Un consensus autour de la révision du système de la retraite semble régner entre le gouvernement et l'Ugta. L'âge de départ à la retraite ne sera pas révisé malgré les difficultés financières de la Caisse nationale des retraites (CNR). C'est ce qu'a affirmé hier le ministre du Travail M.Tayeb Louh, lequel a tenu à démentir les informations selon lesquelles la retraite sera fixée dorénavant à 65 ans. «La presse a mal interprété mes déclarations», précise-t-il et d'ajouter que «l'Etat ne permettra pas l'écroulement du système de la retraite». Le ministre qui intervenait dans un séminaire sur le système de la retraite, organisé au siège de la tutelle, a assuré que rien ne se fera sans la consultation des partenaires sociaux. «Le gouvernement tient, ajoute-il, à la consolidation du système de la retraite», rappelant dans ce sens, la mise en place d'un groupe de travail bipartite gouvernement-Ugta. Ce dernier est chargé de proposer les mesures permettant «la pérennité» du système. Ce groupe rendra ses conclusions à l'occasion de la prochaine tripartite toujours selon le ministre. En d'autres termes, gouvernement et Ugta se seraient mis d'accord sur la nécessité de réviser la législation actuelle dans le domaine. Mieux encore «les deux parties sont sur la même longueur d'onde, quant aux révisions qui s'imposent pour préserver l'équilibre financier de la caisse». Une révision qui tombe à point nommé, selon M.Beldjoudi, le directeur de la CNR. Il atteste que les déficits successifs ont obligé la caisse à puiser dans ses réserves pour faire face à ses obligations. «En 1986, la CNR disposait d'une réserve de 11,84 milliards de dinars, ses réserves sont aujourd'hui totalement épuisées.» Afin d'assurer le paiement régulier des pensions, l'on a eu recours à l'utilisation de l'excédent dégagé par le régime de retraite anticipée (4 milliards de DA). A plusieurs reprises, aussi, le système a retrouvé son équilibre grâce aux multiples interventions des pouvoirs publics. Cet équilibre «reste fragile», d'autant plus que certains paramètres sont préoccupants, fait-il savoir. Le directeur de la CNR évoque les départs avant l'âge de 60 ans, et la persistance de l'évasion fiscale aggravée par le secteur informel. Dans le même chapitre, le premier responsable de la CNR, met en exergue le fait que les recettes et les dépenses de la caisse ont évolué à des rythmes très différents. Alors que les dépenses ont connu un rythme modéré, les charges, elles ont évolué beaucoup plus rapidement. Un chiffre illustratif résume la situation financière très délicate de la caisse des retraites. En 2003, cette dernière a dépensé 151,46 milliards de DA, tandis que ses recettes n'ont pas dépassé le seuil de 151,49 milliards de DA. La faiblesse des recettes s'explique, de l'avis de M. Beldjoudi, par la situation générale de l'emploi qui a fait que le nombre de cotisants stagne autour de 3,5 millions de salariés alors que le nombre de bénéficiaires est passé de 1,72 million en 1997 à 1,6 million en 2003. Par ailleurs, le taux de cotisations «n'a jamais été en adéquation» avec le niveau des avantages servis par le système de retraite, les sous-déclarations dans certains secteurs n'ont fait que fragiliser la santé financière de la CNR. En dépit de cette situation, M.Beldjoudi estime qu'«un aperçu sur notre système de retraite, nous permet d'affirmer que notre législation dans le domaine se situe parmi celles qui accordent la meilleure protection».