L'artiste au mandole chantant a démontré une nette évolution dans sa démarche artistique et musicale... La salle Ibn Zeydoun a accueilli, mardi soir dernier, un vrai artiste au sens propre du terme tant la recherche au niveau de son style musical est palpable. Mohamed Rouane alias Moh du groupe Mediterraneo a, le temps d'un album signé de son nom et de son empreinte, animé un superbe concert invitant les mélomanes à le suivre vers une terre de rêverie, riche de parfums multiples. Baptisée «Casbah jazz», la soirée s'est articulée ainsi sur la présentation de son disque intitulé Rêve, véritable bijou sensoriel où se mêlent différentes mélodies. Du chaâbi, tindi, andalou en passant par le flamenco, le berouali ou le jazz. Accompagné de Réda à la guitare et de Nazim Ziad, frère de l'autre aussi talentueux batteur Karim - c'est à croire que cela tient de famille - Moh pour les intimes, le mandole à la main, transportera le public, sur une vague de morceaux des plus émouvants, vers un continent où règne la paix éternelle et le bonheur absolu. Teinté cependant de mélancolie, Rêve est un doux songe méditatif. Comme dans l'album, Mohamed Rouane entame son concert par le titre phare, Rêve, qui rappelle l'appel du muezzin. D'ailleurs, c'est sa version instrumentale qu'on écoute actuellement sur radio El-Bahdja. Un signe fort de progrès et de maturité qu'a atteint l'artiste caractérise la musique de Mohamed Rouane qui souhaite faire connaître son instrument, le mandole dans le monde entier notamment arabe. «La guitare est connue. Mon but est de faire connaître le mandole à travers le monde. On est le seul peuple qui joue du mandole et pourtant c'est un instrument qui a été conçu en 1322 et est d'origine perse», affirme Mohamed qui tient à la touche algérienne dans sa musique à caractère méditerranéen. Tin-Hinane, Casbah, Evasion, Oriental jazz, Ilamam...sont autant de titres évocateurs extraits de Rêve, que l'artiste a magistralement interprétés, se hasardant même à se lancer dans l'improvisation. Une belle expérience musicale, que celle de marier une inspiration méditerranéenne au contenu orientalo-algéro-maghrébin à une instrumentalisation moderne. Preuve s'il en est que tradition et modernisme s'épousent bien et ne s'annulent pas. Une particularité qui fait la musique de Mohamed Rouane, c'est justement cet accord parfait et très subtil entre différents styles de musique qui se combinent et se chevauchent avec classe et harmonie. L'essentiel est dans le dosage. Un brin de saveur mélodique que vient épaissir le son percutant d'une batterie mais le tout enveloppé d'un voile de douceur. Ballade est la parfaite illustration de cet attrait d'enracinement de tout ce qui fait notre identité méditerranéenne. Yacine à la voix éraillée, rejoint le groupe pour un morceau où se côtoient flamenco et chaâbi. Un belle démonstration rehaussée par la voix charmeuse de ce musicien-chanteur qui manie également la guitare avec dextérité. Et même si le guembri est absent, on fait avec les moyens du bord et on continue inlassablement à inventer la musique en faisant naître des notes targuies sur un mandole que l'artiste Mohamed Rouane s'est évertué à gratter durant deux heures de concert. Une maîtrise du jeu et une déferlante de titres - des oeuvres composées par Moh - dont certains ne figuraient pas sur l'album à l'image de Turquia. Bref, Rêve est une vraie invitation au voyage. Vous revenez allégé après son écoute. Disponible chez Belda Diffusion, Rêve est un bon produit à avoir chez soi ou encore à offrir...
