la vie. Venus des quatre coins du pays Tamanrasset, Tizi Ouzou, Béjaïa, Tipasa, l'est et l'ouest du pays, afin de se recueillir à la mémoire de cette artiste qui a pénétré les coeurs des milliers de ses fans, il y a eu ceux qui ont fermé leurs commerces afin de se rendre au Palais de la culture Moufdi-Zakaria à Kouba et au cimetière de Sidi Yahia. Venu par taxi de Tizi Ouzou, Sidi Maâmar, 62 ans, inventeur de l'huile thérapeutique oléastre dira: «J'ai commencé à écouter les chansons de Noura, à l'âge de 10 ans. Notre maison est pleine de supports de productions artistiques de Noura. On écoute beaucoup ses chansons, parce qu'à travers ses chansons, on reçoit des messages éducatifs, instructifs et culturels», fera-t-il savoir. Marqué par la présence de plusieurs artistes de renommée, à l'image de Hamidou, Boukacem, des membres de la famille de la défunte, Chérif Khedam à l'image de si Belkacem, un ancien retraité du secteur de l'Education nationale, des ex-ministres, des employés de la présidence de la République et tous ceux qui vénèrent le sens des valeurs, l'inhumation de Noura était marquée par des moments très émouvants. Accompagnée par les éléments de la Protection civile qui ont salué la dépouille mortelle de cette inoubliable artiste, Kamel Hamadi et son fils Djamel, ont eu un nombre indéterminé de personnes qui leur ont exprimé leurs doléances durant toute la cérémonie de l'enterrement «C'est une femme juste et honnête», dira Kamel Hamadi à un groupe de citoyens et proches qui l'ont approché au cimetière avant de quitter la tombe qui a été inondée de bouquets de fleurs. Par ailleurs, il y a lieu de souligner l'improvisation d'un pseudo imam salafiste modéré, de plus de 60 ans, qui a pris la parole volontairement afin de lancer son message à l'assistance qui ne s'attendait pas à un tel discours, mais sans déviation de langage. «C'est une personne qui intervient souvent. Chaque fois qu'il y a un enterrement d'une personne connue sur la scène nationale, il s'invite tout seul», déplorent de nombreux citoyens du quartier. Kamel Hamadi a eu un courage exemplaire pour retenir ses larmes. «A Dieu nous appartenons et Lui nous retournons.» Repose en paix Noura et longue vie à ta famille! Impressions Kamel Hamadi, époux de la défunte Noura «J'ai trouvé la paix avec ma femme» S'il y a un homme ou un couple le plus touché dans cette douloureuse cérémonie d'inhumation au cimetière de Sidi Yahia, c'est bien Kamel Hamadi et ses enfants. «C'est une femme d'une grande âme. Dieu ait son âme. Elle aime ses enfants, sa famille, ma famille. Elle aime le pays et elle a laissé sa place très propre», a déclaré Kamel Hamadi, juste après l'inhumation de la défunte. Répondant à la question de la vie de ce couple exemplaire, Kamel Hamadi dira «Après 55 ans de mariage. Je n'ai jamais eu de problèmes avec elle. J'ai trouvé la paix avec elle», avec un coeur serré tout en gardant son calme habituel. Loin de chez elle pour des raisons de santé et de traitement qu'elle suit en France depuis plusieurs années, Kamel Hamadi n'a pas manqué de remercier tout ceux et celles qui l'ont approchée, connue et tous ceux qui ont écrit sur Noura. Madjid Bali, ancien animateur de la Radio Chaine II «On vient de perdre un pilier de l'art algérien» Interrogé sur la disparition de la défunte, Madjid Bali répond: «On vient de perdre un symbole et à la fois une synthèse de la chanson et musique algérienne», dira-t-il avant d'ajouter que «Noura a chanté en kabyle, en arabe et même en français. Elle avait l'art de synthétiser la personnalité algérienne et la porter avec fierté un peu partout dans le pays, au Maghreb et à l'étranger». C'est une dame qui était d'une discrétion extraordinaire, fera- t-il savoir. «C'est une dame exceptionnelle dans sa vie familiale dont elle a tissée un couple exemplaire avec da Kamel Hamadi et évidemment avec les enfants qu'ils ont eus ensemble». Mohamed Hilmi, comédien, acteur et écrivain «Noura a laissé quelque chose d'irremplaçable» «Je ne dirai pas que Noura a laissé un vide, mais elle a laissé quelque chose d'irremplaçable. Pourquoi? Parce que, on est issus d'une génération qui a donné plein d'artistes au sens propre du mot», répond Mohamed Hilmi avec un sentiment de tristesse. Basé sur la modestie et l'amour de l'art, Mohamed Hilmi, souligne que «tous ceux qui l'ont côtoyée comme moi, ont eu le même parcours et nous ressentons la même chose. Je suis ému et c'est tout ce que je peux dire pour l'instant». Abdelkader Bendaâmèche, président du Conseil national des arts et des lettres «Une Grande Dame s'en est allée» C'est une Grande Dame de l'histoire de la culture nationale. C'est une dame qui a laissé un répertoire très riche que nous devons préserver et promouvoir pour l'histoire contemporaine. Noura est une artiste modèle, un exemple culturel, social et historique pour les générations à venir. Elle nous a laissé un grand vide. Mais nous croyons à la destinée de tout un chacun.