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Le «congé» énigmatique du général Lamari
SON ABSENCE DEPUIS VENDREDI SOULÈVE DES INTERROGATIONS
Publié dans L'Expression le 18 - 07 - 2004

Spéculations et rumeurs continuaient, hier, d'aller bon train sur les véritables raisons de cette spectaculaire éclipse.
Décidément, il n'y a jamais de fumée sans feu. Les spéculations sont allées bon train à cause de l'absence du chef d'état-major, le général Mohamed Lamari, à la cérémonie de réception de la ministre de la Défense française, Mme Alliot-Marie.
Si l'existence d'un empêchement majeur mais personnel a pu être évoquée par des observateurs, il ne fait désormais plus de doute que des changements de taille sont en train de s'opérer au sein de l'ANP sous la direction du président Bouteflika, également chef suprême des armées, et ministre de la Défense. La dépêche laconique de l'agence de presse algérienne, faisant état, hier, de l'audience accordée par Bouteflika à Alliot-Marie, précise que l'entrevue s'est passée en présence du général-major Gaïd Salah, commandant des forces terrestres, et chef d'état-major par intérim. Voilà un pan du voile levé sur cette énigme. Le pouvoir, qui a de tout temps cultivé le secret, et qui communique toujours aussi mal, semble avoir opté pour cette voie «indirecte» pour annoncer que le général Lamari ne serait plus à la tête des forces armées algériennes.
Que l'on en juge. Le général Mohamed Lamari, qui occupait de facto le poste de ministre, a toujours été seul à recevoir ses «homologues» européens ou autres lorsqu'ils sont en visite à Alger, de même qu'il a déjà eu à effectuer de nombreux déplacements à l'étranger dans le même cadre. Son absence ne pouvait en aucun cas passer inaperçue au regard de l'importance et du caractère inédit de cette visite. L'événement, car c'en est un, ne pouvait donc passer inaperçu pour personne, d'autant qu'une anonyme agence de presse, citant curieusement des sources diplomatiques françaises, avait commencé dès vendredi par balancer ce pavé dans la mare. Angola Press, citant vendredi des sources diplomatiques françaises, avait bien averti que le général-major Gaïd Salah occupait le poste de chef d'état-major par intérim.
Le vent des grands changements
Il semble, estime-t-on dans les milieux bien informés d'Alger, que Lamari ait pris ombrage du fait que Zerhouni, ministre d'Etat et homme de confiance de Bouteflika, ait été désigné pour recevoir cette visiteuse de marque alors que l'emploi du temps de son séjour à Alger aurait été élaboré de bout en bout à la présidence de la République où réside le titulaire du poste de ministre de la Défense nationale.
L'absence en question semble avoir pour raison un coup de colère de celui qui a commandé les forces armées algériennes pendant plus d'une décennie.
En témoigne le fait que son remplacement, temporaire, il fait le dire, a été effectué en toute hâte, allant à l'officier le plus âgé de la hiérarchie militaire, occupant par ailleurs le poste de commandant des forces terrestres nationales. Il n'en s'agit pas moins, comme le pensent la plupart des observateurs et analystes, d'un prélude à un départ à la retraite pour celui qui a été l'un des hommes forts du régime durant la lutte sans merci contre le terrorisme et le sauvetage de la République des rets de l'obscurantisme islamiste.
Les relations entre Bouteflika et Lamari avaient souffert de
nombreuses tensions depuis 1999.
La raison en est, d'un côté, les immixtions du chef d'état-major dans les questions d'ordre politique jusqu'à tenter d'imposer une présidentielle propre et honnête, ce qui ne rentre guère dans ses prérogatives, et de l'autre, la volonté clairement affichée par Bouteflika de n'être jamais un «trois quart de président».
Le malaise entre le président Bouteflika et le général Lamari n'est pas récent. Les relations entre l'institution présidentielle et une certaine partie du commandement militaire avaient commencé à se détériorer depuis qu'une fameuse source anonyme avait qualifié Bouteflika, dans un journal, de «moins mauvais des candidats», suggérant en catimini que l'ANP s'opposerait à toute prétention de sa part à un second mandat. Mieux, la rumeur, qu'elle soit fondée ou pas, avait laissé entendre que ce serait le général Lamari en personne qui aurait encouragé Ali Benflis à briguer la magistrature suprême du pays et à tenter de s'opposer à Bouteflika. La rumeur va jusqu'à ajouter que le plan aurait échoué parce que, pour la première fois, «les généraux qui comptent» ne sont pas tombés d'accord et auraient refusé de suivre aveuglément le «plan Lamari». Cette analyse, du reste, rejoint les thèses très pertinentes développées par Hamrouche, dans lesquelles il se demandait si l'armée avait été neutralisée, et si tel était le cas, au profit de quel groupe d'intérêt. Les réponses, aujourd'hui, paraissent évidentes, quand bien même il serait «aventureux» de pousser l'analyse encore plus loin dans l'état actuel des choses.
Il n'empêche que le départ du chef d'état-major, s'il venait à se confirmer, annoncerait à coup sûr celui de plusieurs autres généraux-majors afin de maintenir la cohésion des rangs, mais aussi de permettre à Bouteflika de tenir fermement en main cette institution qui, longtemps durant, a fait et défait les présidents dans notre pays.
La plus grande preuve de la volonté clairement exprimée par Bouteflika de régner sans partage sur les forces armées ne nous a-t-elle pas été administrée le 5 juillet passé où quatre généraux-majors et dix généraux ont été tous promus de la main-même du président alors que les usages auraient voulu que les honneurs soient partagés avec plusieurs autres officiers actifs, à commencer par Lamari? Les analystes sont ainsi allés jusqu'à supposer qu'à travers ce geste, le président voulait signifier que ces officiers supérieurs lui étaient dévoués, ou à tout le moins aux institutions républicaines qu'ils sont sensés défendre et préserver. Le même ton, du reste, était clairement perceptible dans le discours qui avait accompagné la cérémonie et dans lequel le président, tout en réitérant clairement ses propres prérogatives, invitait fermement l'armée à se confiner à ses strictes missions constitutionnelles et, partant, à rentrer en quelque sorte dans les casernes.
Le général Lamari, dans de nombreuses sorties médiatiques, s'étaient montré à la hauteur des défis qui lui étaient désormais posés, acceptant la sanction des urnes, mais aussi la probabilité de son départ pour une quelconque raison.
Un «joker» nommé Zerhouni
Si les conflits de prérogatives devaient immanquablement apparaître entre les institutions présidentielle et militaire, et si Bouteflika avait désormais toute latitude d'avoir quelque ascendant sur elle, grâce à ses fameux 84,99% de voix, il semble que les divergences aient été aggravées par d'autres considérations venues précipiter un dénouement qui ne faisait plus de doute pour personne depuis le 8 avril passé. Il s'agit, est-il besoin de le souligner, de la fameuse réconciliation nationale, qui n'a jamais été du goût des généraux les plus engagés dans la lutte antiterroriste, après avoir été les «parrains» de l'arrêt du processus électoral en janvier 1992. A cette raison s'ajoute celle qui est liée à la question du Sahara occidental avec la position tranchée des anciens officiers, attachés à cette ligne pure et dure qui a été celle de l'Algérie depuis le déclenchement du conflit en 1975. La professionnalisation de l'armée, dont le général Lamari a été un des principaux initiateurs, nécessite enfin un sang neuf, que ne peuvent apporter que des officiers plus jeunes, et qui ont fait les grandes écoles de guerre de par le monde.
Pour essayer d'en savoir plus sur cette question qui défraie la chronique, nous avons tenté de prendre attache avec des sources autorisées aux Tagarins. Mais un black-out total continuait, jusqu'à hier soir, d'entourer cette affaire du côté du Mdn. Il n'en demeure pas moins que l'absence de Lamari depuis 48 heures suscite de nombreuses interrogations. Pressé de questions sur ce sujet, le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, a tenu à apporter hier en fin de journée seulement, une précision selon laquelle le «général Lamari serait en congé et reprendrait ses fonctions le 22 de ce mois». Cette déclaration tardive ne lève toutefois pas le doute sur les raisons réelles de cette «éclipse» non annoncée et qui est venue alimenter de nombreuses spéculations. Zerhouni a-t-il cherché à atténuer l'importance de cet événement en raison de la présence à Alger de la ministre française de la Défense, refusant ainsi d'annoncer un limogeage qui ne veut pas dire son nom? Il est très difficile pour tout observateur sagace de la scène politique algérienne d'accréditer la thèse de Zerhouni alors qu'un communiqué du Mdn aurait amplement suffi à lever toutes les équivoques en annonçant dès vendredi que le général Lamari serait absent jusqu'à jeudi prochain et que Gaïd Salah assurerait son intérim.
Quoi qu'il en soit, le «cas Lamari», intervenu au moment où on s'y attendait le moins, depuis que «l'alerte» du 5 juillet est passée sans encombre, ouvre la voie à de nombreuses spéculations sur la suite que prendront les évènements. Il s'agit tout d'abord de se demander si l'Algérie, depuis la fameuse crise de l'été 1961 et la prise de pouvoir par les militaires au détriment du Gpra (Gouvernement provisoire de la République algérienne) n'est pas en train de revenir à des bases plus saines et plus républicaines 42 ans après l'indépendance, et à quelques semaines du cinquantenaire de la Révolution. Dans le même ordre d'idées, pour qui sait que Zerhouni devait être nommé ministre de la Défense en 1999 avant que l'institution militaire n'oppose son veto, il y a de fortes chances, comme le soulignent les observateurs, que cet ancien du Malg et des Services spéciaux algériens, homme de confiance de Bouteflika, n'occupe enfin ce poste. Les honneurs qu'il a rendus à Alliot-Marie, en n'étant que ministre de l'Intérieur et chef de la police, font de lui déjà tacitement le patron des forces armées algériennes. Le secrétaire général du MDN, le général-major Sanhadji, suppléant de fait aux charges de Bouteflika, et connu lui aussi pour être un de ses hommes de confiance, a lui aussi toutes les chances de devenir ministre de la Défense. Autres temps, autres moeurs. Le vent de liberté et de démocratie qui souffle sur le monde, et dont Bouteflika a su admirablement tirer partie, ne permettra plus jamais à une quelconque armée, quelle qu'elle soit, où qu'elle soit, d'édicter ses lois et ses règles aux responsables politiques, surtout s'ils sont légitimement élus par le peuple.


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