Hannachi à sa sortie du tribunal de Blida Au terme de cette dernière journée d'audition de témoins, un grand soulagement s'est fait ressentir dans la salle d'audience du tribunal de Blida. Ces longues journées d'audition feront désormais place aux plaidoiries et aux délibérations et ce après le passage, très attendu du liquidateur prévu pour ce jeudi. La dernière journée réservée à l'audition des témoins du procès El Khalifa Bank aura été fortement marquée par le passage à la barre du vice-gouverneur de là Banque d'Algerie, Touati Ali. Ce dernier déclarera d'emblée que la relation entre le retrait d'agrément de cette banque et sa dissolution n'était pas à faire. Il explique qu'à son arrivée à la tête de la commission bancaire, et suite aux premières constatations, El Khalifa Bank avait déjà perdu toute solvabilité. Il précisera que le premier rapport établi par la commission et adressé au ministère des Finances faisait état de plusieurs dépassements et irrégularités. Et qu'à ce titre, il devait faire l'objet d'un suivi rigoureux. Ceci en plus du fait que les déclarations émanant de cette banque étaient fausses et ne permettaient pas d'établir un état des lieux. Interrogé sur le rôle de l'administrateur, le témoin dira que ce dernier avait pour mission de remettre sur pied El Khalifa Bank et de protéger les intérêts des épargnants. Il ajoute que dans le cas d'El Khalifa Bank, il était impossible de procéder à une recapitalisation, et ce malgré la proposition de lapport de Khalifa Airways. Il précise que ce n'était pas un problème de fonds, mais de gestionnaires. Pour répondre au procureur général, au sujet du rapatriement des devises de Khalifa Airways, le témoin dira clairement que cette compagnie n'a effectué aucun transfert de ses avoirs vers l'Algérie, alors que la loi stipule le rapatriement de 10% du chiffre d'affaires réalisé à l'étranger. «Je ne sais pas gérer, aidez-moi» Il ajoutera que la représentation d'El Khalifa Bank à Paris, en France, était illégale du fait que les fonds de cette opération émanaient de la Banque d'Algérie. De plus, selon la loi bancaire, les banques ne peuvent pas avoir de représentation mais des agences à l'étranger ou des annexes. Le témoin informera le tribunal qu'il avait refusé de recevoir Abdelmoumene parce que ses demandes d'audience n'étaient pas motivées. Il enfonce le clou en précisant qu'il l'avait convoqué et reçu une seule fois dans le cadre de l'inspection de la commission bancaire. Il ajoutera que lors de cette entrevue, le témoin avait lu tous les griefs que comportait le rapport de la commission, et affirme que Abdelmoumène avait répondu «je ne sais pas gérer, aidez-moi». Suite à quoi Touati Ali confirme ses déclarations au juge d'instruction, concernant le sponsoring de l'équipe de Marseille, et dira qu'il ne faisait pas confiance en cette banque. Il argumente qu'El Khalifa Bank avait fait des acquisitions en France, non domiciliées en Algérie. Il explique que pour lui, l'argent qui devait servir à payer les fournisseurs avait été employé, entre autres pour l'achat d'une villa en Côte d'Azur, précisément à Cannes. Cette dernière avait abrité plusieurs fêtes, notamment celle de la signature de la convention avec l'OM et celle donnée en l'honneur de la Khalifa TV. A la fin de son audition, le témoin Touati reviendra sur le placement des filiales de Sonatrach. Il avancera qu'en tant que membre du conseil d'administration, il s'était violemment opposé à ces dépôts et précise qu'il était à l'origine du blocage de cette opération. La deuxième partie de la journée a été réservée au monde du sport et précisément aux présidents de clubs. Après le passage à la barre des présidents de clubs de l'équipe de Sétif M. Serrar et du club oranais l'Asmo, Belabès Bengueraâ, qui ont déclaré respectivement avoir reçu 4 millions de dinars de la part du groupe El Khalifa, arrive à la barre le président de la JSK, Mohand Cherif Hannachi. Ce dernier avec une grande aisance, déclarera qu'agissant pour le bien de son club, il avait accepté l'invitation de Abdelmoumène, à Alger, pour discuter du sponsoring de la JSK. Il précise que la convention fut rapidement signée, sur la base habituelle. Les joueurs devaient porter l'insigne d'El Khalifa sur leurs maillots. Ceci en plus de l'installation des panneaux publicitaires d'El Khalifa au stade de Tizi Ouzou. Il précisera que cette convention portait également sur la prise en charge par El Khalifa Bank, des salaires des joueurs et du staff technique et il ne manquera de préciser qu'à la JSK, les présidents ne prenaient jamais de salaires. Belloumi, Raouraoua et Maâmar Djebbour Questionné sur les 28 voitures de marque Peugeot 307, le témoin dira que c'est tout à fait normal que le club reçoive des cadeaux de son sponsor, lorsqu'il réalise des résultats aussi importants que la coupe d'Afrique et ce, pour la troisième fois consécutive. A ce moment là le procureur général, l'interrogera sur sa présence à la cérémonie de signature de la convention avec l'OM, il répondra qu'il avait accepté l'invitation et s'est donc rendu à la cérémonie de Paris mais pas celle organisée à Cannes. Le procureur le relance au sujet d'une distribution d'enveloppe de 5000 Francs français, à toute personne présente à cette fête. Le président de la JSK, confirme cette information et dira «j'étais le seul à refuser cette enveloppe. Il terminera son témoignage par une déclaration toute en faveur d'El Khalifa Bank «si El Khalifa Bank était toujours opérationnelle, elle aurait créé des centres de formation pour les sportifs et c'est ce qui manque le plus dans notre pays et je le dis haut et fort, nous étions très à l'aise avec El Khalifa». Le juge Antar poursuit les auditions par la lecture du procès-verbal du président de la Fédération nationale de football, M.Raouraoua, dans lequel le témoin indique qu'à son arrivée à la tête de la fédération il avait trouvé une convention déjà signée avec El Khalifa Bank. Cette dernière portait sur la prise en charge du transport des joueurs à l'étranger, de la restauration et des salaires des entraîneurs. Ceci en plus du fait qu'El Khalifa avait mis à la disposition de l'Equipe nationale, un grand bus. Il ajoutera qu'en date du 02/12/2002, il avait procédé au renouvellement de cette convention pour bénéficier de la prise en charge du transport des clubs de la première division et des salaires des joueurs professionnels ainsi que des entraîneurs. Il mentionnera également un don de sept voitures touristiques de la part d'El Khalifa, et signale leur restitution au liquidateur. Pour Maâmar Djebbour, qui occupait le poste de directeur du service sport du groupe El Khalifa, l'aventure El Khalifa était très constructive. Il dira à la barre, que la relation avec Abdelmoumène datait de la période de création de la banque, mais qu'ils étaient des camarades de lycée. Il dira qu'il était chargé de la signature des conventions de sponsoring, et que son rôle était plus de drainer de la publicité pour la banque. Par ailleurs, il précisera qu'il touchait un salaire de 150.000 DA et 3500 euros. Il terminera son témoignage en disant qu'El Khalifa Bank était sérieuse et faisait du bon travail. D'autre part, face à l'absence de Lakhdar Belloumi, le juge lira le procès verbal du joueur, dans lequel, il est clairement stipulé que Belloumi était employé par El Khalifa Bank pour participer à des manifestations sportives et non pas pour démarcher les grandes entreprises de l'ouest du pays. Ceci étant, Belloumi avait déclaré n'avoir jamais caché le montant de son salaire à El Khalifa Bank, qui était de 80.000 DA, et nie formellement être entré en contact avec les P-dg des entreprises qui ont déposé leurs fonds à El Khalifa Bank Au terme de cette dernière journée d'audition de témoins, un grand soulagement s'est fait ressentir dans la salle d'audience du tribunal de Blida. Ces longues journées d'audition, feront désormais place aux plaidoiries et aux délibérations. Et ce après le passage très attendu du liquidateur prévu pour ce jeudi, et des parties civiles prévu pour aujourd'hui.
