Que peut offrir un décor où on trouve un juge vigilant, un procureur harcelant deux détenus espérant et deux avocats, aïe, aïe, aïe... Maître Lamouri et Maître Mohammed Chérif Bessaïem n'ont pas réussi leur opération «charme» lancée à la face du jovial président de la section pénale. Il est vrai que lorsqu'un clandestin taxi-driver prend en cours de route deux jeunes ivres, il ne peut pas espérer avoir la paix. Loin s'en faut. Avec de tels jeunes énergumènes, la paix s'évapore... S. Hamoune et Taïbi L. comparaissent pour vol. Le représentant du ministère public a requis par une sonnante question: «Que peut attendre la société d'un jeune qui vient de nous annoncer sans sourciller qu'il avait abandonné son boulot pour se lancer dans le vol?» avait lancé le parquetier brun qui se méfiait beaucoup des avocats de la trempe de Maître Lamouri. Même Monsieur le président a pris un amer...plaisir à lire les faits aux deux inculpés. Il apparaît et la victime était à la barre, que les deux détenus ont, après être arrivés en taxi, perdu un bon bout de temps à chercher sur le plancher de la voiture la came tombée en cours de route puis pris un manuel, trois albums vierges et fuit sans régler la course. Seul le jeune a presque pleuré, signe révélateur de remords Le procureur a demandé un an ferme pour les deux prévenus. Maître Mohamed Chérif Bessaïem qui a pris l'habitude de trouver un truc à soulever lors de ses plaidoiries, lorsque les faits sont graves et prouvés, a surtout insisté sur le fait que le délit était ailleurs: «Le chauffeur de taxi a commis une faute en bossant'' sans papiers et en prenant des risques. Mon client mérite des circonstances atténuantes», a dit l'immense conseil dont le confrère, Maître Benouadah Lamouri, a souligné que prendre un manuel catalogue ne constituait nullement un vol. «Un joint à cent dinars trouvé chez eux, représente un crime?» s'est interrogé l'avocat qui a demandé l'indulgence du tribunal, en ajustant sa jolie paire de lunettes de vue et en remerciant le juge pour sa patience lors du développement de la plaidoirie, une intervention où l'avocat avait eu la certitude qu'il n'y avait aucun délit. Il est vrai que ce défenseur qui traîne sa robe noire depuis plus de trois décennies, avait ce «toupet d'aller au feu avec tous les risques que cela comportait. Mais Maître Lamouri fait l'objet de beaucoup de sympathie de la part de magistrats, dont beaucoup ont eu la chance de se former en son cabinet avec l'intention d'opter pour la stabilité de l'autre robe noire. Le client de Maître Lamouri était franchement ébahi par la vista de son défenseur. Et même Maître Mohammed Chérif Bessam aura un mot flatteur en direction de son sacré confrère. Puis le président invitera le procureur à requérir. Avant d'asséner un six mois ferme pour les deux inculpés de vol et de complicité de vol, le parquetier a posé deux questions: «D'où aviez-vous pris le taxi. Voulez-vous effectuer vos demandes?» La victime répond du «1er Mai - Concorde» et dit se désister de ses droits. Hélas pour elle, le désistement ne signifie nullement que l'action publique allait s'éteindre. Maître Lamouri prend sa serviette et quitte la salle d'audience et El Harrach pour l'avenue Boumendjel qui fait face au Palais de justice d'Alger - Sidi M'hamed où l'attend le professeur Abdelhak Oucherif, le célèbre urologue, pour récupérer des analyses d'un confrère souffrant, alité. Maître Lamouri a toujours été disponible auprès du bâtonnat où il est estimé, apprécié, mais surtout redouté lorsqu'il est l'adversaire de l'un d'eux. Demandez donc à Maître Ouahiba Dehidam, elle qui a tant de fois croisé le fer avec son aîné de Dar el Beïda. Le dossier lui, a été mis en examen sous huitaine.