Durant tout l'été, la rumeur n'a pas cessé à propos d'un remaniement de l'équipe gouvernementale chez nous, mais c'est en France que cela a eu lieu sans que personne ne voie rien venir! Beaucoup a été dit à propos d'un éventuel remaniement du gouvernement. Il ne fait pas de doute que de tels changements sont légion chez nous et rien, a priori, n'empêche d'y recourir pour des raisons que le commun des mortels saisit aisément ou bien pour celles qui lui échappent totalement. Mais à vrai dire, parler d'un remaniement gouvernemental, maintenant, nous semble une chose, du moins assez étonnante, pour ne pas dire déplacée. En effet, qu'est-ce qui pousserait Bouteflika à remanier un gouvernement qui n'a que quatre mois (tout mouillé en plus)? Y aurait-il une conjoncture si difficile qui le ferait opter pour une telle décision ou bien aurions-nous une opposition assez forte qui aurait exigé ce remaniement? Y aurait-il, chez nous, un suivi des réalisations ministérielles si rigoureux qu'il aurait fait voir, là-haut, la nécessité d'un changement de l'équipe gouvernementale ou bien alors est-ce la voyance d'une guezzana habitant au sommet d'un mont au nom mystérieux qui aurait donné des idées aux décideurs? Apparemment rien de tout cela! Et alors? Plusieurs possibilités peuvent être passées en revue quant à ces rumeurs bizarres et soudaines qui sont apparues d'un coup pour chanter le remaniement «très imminent», qui ont donné des noms de quelques éventuels partants et qui, ensuite, se sont tues comme si de rien n'était. La première, c'est qu'effectivement il va y avoir un tel changement qui confirmerait, dans ce cas, les folles rumeurs de l'été 2014. Et, dans ce cas, cela ressemblerait, à s'y méprendre, à une fuite organisée d'informations dont il serait intéressant de comprendre les desseins et les causes, les tenants et les aboutissants car, dans d'autres lieux, et même chez nous avant l'actuelle période, rien ne filtrait sur les éventuels changements de gouvernements. Pourquoi et comment aujourd'hui, cela en serait-il autrement? Qui aurait donc intérêt à rendre publique une telle décision? Et pourquoi? La seconde possibilité est qu'il n'y aurait aucun changement du gouvernement. En tout cas pas avant un certain temps. Et, dans ce cas, la rumeur en question serait infondée et la question qui se posera serait celle de savoir pourquoi a-t-on laissé circuler une rumeur mensongère? Qui est derrière cette rumeur? Et pourquoi? Oui, il serait intéressant de savoir ce qui pousse certains à recourir à un tel moyen? Existe-t-il quelque partie qui voudrait exercer une quelconque pression dans les hautes sphères pour qu'il y ait un changement de gouvernement? Quels en seraient les enjeux? Et pour quels objectifs? Cette possibilité nous semble improbable bien que pas possible, surtout avec tout ce qui se passe dans le monde de la politique, chez nous, et avec ceux qui y parviennent ces derniers temps, on serait tenté de tout croire. La troisième éventualité est qu'il y aura un changement, mais pas dans l'immédiat. Expliquons-nous: si l'on excepte l'année 1999 où il laissa en place le gouvernement Hamdani en attendant d'y voir plus clair, Bouteflika a toujours procédé au changement du gouvernement, nommé au lendemain de l'élection présidentielle, une année plus tard. Ainsi, le gouvernement Ouyahia, nommé le 19 avril 2004, a connu un changement le 1er mai 2005 et le gouvernement Ouyahia nommé le 27 avril 2009 n'a connu de remaniement que le 28 mai 2010. Si Bouteflika garde les mêmes considérations, il procèderait au changement de l'actuelle équipe gouvernementale vers le mois de mai ou juin 2015, ce serait plus conforme à sa manière de faire. Ce qui plaide pour qu'effectivement il y aurait un changement gouvernemental d'ici les mois de mai ou juin prochains, c'est qu'en moyenne, un gouvernement nommé par Bouteflika ne dure pas plus d'une année (voir L'Expression du 06 juillet 2014). Néanmoins, il est aussi nécessaire de rappeler que cette fois il y a d'autres facteurs qui entrent en jeu. Parmi ces facteurs, retenons surtout la santé du président qui pourrait, peut-être, le pousser à vouloir boucler rapidement la question de la révision de la Constitution afin de pouvoir désigner un vice-président. Mais même cela nécessite du temps et ne peut se faire en deux jours. Par ailleurs, la question de Ghardaïa est, elle aussi, en attente d'une résolution définitive. Ceci pourrait bien constituer une raison importante pour que le président désigne un autre chef de l'Exécutif qui veillera à la résolution de ce problème. Mais même dans ce cas, il serait difficile de voir venir ce changement en ce mois d'août comme annoncé par la rumeur car, dans tous les cas, ce changement précipité du gouvernement serait un luxe dont l'Algérie se passerait bien pour l'instant.
