Saâdani et Bensalah: duel à distance Abdelkader Bensalah est sorti pour la première fois de sa réserve pour s'exprimer sur un sujet accaparé par son rival du FLN, Amar Saâdani. Le désaccord gagne les partis de la coalition. Ces derniers ne parlent plus le même langage sur le plus important chantier politique du quinquennat. Les deux plus grands partis du pouvoir font des déclarations diamétralement opposées sur l'échéance de la révision de la Constitution. Le FLN et le RND affichent leur désaccord en public. L'un déclare une chose, l'autre dit son contraire laissant place à la cacophonie. La sortie médiatique samedi dernier du secrétaire général du RND a sérieusement secoué la scène politique. Abdelkader Bensalah est sorti pour la première fois de sa réserve pour s'exprimer sur un sujet accaparé par son rival du FLN, Amar Saâdani. Le patron du RND a ainsi jeté un véritable pavé dans la mare qui a provoqué un séisme au sein du clan présidentiel.En effet, Bensalah a contredit les déclarations faites par le secrétaire général du FLN. Premier point de divergence: l'échéance. «La révision constitutionnelle sera dévoilée dans les prochains jours», a annoncé Bensalah à partir de Médéa où il a rencontré les cadres du parti. Cette déclaration est intervenue quarante huit heures après celle faite par Saâdani qui n'a pas exclu un report de la révision de la Constitution: «Le processus ayant trait à la révision constitutionnelle a pris du temps et prendra encore, peut-être, un temps supplémentaire», avait indiqué Saâdani dans un entretien accordé jeudi dernier à TSA. M.Saâdani a même affirmé que la copie finale n'a pas été élaborée du moment que le président insiste sur la participation de l'opposition et qu'il veut à tout prix une Constitution consensuelle. Or, de son côté, M.Bensalah soutient que le projet est à sa phase finale et que la copie a fait l'objet de plusieurs consultations avec les partis politiques et la société civile. Qui dit vrai, s'interrogent les observateurs de la scène politique? Pour eux, les contradictions entre les deux hommes du pouvoir confirment qu'aucun d'entre eux n'est dans le secret de Dieu. «Le projet peut être programmé dans les prochains jours comme il peut être reporté dans l'espoir de voir l'opposition participer», nous explique une source proche du sérail en rappelant l'attitude imprévisible du chef de l'Etat qui peut à la dernière minute surprendre tout le monde par sa décision. M.Bensalah a même reproché à son collègue de l'APN, Larbi Ould Khelifa d'avoir divulgué le contenu de la future Loi fondamentale du pays. «Certaines parties prétendent connaître la date et le contenu du projet du président. Leurs interventions non fondées ont perturbé et déstabilisé la scène politique», a-t-il estimé en faisant référence aux deux responsables du FLN, en l'occurrence Amar Saâdani et Larbi Ould Khelifa. Lors de son passage à l'Entv, le président de l'APN avait annoncé avoir reçu une copie du projet et l'une des nouveautés de la nouvelle Constitution est que le futur chef du gouvernement serait issu de la majorité. Une déclaration qui n'a pas été du goût du RND. Les propos de Bensalah véhiculent une mise au point non voilée à l'adresse de son rival. D'ailleurs, le président du Sénat a rappelé dans son discours que le parti a participé activement au processus de la révision de la Constitution en menant les consultations politiques. Censé se mettre sur la même longueur d'onde sur un projet qu'ils ont défendu bec et ongles, les deux partis du pouvoir font du projet une occasion pour renforcer leurs poids respectifs et se positionner sur l'échiquier politique.
