Talaiou El-Houriat a commencé déjà à faire de l'ombre à l'ex-parti unique dans certaines wilayas. Après les congrès régionaux où les délégués ont été élus, le parti de l'ancien candidat aux élections présidentielles de 2004 et 2014, Ali Benflis, s'apprête à organiser son congrès constitutif qui aura lieu les 13 et 14 juin 2015 à l'hôtel Hilton d'Alger. C'est le dernier virage pour le parti Talaiou El-Houriat (Avant-garde des libertés) dont le fondateur a dénoncé des blocages de l'administration avant qu'il ne soit autorisé à tenir son congrès constitutif. En plus du congrès de l'opposition prévu dans les prochains jours, le congrès du FLN tenu fin mai dernier et le retour annoncé de Ouyahia à la tête du RND, le congrès du parti d'Ali Benflis est un autre événement politique important de ces dernières semaines. Ancien chef du gouvernement et ancien secrétaire général du FLN, M.Benflis est devenu l'un des hommes politiques les plus en vue sur la scène politique nationale. Il est le coordinateur du Pôle des forces de changement constitué des partis politiques qui l'ont soutenu lors de l'élection présidentielle du 17 avril 2014. Ce Pôle est membre de l'instance de suivi et de concertation de l'opposition, qui rassemble également les partis de la Coordination nationale pour les libertés et le changement (Cnltd) et des personnalités publiques. Depuis la présidentielle passée, M.Benflis ne rate aucune occasion pour descendre en flammes le système politique, relevant une vacance flagrante du pouvoir et une illégitimité des institutions «de la base jusqu'au sommet». Son parti, eu égard à la mobilisation constatée à l'occasion de la campagne électorale pour la présidentielle du 17 avril 2014 mais aussi au nombre important des militants qui ont participé aux congrès régionaux, est appelé à occuper une place et à peser de tout son poids sur l'échiquier politique. Même si des analystes prévoient que ce nouveau parti ne sera pas à l'abri de «tempêtes» comme celles qui ont frappé son ancien parti, le FLN en l'occurrence, il n'en demeure pas moins que Talaiou El-Houriat a commencé déjà à faire de l'ombre à l'ex-parti unique dans certaines wilayas. Ali Benflis est le seul ancien secrétaire général du FLN, destitué comme bon nombre d'anciens SG du parti majoritaire, à s'en séparer définitivement pour créer son propre parti. Les crises sans fin qui secouent le FLN ont poussé un bon nombre de militants à rejoindre le parti de Benflis, structuré dans plus de 40 wilayas. Talaiou El-Houriat agit, selon son fondateur, «dans le cadre d'une opposition acquise aux vertus de l'ordre et du changement de l'actuel système politique». A l'occasion du congrès régional de l'Est qui s'est déroulé à Constantine, Ali Benflis a expliqué que son parti «défend une voie réformatrice, rénovatrice, rassembleuse, consensuelle et apaisée». L'homme qui a promis de ne pas se taire durant la campagne électorale présidentielle «en cas de fraude électorale» et qui conteste les résultats de cette élection assigne à sa formation l'objectif de «faire éviter au pays les perturbations, la division et l'instabilité». Pour lui, l'Algérie est devant une triple impasse: politique, économique et sociale.
