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La vérité entre poétique et cruauté
13ES RENCONTRES CINEMATOGRAPHIQUES DE BEJAIA
Publié dans L'Expression le 12 - 09 - 2015


Scène du film Bla cinéma
Trois films, trois formes, une seule thématique ou presque. L'Algérie entre cassure et aliénation post-terrorisme...
Le premier est un documentaire, signé Lamine Amar Khodja. Son nom Bla cinéma. Comme il le sous-entend, ce titre fait évoquer cette parole libérée qui est mise en exergue et que le réalisateur avec une subtilité et une perspicacité avérée a su capter en enregistrant dans sa boîte, au fur et à mesure de sa villégiature au quartier de Meissonnier, juste à côté de la salle de cinéma Sierra Maestra connue entre autres pour avoir été inaugurée par Che Gavara.
De la révolution du passé qui se joint à l'idée de libération des moeurs, entre tabou et conservatisme, des paradoxes propres à l'Algérie qui se révèlent devant la caméra de Khodja. Le sujet de son film, faut il le rappeler, consiste à la base, à interroger ces gens rencontrés sur la placette, autour du cinéma. Que regardent-ils? Vont-ils au cinéma? Très vite le sujet bifurque vers d'autres préoccupations légitimes et somme toute symptomatiques de la situation sociopsychologique dans laquelle beaucoup d'Algériens sont tombés après les années noires qu'a traversées le pays.
Le miroir de notre société
Des années qui ont créé le vide et l'autarcie chez beaucoup de jeunes et poussé comme l'on sait à la fermeture des salles de cinéma et la fuite de beaucoup d'artistes hors de nos frontières pour sauver leur peau. Sans artifice, le réalisateur va vers ces gens qui apportent chacun sa vérité sur notre temps d'aujourd'hui, révèle ses opinions sociopolitiques, sur le rôle du cinéma ou de la télévision, parle de misère sociale, de corruption, d'aliénation mentale, rigole, mais se plaint aussi beaucoup. Que ce soit le gardien de la salle, autres badauds, des pères désoeuvrés ou encore une fillette sortie tôt de l'école et dont le seul rêve est le mariage, tous convergent vers un désarroi collectif post-traumatique qu'ont généré ces années d'effroi et de disette culturelle. Le film est d'autant plus intéressant dans le sens où ses à-côtés deviennent le miroir des non-dits de notre société. Le cinéma est la vie. Avec leurs digressions, ces intervenants deviennent les acteurs du film de Lamine Amar Khodja qui comme Mohamed Zinet dans Tahia ya dido détourne son sujet pour en faire un brûlot politique à forte charge sociologique.
En effet, Bla cinéma est un film utile est d'autant émouvant qu'il tend à se transformer en une excellente enquête sociologique qui libère les consciences comme un miroir non pas déformant de nous-mêmes pour une fois, mais reflète bel et bien avec notre rapport rationnel à la réalité, des plus banales qu'on ne peut occulter. Dans un autre registre, plutôt poétique est le film La Nuit et l'enfant de David Yon. Tourné à Djelfa et coécrit par le cinéaste mais aussi un des comédiens originaires de cette ville et un Algérois artiste plasticien ayant quitté le pays durant la tragédie nationale, le film évoque avec subtilité cette période sanglante de l'Algérie tout en finesse et une forte dose d'esthétisme.
Un homme et un enfant marchent beaucoup dans la nuit. Ils fuient le mal. Le jeune homme demande au petit garçon de compter les étoiles à la tombée de la nuit, en attente de l'arrivée du soleil, afin de vaincre sa peur. Le film ne montre pas la mort, il suggère plutôt par des rituels d'animaux et autres ambiance chaude cette atmosphère nocturne qui entoure notre âme et enserre nos coeurs face à un terrible événement. Par métaphore et quelques signes saupoudrés ici et là on repeint les tableaux de ce passé qui a jeté ce jeune homme qui médite sur son sort dans un gouffre sans fond et finit par se demander qui est-il devenu à la fin. Si le film épouse un rythme temporel bien particulier, orchestré par la succession de plusieurs plans serrés et de dialogues au scalpel, l'expérience sensorielle, elle, est accentuée par l'effet expérimental des gestes, couleurs et lumière des espaces. Parfois le rêve se confond avec la réalité. Comme cette séquence où le jeune homme court après un train, mais n'arrive pas à le rattraper, son temps est-il dépassé? «je n'ai pas eu le temps de construire un bateau, que la mer avait déjà séché» dit un texte en arabe découvert sur les murs d'une grotte ou une maison.
La poésie arabe accompagne ce film en lui procurant un zest de romantisme indicible qui, doublé du sentiment de solitude pousse le spectateur à se fondre dans un univers mélancolique, clos et même angoissant que viennent alléger quelques ingrédients comme la scène de danse ou le sourire de l'enfant. Les abeilles se meurent de ne pas trouver assez de fleurs pour butiner tout comme l'eau de ce beau paysage s'avère être empoisonnée. En voilà quelques signes qui rappellent que la mort rode par là immanquablement, cependant, même si notre innocence fut ôtée trop vite, la vie doit continuer en ayant droit de cité...
Séquences de vie
Enfin, le film qui aura retenu l'attention de la soirée de jeudi dernier, projeté cette fois à la cinémathèque de Béjaïa est Je suis mort de Yacine Belahdj, déjà primé au Festival du film arabe d'oran. Décliné en plusieurs blocs narratifs des plus longs, le film qui forme un puzzle décousu de notre humanité, dépeint des séquences de vie souvent pathétiques mais où l'émotion est mise à rude épreuve. Le réalisateur paraît se délecter du mal à l'aise du spectateur comme pour accentuer ce mal-être qui nous habite et dont on veut souvent faire abstraction. L'abstraction tout comme le déni de soi-même, est reliée par des mécanismes tout aussi pervers mais qui se soldent au final par des scènes aériennes aussi troublantes que tragiquement belles. Sans raconter cette histoire qui ne se raconte pas au final, on pourra dire qu'il est question d'un père au chômage dont la frustration le pousse à agir mal envers son fils, à voler une voiture qui appartient à un tueur, tandis que le petit garçon de l'autre ne rêve que d'une seule chose: trouver un masque de gorille pour faire sensation auprès de ses camarades d'école.
Du grotesque en somme tout comme le surréel qui caractérise le film de David Yon. Deux critères de cinéma pour dire des choses par le ressenti. La sensation ou comment décrire notre instinct viatique qui nous pousse à dire le monde dans lequel nous vivons. Des billets d'argent mais aussi du sang en gouttelettes, des regards, de la peur, de la colère, et une chasse à l'homme comme il en a existé depuis la nuit des temps...


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