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Les «dents» de la mer
PLAGE EL BAHDJA DE AIN BENIAN
Publié dans L'Expression le 21 - 07 - 2004

En plus de la pollution, cette ex-station balnéaire, continue toujours à faire ses propres victimes.
Pour Plage interdite à la baignade, El Bahdja d'Aïn Benian (une dizaine de kilomètres à l'ouest d'Alger) porte bien cette désignation administrative.
L'entrée de cet ex-haut lieu balnéaire, jadis, fleuron du tourisme local, donne une sensation lugubre à qui parmi les intrépides, veut se «rincer les os». Pourtant, les «fils» de la région défendent, pied à pied, «leur» plage, qui hélas, comme bien d'autres plages dans le pays, sombre et perd de son éclat à cause notamment de l'extension industrielle. En effet, entourée par deux usines - l'une pour le dessalement de l'eau de mer, l'autre pour l'épuration des eaux usées qui se déversent depuis une dizaine d'années - la station, tant choyée, semble abdiquer à cette fatalité qui fait d'elle une plage polluée pour la santé des estivants. D'antan, El Bahdja était pour «Ouled el houma», comme est la Casbah pour les Algérois. Un repère dont s'identifie chacun d'eux. Mais depuis ces dernières années, elle s'est faite, à ses dépens, une triste et regrettable notoriété. La dégradation de l'environnement dans les lieux sanctionnés par l'interdiction, par le wali d'Alger, aux estivants de fréquenter les lieux, a entraîné l'évacuation de toutes institutions y exerçant : Protection civile, Gendarmerie nationale...d'où les risques de noyade, souvent évoqués par les pouvoirs publics. A juste titre, la direction de la Protection civile avait, dans une conférence donnée récemment à la presse, tiré la sonnette d'alarme sur l'ampleur inquiétante de noyades, dont, selon les chiffres communiqués, font état de 35 cas de noyade en un seul mois, depuis le début de l'été. Et comme il fallait s y attendre, El Bahdja n'a pas échappé au triste destin qui fait d'elle un lieu risqué, fortement déconseillé par les pouvoirs publics, à leur tête la wilaya d'Alger.
La réalité n'est pas moins contradictoire. La semaine dernière, un garçon de 9 ans avait péri dans cette plage. Venu de Boussaâda (wilaya de Djelfa) en compagnie de sa petite famille, le gamin avait osé une escapade peu chevaleresque dans la grande bleue. Le courant a eu raison de lui, en dépit de l'intervention de certains jeunes de la localité.
Quelques jours auparavant, quatre autres jeunes, dont la baignade n'est pas la première, ont failli y passer, n'était le courage de ces mêmes jeunes qui ont réussi à sauver, in extremis, ces piètres» aventuriers.
A l'entrée, une plaque, on ne peut mieux implantée, qui ne peut en sus passer inaperçue, annonce, en couleur rouge, la décision notifiée par un arrêté du wali d'Alger, portant interdiction de la baignade. A mesure que nous progressons, s'affirme, de part et d'autre, un décor de chantier. Les débris jonchent le sol.
Il n'y a rien ou presque
Les carcasses de ferrailles s'étendent à perte de vue. La station de dessalement d'eau de mer, installée depuis trois années, surplombe la plage et étend ces deux grands canaux vers la mer. En clair, El Bahdja, n'est plus cette «perle» du littoral de l'Ouest algérois. Elle s'est transformée, par la force des choses et les vicissitudes du temps, en un vaste chantier qui «grignote», au fil des années, une parcelle non moins importante de la plage.
Une fois dedans, l'on a droit à une vaste étendue de 500 mètres de longueur sur laquelle sont parsemés «joyeusement» les vacanciers. Il est tout à fait curieux de rapporter que, nonobstant l'interdiction, de nombreuses familles que nous avons rencontrées, affirment se plaire et apprécient les conditions qui y règnent. Car, d'un côté comme de l'autre, les conditions, les plus élémentaires sont pratiquement inexistantes au grand dam des enfants qui baguenaudent dans l'indifférence la plus totale. Etant officiellement proscrite à la baignade, l'absence de maîtres-nageurs et des éléments de surveillance de la Protection civile est la plus remarquée et le risque d'autres noyades reste toujours de mise.
Par ailleurs, les détritus de la station de dessalement ont déjà enseveli une bonne partie de la plage. L'hygiène dans cette contrée laisse à désirer alors que les eaux usées déversent continuellement sans que cela ne suscite une quelconque réaction de la part des «autochtones». Pourtant, c'est la santé des personnes, des enfants surtout, qui demeure menacée. Mais nos interlocuteurs n'entendent pas la chose de la même oreille.
Révolté contre le sceau d'interdiction infligé injustement à son «amour-propre» qu'est El Bahdja et le laxisme quasi total
des autorités publiques, Saïd Benslimi, gérant d'une gargote, est exaspéré par cette situation qui menace d'abord son commerce de faillite certaine.
Pour ce père de famille de 44 ans, les causes invoquées par la wilaya d'Alger, pour interdire l'accès à la plage, sont infondées et ne correspondent, en aucune manière à la réalité, d'autant plus que de plus en plus «nombreux sont les estivants qui continuent à fréquenter les lieux». «Les fidèles ne sont pas seulement les habitants de la localité. Les émigrés et plusieurs familles résidant à l'intérieur du pays, fréquentent régulièrement El Bahdja» se vante, non sans insistance, notre interlocuteur, qui s'insurge, cette fois-ci, contre la «chasse» aux estivants menée actuellement par les éléments de la Gendarmerie nationale.
Les «fils» du bled défendent «leur» plage
Que font les gendarmes? «Ces derniers, à l'improviste, débarquent avec des chiens pour sommer les gens de quitter les lieux», déplore un ami de Saïd qui, lui, nie en bloc les raisons ayant entraîné la fermeture en brandissant l'autorisation que lui a délivrée l'APC d'Aïn Benian pour l'exploitation touristique: restauration, location de parasols et tentes...«Pourquoi, dès lors, interdir l'entrée de cette plage au moment où les autorités communales nous délivrent ces permis», s'interroge ce dernier.
Dépités, les fidèles de la plage El Bahdja, s'avouent toutefois vaincus contre la force publique. Celle-ci, motivée par le nombre effarant des cas de noyade, semblent plus que jamais décidés à croiser le fer afin de mettre un terme, une fois pour toutes, à ce «terrorisme» d'une autre forme.
Même si les Bahdjaouis tentent, contre vents et marées, de convaincre du bien-fondé de leurs revendications, il n'en demeure pas moins que leur plage «chouchoutée» reste tout de même, dépourvue des conditions les plus sommaires. Un état de fait qui, dans un passé récent, n'a pas été sans conséquence sur la santé de ces mêmes estivants, victimes régulièrement de noyade et de différentes épidémies causées par la propagation persistante des eaux usées. Tout cela se passe aussi au moment même où on tente, ici et là, de réhabiliter, un tant soit peu, le secteur du tourisme en Algérie. Mais pour ce faire, les pouvoirs publics, en dépit des différentes actions engagées, semblent passifs face à la fréquentation continuelle des plages interdites à la baignade par les estivants.
A-t-on besoin encore d'autres victimes pour prendre en compte l'ampleur prise par ce phénomène?


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