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«Les amendements sont le fruit du combat de la société civile»
CODE DE LA FAMILLE MME ZOHRA DRIF - BITAT À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 12 - 10 - 2004

Elle dit ne pas craindre un référendum sur les amendements du code de la famille.
Sénatrice du tiers présidentiel, Mme Zohra Drif Bitat est une militante des droits des femmes qui a lutté contre le code de la famille depuis sa promulgation en 1984. Avocate de prétoire, par sa pratique sur le terrain, Mme Bitat a touché du doigt les effets de cette loi qui réduit la femme à un statut de mineure à vie.
En trente ans de militantisme et d'observation de la société algérienne, Mme Bitat évoque pour L'Expression les raisons qui font que l'actuel code de la famille est en porte-à-faux avec l'évolution de la société algérienne.
L'Expression: Vous avez vécu en tant que militante et praticienne du droit, toute l'évolution de la situation de la femme au sein de la société. Quelle appréciation faites-vous sur cette question après plus de 40 ans d'indépendance du pays?
Zohra Bitat : La citoyenneté pleine et entière a été reconnue à l'ensemble des enfants de ce pays dès la 1re Constitution de la République algérienne sans distinction de sexe. En outre, la 1re Constitution algérienne n'a fait que consacrer la réalité de la société algérienne et surtout la volonté de ses membres, après 132 ans de colonialisme et sept années d'une guerre sans merci.
La femme de notre pays a toujours lié intimement son destin à celui de son pays et a été partie prenante de tous ses combats.
Doublement victime, victime de l'ordre colonial, victime de l'ordre social, elle a résisté d'abord pour préserver son pays de l'oppression coloniale et ensuite, elle a participé à son éviction, consciente qu'elle ne recouvrera sa dignité d'être humain et sa liberté que si son pays recouvrait sa dignité et sa souveraineté.
Au lendemain de l'indépendance, personne n'a eu l'impertinence ou le courage de lui confisquer sa victoire.
Au cours des 15 premières années de l'indépendance, une dynamique citoyenne, si je puis dire, a dominé et la femme a vu la consécration dans les lois du principe de l'égalité entre l'homme et la femme que la Constitution, loi fondamentale, lui avait reconnue. Si sur le plan du statut personnel aucune loi n'était intervenue pour réglementer les rapports régissant la cellule familiale, la jurisprudence n'a cessé d'évoluer vers la recherche d'un équilibre. Oh! c'est vrai que l'on était loin du rapport égal, équilibré dans la cellule familiale, mais l'évolution de la société vers une plus grande ouverture, l'évolution des femmes grâce à l'école, le marché de l'emploi qu'elle commençait à investir, semblait devoir nous mener irrésistiblement vers cette égalité que la Constitution avait consacrée. Et puis, brusquement, au début des années 80, on découvrait qu'existait «un vide juridique» sur les rapports dans la cellule familiale !!! N'est-ce pas plus de 15 années, nous tournions dans le vide juridique!!! C'est ainsi que fut justifiée la précipitation qui a dominé l'élaboration d'un code de la famille, qui, incontestablement, niait les bouleversements profonds qui ont induit une quasi-recomposition de la société et des rapports nouveaux au sein de la cellule familiale. Le code de 1984, quelle régression! Et que de maux sociaux il allait générer.
Quel a été, selon vous, l'impact de ce code sur le plan social après 20 ans d'application?
Négatif et destructeur de la cellule familiale, le code de la famille allait déstabiliser gravement la société en jetant des centaines et des centaines de femmes et d'enfants dans la rue depuis maintenant 20 ans. Nul ne peut nier que la prostitution (et même ce que notre société ignorait, la prostitution de jeunes hommes), a pris des proportions effarantes et devient presque une normalité ; la violence dans la rue est due en grande partie à tous ces enfants jetés à la rue, la drogue, etc. Je n'exagère pas, c'est malheureusement la triste réalité.
Les concepteurs du code de la famille de 1984 ont refusé de se pencher sur les profonds changements induits, et par la terrible guerre de sept années qui a cassé, brisé et désorganisé la société et par l'ouverture vers la modernité que la généralisation de l'enseignement et de la formation ancrait dans les nouvelles générations.
Et au nom de la charia islamique, ils ont poussé à l'effritement de la famille oubliant que la charia islamique n'a aucun caractère sacré, qu'elle est l'oeuvre d'hommes qui, en leur temps, ont estimé qu'il fallait réfléchir à l'adaptation des prescriptions coraniques aux réalités nouvelles de leur société, due à leur évolution à travers les siècles. Alors que les imams Malek, Chafirai, Hanbel ont fait oeuvre jurisprudentielle, les docteurs de la loi de notre temps peuvent et doivent le faire.
Quelle appréciation faites-vous des amendements proposés par la Commission Boutarène?
Il s'agit d'une avancée importante vers la traduction dans la réalité de la vie de nos concitoyens du principe constitutionnel de l'égalité entre l'homme et la femme. Certains amendements vont permettre d'arrêter la descente aux enfers qu'ont connue de trop nombreuses Algériennes et de trop nombreux enfants algériens, notamment les dispositions sur le droit au domicile conjugal, sur la tutelle. C'est vrai que l'amendement sur l'abrogation de la présence d'un tuteur comme condition de validité du mariage soulève des vagues d'indignation chez les gardiens du temple. Que ne s'indignent-ils pas quand ils croisent toutes ces jeunes femmes, poussées à la prostitution pour pouvoir héberger et nourrir leurs enfants jetés à la rue par un père (un homme, futur tuteur) qui ne s'acquitte même pas de la misérable pension que le tribunal alloue pour faire vivre, pour éduquer, habiller, soigner un enfant!
Que ne s'indignent-ils pas devant toutes ces femmes contraintes souvent à mendier en utilisant de pauvres enfants pour apitoyer les passants!
Un référendum? Le résultat est pour moi évident. Nous sortons d'une campagne électorale qui a démontré, si besoin est, que notre société est bien plus en avance que la classe politique.
N'oublions pas que les Algériens ont déjà voté massivement pour un code de la famille consacrant l'égalité de l'homme et de la femme quand ils ont voté massivement pour le candidat Abdelaziz Bouteflika qui avait promis de «réparer les injustices infligées à la femme algérienne depuis l'indépendance».
On a l'impression que le président de la République est seul face aux islamistes.
La société a évolué très rapidement sur tous les plans. Elle a de l'avance par rapport à la classe politique nationale. Cela dit, le silence des partis républicains et de la société civile est peut-être une affaire de conjoncture. Le projet en lui-même n'a pas encore été soumis à débat au Parlement. Le commun des Algériens ne connaît pas tout son contenu. Mais je tiens tout de même à préciser que ces amendements sont le résultat d'un long combat qui a été mené depuis 20 ans par la société civile dans son ensemble. L'Exécutif n'a pas pris la décision d'amender ce code de son propre chef.
L'empressement des islamistes à faire barrage au projet, dénote, à mon sens, la panique qui s'est emparée d'eux, sachant que leur discours ne reflète que la vision d'une minorité, totalement en marge de la réalité de l'Algérie du XXIe siècle.
Car il ne faut pas oublier que nous sortons d'une élection présidentielle qui a traduit les aspirations profondes de la société à vouloir vivre son temps.


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