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Khalifa Parle...
AU 3E JOUR DE SON PROCÈS
Publié dans L'Expression le 07 - 05 - 2015


Le procès est lancé
De 9h à 17h30, ni le président du tribunal criminel ni l'accusé Khalifa n'ont réussi à avoir le dessus!
9h05 Menouar Antar entre avec la composition du tribunal criminel et avant d'appeler le premier accusé Rafik Abdelmoumène Khalifa né en 1966 à Béjaïa, le juge rappelle qu'il est l'unique possesseur de la police de l'audience.
Pharmacien depuis 1988, l'année où il commençait à rêver... La voix très grave mais catastrophée par ce qui lui arrive, Rafik explique son parcours en rappelant qu'il a hérité d'une officine de son défunt père, Laroussi Khelifa, une grand figure du Mouvement national et ministre après l'indépendance. Puis le magistrat lit les chefs d'accusation nombreux par ailleurs, tel l'escroquerie, usage de corruption, faux dans des documents authentiques, usage de moyens frauduleux en vue d'obtenir pas mal de bâtisses dans les communes d'Alger, les plus huppées. Le bras de fer va être très très rude.
Maître Nasredine Lezar, son avocat suit de près les mots qui sortent de la bouche de Antar qui décortique un à un les accusations et inculpés. Pour les usages de corruption, il souligne le caractère formel de ce crime et donne des détails connus depuis la découverte du scandale. Puis la banqueroute aussi est évoquée. C'est alors que Khalifa débute son récit en nommant les projets mis en branle dès l'obtention du feu vert pour ouvrir les banque prévues de longue date.
Du tac au tac
Antar revient à la villa du Paradou (Hydra - Alger). Durant une bonne vingtaine de minutes, c'est carrément un dialogue non-stop. Khalifa Antar sans virgules presque. Khalifa répond du tac au tac au juge, on dirait qu'il s'attendait un peu à ce genre de questions. Dix minutes plus tard, le juge demande sans le sourire à Khalifa de ne pas se répéter en... rappelant l'hypothèque de la villa que la presse avait longuement décriée lors de la découverte du scandale. Rahal, le notaire est évoqué ainsi que Maître Benabid. Des noms de directeurs de banque sont évoqués, cités, juste comme repères dans l'interrogatoire. Puis la liste des associés autour de l'acte convenu autour de l'hypothèque de la villa «Paradou».
La maman et le frangin sont cités. Ce document est longuement débattu à la barre. Dans quel but probablement en vue de préciser que le produit du prêt contre la villa allait servir pour obtenir des réalisations. Coup de tonnerre! Khalifa dit: «C'est un faux!» Le juge ajoute: «Oui, c'est un faux car votre soeur était au Maroc au moment des faits et le frangin était au Service national!» Et Antar de préciser: «Etiez-vous au courant?» Khalifa entre dans les dédales d'une sombre explication mais il a étalé son savoir du dossier. Entre-temps, nous remarquons que l'accusé est carrément «encadré» et solidement par une équipe mixte GN- DGSN. Le magistrat semble accorder beaucoup de temps à ce faux acte en vue de justifier l'accusation. Il ira jusqu'à relire la déclaration de Khalifa devant le juge d'instruction. Il se souvient de tout ce qu'il a déclaré plus de dix ans en arrière!
Une mémoire remarquable surtout lorsqu'il revient sur les deux faux «qui ne jouent pas en ma faveur». «Comment ça? expliquez moi», dit en battant des ailes Antar qui appelle l'accusé par son nom de famille.
-«C'est gentil comme tolérance et largesse!
-Je n'ai jamais pris de crédit à la BDL, Où il n'y a aucun dossier là-bas!» rétorque le détenu qui souligne qu'il n'a jamais demandé à la BDL. A un moment donné, le dialogue s'enfonce dans les répétitions à notre avis inutiles et ennuyeuses de pertes de temps, même si la justice doit être lourde... Khalifa affirme qu'il n'a jamais demandé un faux, sa face est franchement sombre. Il tente de suivre et c'est pour cela, qu'il répond vite surtout lorsque Antar l'appelle: «Suivez-moi: Monsieur Khalifa.» Plusieurs avocats continuent un infernal va et vient, dans les salles le service d'ordre ne veut pas arracher la police de l'audience à Antar qui prie les «perturbateurs» de cesser ce nocif carrousel! Et puis une bonne question surgit: «Comment aviez-vous procédé pour ouvrir une banque en Algérie? Demande le juge.
- J'ai suivi un processus sans avoir besoin d'user de faux documents en vue d'arracher un crédit ou un prêt». Le juge prend son temps et il dit... Maître Lezzar veut intervenir mais Antar refuse et ré-explique la démarche du tribunal qui interroge légalement l'accusé comme si nous prenions nos aises pour travailler. «Chaque partie aura le droit de poser toutes les question en temps voulu!» Khalifa prend un verre d'eau et il est tellement à l'aise qu'il semble être mieux au fait des éléments du dossier et de son contenu... Khalifa reprend ses réponses sans paniquer et écoute le juge trancher: «On est O.K. qu'il y a eu deux faux!» lance le juge mais Khalifa refuse en disant qu'il n'y a aucune signature sur ces faux! «J'ai risqué un acte: celui de Chéraga» jette le détenu qui a envie de tout dire à ce propos mais le magistrat lance que le détenu dément le témoignage de Idir que le tribunal criminel entendra plus tard. «Je vous ai entendu le 6 avril 2015 mais pas encore Idir. Plus tard, nous y reviendrons...» Khalifa balaie tout d'une phrase: «Je n'ai rien à voir avec toute cette saynète», dit-il en lançant son regard depuis Zerg-Erras au greffier. Il est debout en suivant de près le juge...
Il semble s'être bien préparé et point effarouché. L'assistance est déjà lasse à 9h55 par le ronronnement du dialogue qui s'étire sans que Khalifa reconnaisse le crime. Maître Lezzar lève la main. Tout le monde éclate de rire, même Khalifa. Il s'avance et fait une remarque que Antar seul capte. Antar revient sur la société de médicaments et demande son usage en pratique. Le prévenu parle de la fabrication de médicaments de matières premières importées «car ici, ou ne fabrique pas encore de vrais médicaments!».
Maître Merouane Medjdouba ne bouge pas. Il est debout à la droite de Rafik Abdelmoumen depuis une heure. Et si Antar s'accroche en attendant l'aveu du faux et son usage, l'accusé réaffirme qu'il n'est pas concerné en rien dans ce tissu de mensonges. «En 1991, j'ai obtenu 100 millions de dinars de crédit», ajoute-t-il avant d'entrer immanquablement dans les techniques des banques et des explications justifiant les 100 millions de dinars et les autres sommes retirées. «Et ce crédit a servi à quoi?», insiste le magistrat qui suit les réponses de Khalifa qui étale d'où est venue l'idée d'ouvrir une banque.
«L'Etat avait, à l'époque, libéré les banques et encouragé l'investissement privé. J'en ai profité légalement. Il était impératif pour l'Etat de se dégager d'un lourd monopole qui voyait les investissements s'étirer en longueur, sans pour cela affirmer que l'Etat est en faillite!». Les avocats de Blida sont en force dans la salle. Ils suivent le récit de Khalifa qui ne semble pas être «l'ogre» décrit souvent par malveillance ou... jalousie. Il est sûr de ses réponses à tout moment. «J'ai appris sur le tas les techniques des banques. J'ai fait des stages en France autour du financement des banques.» Antar semble ne pas le croire: «Des stages sans arrière-pensée.» Il se taira vingt secondes par tactique et... Khalifa, le pharmacien tente de faire avaler que c'est par pure curiosité qu'il s'est approché des systèmes bancaires. Le juge n'insiste pas et évoque la demande d'ouverture de banque: 1996 du temps de Kéramane, respectueux des procédures de prêts consentis... Antar semblait chercher qui était derrière l'octroi du O.K. de l'ouverture d'une banque, mais ne devinait pas l'état mental de Khalifa. Puis, le lien de parenté avec Kéramane et sa mère (qu'elle repose en paix). «C'est un parent éloigné, sans risque. Je suis chaoui et il est turc!»
Le juge sort du lien de parenté pour celui avec le Trésor de Tipasa et Khalifa affirme qu'il n'avait pas vu de nécessité de fournir un acte authentique au Trésor en vue d'obtenir les 25 millions de dinars. Le représentant du Trésor a ramené des reçus justificatifs. Mais Khalifa veut ajouter le registre du commerce, les impôts et tout l'arsenal pour obtenir un quelconque prêt. 90 minutes s'étaient écoulées et nous en sommes toujours au faux et à son usage (articles 222, 223 du Code pénal). Et pour la première fois, il semble être piégé par une question à propos du cadre qu'il a engagé pour le titre de P-DG de la banque. Maîtres Houcine Bouchina, Belkhider, Chelli, Tayeb Bouitaouine, Mokrane Aït Larbi écoutent religieusement car leurs clients sont concernés par ce dialogue qui fonce vers les deux heures. Ils ne sont nullement surpris d'apprendre que Khalifa est soufi d'origine. «C'est ce qui explique l'ouverture d'une agence à Oued Souf», remarque à dessein le magistrat qui attire l'attention de Khalifa qu'il est au centre d'une immense affaire qui doit être portée et rapportée à l'opinion publique, et s'enfonce de suite sur le comment la nouvelle «bâtisse» a étalé ses tentacules à travers le territoire national. Avant de s'abreuver pour la énième fois, Khalifa rappelle qu'il ne se mêlait pas trop du fonctionnement de la banque. L'organigramme était sous l'autorité d'un directeur général.
Le juge s'étonne que le gouverneur de la Banque d'Algérie était et est censé suivre les évolutions des banques. Et Antar de poser une question à propos du réaménagement de la banque Khalifa: «Etes-vous allé informer les autorités bancaires?» Khalifa semble se satisfaire de ses seules explications et donne même l'impression de savoir ce que veut le tribunal criminel par la bouche du président. Ce qui donne une importante perte de temps, pourtant précieux. Cet interrogatoire nous a donné un net aperçu que ce dossier allait durer... puisqu'à 13h, on en était encore à Khalifa Airways, aux trois usines de dessalement d'eau de mer.
Très confiant
Les accusations d'association de malfaiteur en bande organisée, le séjour aux USA (une journée), en Angleterre, son retour en Algérie et le chapelet d'accusations retenues contre lui. Des accusations qu'il repousse. Il s'est agi même des périodes de non-dédouanement des machines et autres matériels lourds. «C'étaient des spécimens envoyés à titre d'essai», précise Khalifa, très très confiant dans toutes ses réponses. Antar fait le reproche d'avoir eu des relations «invisibles» avec les opérateurs étrangers. «Il s'agit de programmes entamés et non achevés. Les deux stations de dessalement ont été remises au peuple algérien. Il faudrait revoir avec la société maritime qui a procédé au transport. Elle est seule habilitée à vous informer, si vous y tenez!», répond très serein Khalifa qui soulève l'admiration de tous et de ses deux avocats en tête: Maîtres Merouane Medjhouda et Nasredine Lezzar qui écoute son client déclarer avoir regretté s'être jeté dans le bassin des usines de dessalement d'eau de mer. On passe à autre chose... A propos de la villa de Cannes (France), elle a aussi été au centre de cette véritable instruction, comme si le tribunal criminel voulait répondre à Rafik: «Vous vous êtes plaint auprès de vos défenseurs de l'absence d'instruction avant votre comparution? Vous voilà servi M. Rafik Abdelmoumen Khalifa!» Et avant de se permettre une pause, Antar posera une bonne question sur le choix de la «perfide Albion» au lieu de l'ex-Gaule. Et Khalifa de répondre sans humour: «Je n'ai pas choisi la France car les Français ne nous aiment pas.» (rires dans la salle) A la reprise, le juge parlera et même débattra des problèmes de milliards réclamés by phone et des sommes réclamées dans des bouts de papiers: «C'est illogique.
C'est faux. Il y a mensonge car une entreprise ne fonctionne pas ainsi.» Il promet de répondre à ses détracteurs à la barre «lorsqu'ils défileront un à un et mes avocats les attendent de pied ferme pour poser les questions qu'il faudra». L'audience est levée. Il est 17h25.


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