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Arafat le dernier des géants
FIGURE EMBLEMATIQUE DE LA RESISTANCE PALESTINIENNE
Publié dans L'Expression le 09 - 11 - 2004

Connu pour sa ténacité légendaire, Yasser Arafat a démontré toute sa vie une capacité hors du commun à se sortir des situations les plus critiques, répétant toujours à ses interlocuteurs: "O montagne, le vent ne t´ébranlera pas." Né Mohammad Abdel Raouf Arafat al-Qoudwa al-Husseini en août 1929 au Caire, il rejoint à 17 ans les groupes armés palestiniens qui luttent contre la création d´un Etat juif en Palestine et participe aux combats de 1947-48 entre Juifs et Arabes, puis à la guerre de 1948 qui suit la création de l´Etat d´Israël.
Brisé par la victoire israélienne, Yasser Arafat retourne à l´université du Caire, où il étudie le génie civil et s´implique davantage dans les milieux politiques palestiniens. S´attirant le mécontentement du président égyptien, Nasser, il part au Koweït où il crée en 1959 le mouvement Fatah pour lutter contre Israël.
Chef de l´OLP en 1969 en février 1969, Yasser Arafat, connu sous son nom de guerre d ´ Abou Ammar, est élu président du Comité exécutif de l´Organisation de libération de la Palestine (OLP) et se fait alors connaître sur la scène internationale par son keffieh à damier et son treillis vert-olive. Il renforce son autorité grâce à sa forte personnalité et à son instinct, qui lui permet de survivre aux complots politiques. Son odyssée le mène en Tunisie, après avoir été expulsé une première fois de Jordanie, puis du Liban par l´armée israélienne. Au terme d´un siège long et éprouvant, il a pu quitter le Liban sur un navire français.
Avec son renoncement à l´option militaire et le déclenchement en 1987 de la première Intifada, qu´il inspire et contrôle, Arafat opte pour des négociations avec Israël. Il dénonce publiquement le terrorisme en décembre 1988 En 1993, il signe à la Maison-Blanche les accords d´ Oslo sur l´autonomie palestinienne, avec le Premier ministre israélien de l´époque, Yitzhak Rabin, et son ministre des Affaires étrangères Shimon Peres, ce qui vaut aux trois signataires de recevoir le prix Nobel de la paix en 1994.
En juillet de la même année, Arafat effectue un retour triomphal dans les territoires palestiniens et il est élu président de l´Autorité palestinienne en 1996. Son rêve reste cependant de retourner dans le secteur arabe de Jérusalem, annexé en 1967 par Israël, et de prier dans la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l´islam. Fin juin 2002, le président américain, George W.Bush, déclare que le dirigeant palestinien est politiquement mort, faisant le jeu du Premier ministre israélien Ariel Sharon qui déploie tous ses efforts pour le marginaliser.
Souvenons-nous de la fameuse phrase mortelle de Sharon: "Arafat est notre BenLaden". Arafat a beau inviter la télévision pour le filmer quand il donnait son sang pour les victimes du 11 septembre, les télévisions occidentales ne retiendront en boucle, que les cris de liesse de quelques dizaines de jeunes, à l´annonce de l´attaque des tours.
Curieusement, quand il s´est agi de l´annonce fausse par la télévision israélienne de la mort d´Arafat, France 2 a montré d´une façon discrète la liesse causée par la mort d´Arafat au sein de la population israélienne qui va jusqu´à promettre, en prime, l´enfer à Arafat, dans l´au-delà.
Depuis décembre 2001, d´ailleurs, il ne pouvait plus quitter son QG de Ramallah (Cisjordanie). Pour les Etats-Unis, la création du poste de Premier ministre de l´Autorité palestinienne début 2003, occupé successivement par Mahmoud Abbas et Ahmed Qoreï, devait servir à mettre définitivement sur la touche le vieux chef palestinien, qu´ils accusent d´avoir fomenté le terrorisme. Musulman sunnite, Yasser Arafat s´est marié en 1992 à son assistante, Souha Tawil, issue d´une famille chrétienne palestinienne et de 34 ans sa cadette. Une fille, Zahwa, est née de leur union en 1995.
La difficile succession en cas de disparition ou d´incapacité da yasser arafat
Arafat lutte encore contre la mort que déjà les Israéliens annoncent qu´il ne sera pas enterré là où il l´aurait souhaité, c´est-à-dire sur l´Esplanade des Mosquées devant le dôme du Rocher. Ecoutons à ce sujet les propos pour le moins inconvenants de Tommy Lapid, ministre israélien de la justice: "Israël autorisera que Yasser Arafat soit enterré dans la bande de Gaza mais il est exclu qu´il soit inhumé à Jérusalem, une ville où sont enterrés les rois des Juifs et pas les terroristes arabes." Lapid a réaffirmé vendredi 5 novembre, l´opposition d´Israël d´accéder au souhait d´Arafat d´être enterré sur l´Esplanade des Mosquées à Jérusalem : "Les Palestiniens choisiront où ils l´enterreront, mais il ne sera pas enterré à Jérusalem".
Ariel Sharon pour sa part, s´oppose catégoriquement à une inhumation, hautement symbolique, du chef palestinien sur le Mont du Temple.
Pour sa part, Elias Sambar, directeur de la Revue d´études palestiniennes, proche de Yasser Arafat, écrivain et intellectuel, estime qu´après la mort probable du raïs, il n´y aura pas de violence entre Palestiniens et Israéliens. Pour lui, Arafat a été l´homme qui a ramené les "Palestiniens à la visibilité". Il pense ensuite que l´enterrement du leader de l´OLP à Jérusalem-Est serait un début de véritable réconciliation. Cette option consiste à enterrer le leader palestinien dans un faubourg d´Aboudis, un faubourg de Jérusalem-Est, quitte à le transférer ensuite à l´Esplanade des Mosquées, une fois le problème israélo-palestinien réglé.(1).
Depuis l ´ hospitalisation d´Arafat le 29 octobre à l´hôpital militaire de Percy à Clamart (France), le Premier ministre Ahmed Qoreï, 67 ans, et son prédécesseur Mahmoud Abbas, 69 ans, ont expédié conjointement les affaires courantes. Ils ont multiplié les réunions des instances palestiniennes dans le souci manifeste de prouver qu´il n ´ y avait pas de vide du pouvoir, mais sans prendre de décisions concrètes. Si les deux hommes briguent le pouvoir, Abbas, secrétaire général du comité exécutif de l´OLP, semble le mieux placé pour prendre les commandes. Il risque toutefois de se trouver confronté aux "jeunes loups" palestiniens.
La génération montante a fait ses preuves au cours du premier soulèvement dans les territoires occupés (fin 1987-1993), et de la seconde Intifada déclenchée en septembre 2000. Parmi eux, figurent deux hommes forts dans la Bande de Gaza et en Cisjordanie, Mohammed Dahlane et Jibril Rajoub, le conseiller d´Arafat au Conseil national de sécurité. Dans la course au pouvoir, la position de quelque 8.000 Palestiniens détenus par Israël risque aussi d´être un facteur déterminant.
D´autant que le plus célèbre d´entre eux, Marwan Barghouthi, 45 ans, chef du Fatah en Cisjordanie, condamné par Israël à la prison à vie pour meurtres, est souvent présenté comme "l´héritier naturel du raïs". (2).
Arafat ou le phoenix qui renaît de ses cendres
Yasser Arafat avait fini par devenir un de ces personnages presque intemporels que l´on retrouve toujours à la même place. Le temps n´a pas de prise sur lui ni sur sa détermination d´homme libre. Vêtu toujours des mêmes habits, le même treillis, le même keffieh, le même sourire et un optimisme à toute épreuve et Dieu sait qu´il en a traversé en 45 ans de combat.
Répétant inlassablement le même discours, défendant une même cause à savoir un conflit presque centenaire qui a démarré en 1917 avec la déclaration de lord Balfour sur le " homeland " pour les Juifs. Le destin a définitivement assigné le même rôle à Yasser Arafat, celui d´assumer l´histoire de son peuple à travers un demi-siècle.
Arafat que l´on dit avoir sept vies est comme le phoenix qui renaît, continuellement de ses cendres. Il aurait pu disparaître dix fois, vingt fois, victime de complots, encerclé dans des batailles souvent perdues. Souvenons-nous de 1948 et Dir Yassine, de 1967, de septembre noir en 1970, les légions bédouines du roi Hussein de Jordanie, purent en toute impunité massacrer les Palestiniens. Il a fallu l´intervention de Nasser pour arrêter le massacre.
Quatre ans plus tard, l´Algérie dirigeait le Conseil de sécurité et le ministre des Affaires étrangères de l´époque, Abdelaziz Bouteflika, donna la parole à Yasser Arafat, pour la première fois à la tribune des Nations unies. Le président Boumediene déclarait, à l´époque,:
"Nahnou ma´a falastine dhalima aoue madhlouma" ; ce que l´on peut traduire dans le sens suivant: "Nous sommes avec la Palestine, quelle que soit sa politique".
Huit ans, plus tard, ce furent les massacres de Sabra et Chatila en 1982 au Liban, perpétrés par un certain Sharon qui reviendra trente ans plus tard, tenir en résidence surveillée depuis trois ans le leader palestinien. Souvenons-nous et sans être exhaustif, de l´attaque du quartier général à Tunis, et celle de Ramallah : la Moukata´a est pratiquement détruite. Souvenons-nous enfin de son accident d´avion en 1992 dans le désert libyen. Ce trompe-la-mort était la cible désignée à tous ses ennemis qui n´étaient pas uniquement israéliens. Fourvoyé dans de multiples impasses, exilé plusieurs fois depuis 1948 loin de sa Palestine, cerné, marginalisé, épuisé et trompé par les dirigeants arabes qui font de sa cause, un faire-valoir auprès de leur opinion publique, il eut une vie tumultueuse qui n´était pas de tout repos. Cet ingénieur en hydraulique aurait pu faire fructifier sa fortune et vivre, voire bien vivre. Non, il se sentait, à sa façon, investi d´une mission de la providence. Redonner une partie de sa terre à ce peuple qui accepte de vivre sur 22 % de son territoire originel depuis plus de 2000 ans.
Ce "trompe-la-mort" qui a connu tous les grands dirigeants de la planète, semble être revenu de tout. Protégé par une baraka de tous les instants, il semblait invulnérable aussi bien physiquement que politiquement. Il réapparaissait chaque fois, sur la scène internationale comme au premier jour avec treillis et keffieh.
Que les Israéliens le traitent de terroriste, c´est de bonne guerre, ce qui n´est pas normal, c´est que l´opinion occidentale ne fasse pas la part des choses. Qu´elle regarde un peu en arrière pour s´apercevoir d´une part que les fondateurs de l´Etat d´Israël étaient des terroristes, à commencer par Menahim Begin. Est-ce que l´on est terroriste quand on lutte pour sa terre avec de faibles moyens. Cela me rappelle une phrase de Larbi Ben M´hidi, interrogé peu après son arrestation sur les méthodes du FLN: "Donnez-nous vos avions avec lesquels vous bombardez des villages et tuez des dizaines de victimes innocentes, et on vous donnera nos bombes." Qui est terroriste, celui qui se bat avec les armes du désespoir au besoin en sacrifiant sa vie, ou le pilote qui lance, sans état d´âme, un missile sur la chaise de Cheikh Yassine au sortir de la mosquée?
Conclusion
"Que ça plaise ou non, Yasser Arafat était la Palestine, c´est-à-dire écrit Jean Claude Souléry, l´icône imperturbable d´une patrie en miettes, l´incarnation possible d´un probable Etat palestinien. C´est sans doute la raison pour laquelle, même dans son repaire, cerné au milieu de son peuple, par les chars israéliens, Arafat, parlait, recevait, et agissait... comme s´il avait l´éternité devant lui".(3).
Yasser Arafat, en combattant, savait être un politique, il savait prendre les virages rendus nécessaires par le mouvement de l´histoire.
Ainsi, c´est à Alger, qu´il annonce en 1989, la création d´un Etat palestinien, en effaçant de la Constitution la mention de la destruction de l´Etat palestinien.
Un autre que lui n´aurait pas pu faire admettre cela aux multiples mouvements de libération.
Le Fidaï se mua progressivement en homme d´Etat, il devint l´interlocuteur privilégié lors des multiples conférences et accords.
Il fut l´artisan des accords d´Oslo en 1992. Ce qui lui permit de rentrer triomphalement à Jéricho et à Ramallah.
Il faut, cependant, s´interroger sur la chance perdue des négociations de Wye River.
Tout le monde s´accorde à dire qu´on était à deux doigts d´un accord définitif qui buta, en définitive, sur le statut de Jérusalem. Ehud Barak débordé par sa droite, ne put rien faire quand en septembre 2000, Ariel Sharon qui, selon toute vraisemblance savait que sa visite à l´Esplanade des Mosquées allait déclencher la colère des Palestiniens, donna le coup d´envoi de la deuxième Intifada et prit le pouvoir en février 2001.
On sait maintenant que toutes les avancées de Wye River appartiennent au passé.
La feuille de route proposée par les Américains est, pour le moment, ignorée par Israël comme elle a ignoré les 50 résolutions de l´ONU, dont certaines contraignantes. L´Irak a été envahi sans accord sur une résolution de l´ONU.
Il reste qu´au-delà de la personnalité de Arafat, il y a, heureusement, une société palestinienne bien structurée qui a une pesanteur culturelle et une maturité qui n´existent dans aucun pays arabe.
La démocratie fonctionne correctement au sein des structures dirigeantes palestiniennes. Nul doute que l´héritage d´"Abou Ammar" sera bien gardé et que l´avenir du peuple palestinien est entre de bonnes mains.
(1). Interview de Elias Sanbar, Par Jean-Pierre Elkabbach Le 5 novembre 2004
(2). Le Télégramme 05/11/2004
(3). Jean-Claude Souléry : Arafat, destin inachevé. La dépêche du Midip.2. 5 novembre 2004.


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