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"L'Algérie a les moyens de produire beaucoup de films"
ABDERAHMANE SISSAKO, CINEASTE MAURITANIEN, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 01 - 12 - 2014

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Le père de Timbuktu, le film, a été accueilli chaleureusement, samedi soir à l'ouverture des Journées cinématographiques de Carthage dont la 25e édition a été étrennée dans le faste mais toujours avec élégance et raffinement à l'image de sa directrice Dora Bouchoucha qui a repris les rênes haut la main cette année. Et cela se sentait bien dans l'organisation. Une ouverture à laquelle ont assisté, hormis les invités nationaux et internationaux, le ministre de la Culture tunisien mais aussi quelques hommes politiques qui ont délaissé l'espace d'une parenthèse cinématographique enchantée, le temps des préoccupations électorales. «C'est vous qui méritez d'avoir la Palme d'or à Cannes!» a martelé la comédienne Beyouna à l'adresse de Sissako, invitée elle aussi au JCC. Rayonnante comme à ses habitudes, Beyouna très chic et enthousiaste de sa présence dans «ce mini festival de Cannes mais avec la chaleur en plus» selon ses termes, était elle aussi l'attraction des badauds, preuve à l'appui de sa popularité hors de nos frontières. Touchant, non dénué de poétique, malgré sa thématique grave et dramatique, Timbuktu que nous avons déjà salué ici dans nos colonnes lors de notre visite au dernier festival de Cannes a suscité bien l'admiration des professionnels du 7e art. Entre critique intimiste mais aiguisée des jihadistes, humour décalé, absurdité du quotidien sombre, scène limite burlesque ou fantasque la disputant pourtant à la noirceur du drame qui a secoué le Mali, le film Timbutku avait tout pour ne laisser personne indifférent. Rendez-vous matinal pris, au lendemain de la projection dans un hôtel luxueux, à Gamart, pour un entretien, choisi par le réalisateur, loin du tintamarre de la ville et au lendemain de la soirée arrosée à l'hôtel Majestic. Rencontre simple et généreuse (avec l'auteur du fameux long métrage Bamako), à l'image de l'homme, Abderahmane...
L'Expression: Vous venez de présenter votre film Timbuktu en ouverture des Journées cinématographiques de Carthage. Nonobstant le fait que certains de vos comédiens et techniciens proviennent ou sont originaires de Tunisie, vous l'avez montré dans un pays qui a arraché récemment sa liberté et continue à le faire en résistant contre l'obscurantisme, clin d'oeil fort à votre film qui dénonce l'instrumentalisation de l'islam et ceux qui le combattent...
Abderahmane Sissako:Tout d'abord, il y a juste deux comédiens qui sont tunisiens et, l'équipe du film, qui est je dirai internationale, panafricaine, est composée de Burkinabais, Sénégalais, Algériens, Français et Belges. D'abord, voir son film à l'ouverture d'un festival quel qu'il soit est une grande distinction pour le film. Dans un festival reconnu dans un certain sens où il y a une forme de cinéphilie, comme celui de Carthage, pour moi c'est important pour le film. C'est un honneur aussi dans le sens où à cause du sujet, c'est un pays qui traverse depuis quelques années une situation qu'il brave aussi de façon extraordinaire, qui essaye de le résoudre dans une espèce de bras de fer qui est aussi la démocratie, dans une forme de combat démocratique de rue sans arme. Quand on arrive dans un pays comme ça, qui a déjà un festival, même si mon film n'avait pas été à l'ouverture c'est quelque chose d'important. J'ai un sentiment de satisfaction...
Vous évoquez souvent le mot «espoir», or, la fin du film ne tend pas réellement vers l'espoir si ce n'est cette même image que l'on retrouve, la gazelle et puis ces enfants qui courent éperdument vers l'inconnu effectivement...
Il n'y a pas de happy end à l'américaine. Cette scène de la gazelle et des enfants est déterminante. L'art doit toujours s'ouvrir vers quelque chose de positif, c'est son rôle en dehors du constat de quelque chose de grave, de dramatique. Il faut l'ouvrir. L'ouverture ne doit pas être toujours cette forme presque infantilisante du spectateur. Le fait que les enfants restent vivants, pour moi c'est l'avenir. Même s'ils seront orphelins mais dans une espèce de course vers la vie, donc épargnés. Pour moi il y avait de l'espoir dans ça. Je n'avais pas envie de finir avec un happy end pour gagner je dirai, presque un public, ou terminer par quelque chose qui est une fausse réalité. Il y a de la violence, il y a souvent des crimes. Surtout de ceux qui sont parfois innocents. Un homme ou une femme, alors qu'ils ne sont pas armés et quand ils meurent quelle que soit la raison, pour moi c'est quelque chose de dramatique il fallait en parler et comme ça aussi vers la fin..
Abderahmane Sissako vous avez présenté votre film en compétition officielle cette année au festival de Cannes, vous étiez le seul représentent du continent noir. Le fait qu'on vous rabâche à chaque fois ceci, «le seul représentant du continent noir, une lourde responsabilité» cela ne vous pèse-t-il pas trop? Et d'ailleurs, de quelle responsabilité, de quoi et envers qui, de vouloir représenter en bien ou en mal l'Afrique? En avez-vous conscience et cela n'est pas une charge supplémentaire pour vous?
Je préfère mettre l'accent sur le continent dans sa globalité. L'Afrique n'était pas présente dans sa généralité, mais ça, à la limite je le comprends dans le sens où beaucoup de pays africains n'ont pas fait le travail qu'il faut faire, autrement de mettre la culture au-devant des choses et c'est en mettant le cinéma au-devant, en créant la possibilité qu'il y ait une production beaucoup plus importante, qu'on peut avoir plus de chance qu'il y ait des films africains dans des festivals. Pas seulement à Cannes. On est souvent absent aussi à Toronto, à Berlin, même si il y a une présence avec un seul film, parfois. Mais c'est jamais des masses. Là c'est vraiment une question de production.
Il y a deux ans c'était le tour de Haroun Mamet Salah que vous avez déjà produit d'ailleurs, mais rien d'autre ou presque...
Il n y a pas beaucoup bien sûr. Entre Bamako et Timbuktu il y a 7 ans d'écart. Mais j'ai laissé le temps aussi pour des raisons personnelles, mais effectivement on est absent car il n'y a pas de grandes productions. Quand on prend un pays comme l'Algérie il faut dire les choses telles qu'elles sont. L'Algérie a les moyens. On l'envie pour ses moyens. Mais il y a une faible productivité de films en Algérie. Si beaucoup de films se faisaient, la probabilité d'exister dans les festivals serait beaucoup plus grande. Mais ce n'est pas le cas. Donc il faut une véritable politique mais c'est le cas de beaucoup de pays. Nous considérons en tout cas l'Algérie comme un des pays les plus riches. Je pense que c'est une question de choix de politique véritable. Il faut créer une visibilité...
Je ne sais si vous êtes au courant notre nouvelle ministre de la Culture est elle-même cinéaste et productrice...
Non, je ne le savais pas. C'est un bon signe en tout cas pour le cinéma algérien. Il y a un acte d'espoir probablement dans ça. Il faut des actes concrets. Je pense qu'elle comprendra ça car elle a dû aussi se battre pour faire ses films. Elle est dans la même problématique je crois. C'est une bonne chose en tout cas pour les cinéastes.
De Bamako, à Timbuktu, il y a des sujets très forts qui vous habitent et que vous aimez réaliser dans l'urgence. Cela se sent un peu. On peut dire que vous êtes un vrai cinéaste engagé...
On peut dire ça. D'autres cinéastes le sont aussi. Je pense à Djamila Sahraoui avec son film Yema. Pour moi quand un cinéaste africain a la possibilité de faire des films, il ne peut pas aborder de façon légère son rôle d'artiste dans son pays et dans son continent, car il y a quand même cette notion de responsabilité, quand on devient un peu porte-parole... Cela ne me pèse pas en fait. Je pense que ce sont les femmes qui s'occupent de leurs enfants au quotidien qui portent un fardeau, pas moi. Et c'est lourd à porter. Les hommes qui se battent quotidiennement pour leur vie sans beaucoup d'argent, avec un maigre salaire c'est eux aussi qui portent quelque chose de lourd sur leurs épaules. Mais je comprends quand vous parlez d'une certaine responsabilité qui est plutôt morale... Quand je fais un film, en tout cas je sais que mon acte est sincère. Mais j'ai conscience aussi que cet acte peut ne pas être partagé. Je sais que faire un film c'est aussi une invitation à la liberté de quelqu'un d'autre, de le prendre bien ou pas c'est quelque chose qui ne me dérange pas. Quand on fait le choix de ce métier très tôt, (à 19 ans j'ai fait une école de cinéma), on a cette capacité d'avoir beaucoup de recul et de rigueur dans des choix, dans l'approche, et au final, même si l'Afrique est au coeur, c'est parler du drame humain qui m'intéresse aussi avant tout. La vie de quelqu'un. Et bien sûr l'actualité fait qu'on parle beaucoup plus de jihad dans ce film. L'occupation de Tombouctou est moins le sujet. Ici le sujet important c'est un homme qui va mourir. Qui va laisser une petite fille orpheline, une femme...
En vous reprochant moi-même, hier, le fait qu'il y ait une multitude de sujets qui sont abordés au fond dans cette dénonciation de l'instrumentalisation de l'islam, vous disiez que dénoncer les injustices ce n'est jamais assez...
Absolument et puis je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de sujets, en réalité. Quand il y a une occupation, quelle qu'elle soit, il y a souffrance à plusieurs niveaux. Ce n'est pas à moi de raconter ça aux Algériens qui ont vécu des choses terribles avec énormément de souffrance. On ne compte pas les sujets qu'on veut mettre dans un film, on s'intéresse à une histoire, à un drame. Ce dernier comporte ça.
Pour revenir à l'argent, le nerf de la guerre et surtout dans le cinéma, vous évoquiez hier, sur les planches du théâtre municipal de Carthage le système financier français grâce auquel vous avez pu faire votre film. Un mot là-dessus...
Il ne faut pas que cela devienne politique. J'y reviens là-dessus tranquillement. Je disais au début, quand il y a une politique de soutien au cinéma de façon générale et que ce soutien peut aussi s'adresser aux Africains c'est une bonne chose... Je travaille souvent avec la chaîne Arte. Pour mon film j'ai bénéficié d'une avance sur recettes. J'ai dit en fait cela aussi, pour pousser les autres à une ouverture vers le soutien à la culture. J'ai entendu parler, il y a 5 ans, que l'Algérie avait créé un système de bourse d'aide au cinéma africain avec une somme qui va jusqu'à cinq mille euros, si ça se fait c'est bien et j'aurai dit que l'Algérie a contribué à mon film. J'aimerai bien sûr trouver des partenariats en Algérie pourquoi pas?
C'est quoi l'après Timbuktu?
Le rapport de la Chine et l'Afrique c'est un sujet que j'ai envie d'aborder. Je veux parler des Africains qui sont en Chine et des Chinois qui sont en Afrique. De l'émigration dans les deux sens. Je l'avais avant d'écrire Timbuktu. Je l'ai écrit sous forme de traitement. Le scénario n'existe pas mais je pense que je vais commencer maintenant à l'écrire.


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