ont été admis pour être traités contre la malnutrition, le nombre le plus élevé depuis le début du conflit. Le mois de juillet s'annonce encore plus grave, avec 5.000 enfants admis au cours des deux premières semaines seulement. Avec moins de 15 % des services essentiels de traitement nutritionnel actuellement opérationnels, le risque de décès liés à la malnutrition chez les nourrissons et les jeunes enfants est plus élevé que jamais. Selon le rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), le « pire scénario de famine est en cours dans la bande de Ghaza » en raison de l'intensification des combats, des déplacements massifs de populations et des restrictions à l'aide humanitaire. «Les dernières données indiquent que deux des trois seuils de famine ont désormais été franchis dans certaines parties du territoire », soulignent le Programme alimentaire mondial, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), avertissant que le temps presse pour mettre en place une réponse humanitaire à grande échelle. En mai dernier, le consortium, qui détermine le niveau d'insécurité alimentaire selon cinq niveaux, avait classé 1,95 million d'habitants de la bande de Ghaza (93% du total) en situation de «crise» (niveau 3), dont 925 000 en niveau 4 urgence et 244 000 en situation de catastrophe (niveau 5). Une nouvelle analyse chiffrée de la situation est en cours. Des faits indéniables «Les souffrances insupportables du peuple de Ghaza sont déjà évidentes aux yeux du monde entier. Il est inadmissible d'attendre la confirmation officielle de la famine pour fournir l'aide alimentaire vitale dont ils ont désespérément besoin». Près de trois mois plus tard, plus d'une personne sur trois (39 %) passe désormais plusieurs jours sans manger. Plus de 500 000 personnes, soit près d'un quart de la population de Gaza, vivent dans des conditions proches de la famine, tandis que le reste de la population est confronté à une situation d'urgence alimentaire. «Cela ne ressemble à rien de ce que nous avons vu au cours de ce siècle. Cela nous rappelle les catastrophes survenues en Ethiopie ou au Biafra au siècle dernier», a ajouté, de Rome, Ross Smith, Directeur des urgences du PAM, insistant sur la nécessité d'«une action urgente». Pour l'agence onusienne basée à Rome, c'est clairement une catastrophe qui se déroule sous nos yeux, devant nos écrans de télévision. « Ce n'est pas un avertissement. C'est un appel à l'action ». D'autant que la malnutrition aiguë – deuxième indicateur clé de la famine – a augmenté à un rythme sans précédent à Ghaza. Dans la ville de Ghaza, les taux de malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans ont quadruplé en deux mois, atteignant 16,5 %. Cela témoigne d'une détérioration critique de l'état nutritionnel et d'une forte augmentation du risque de décès par famine et malnutrition. Plus de 320 000 enfants en mois de juillet, soit l'ensemble de la population âgée de moins de cinq ans, sont exposés à un risque de malnutrition aiguë, et des milliers d'entre eux souffrent de malnutrition aiguë sévère, la forme la plus mortelle de sous-alimentation. «Des enfants et des bébés émaciés meurent de malnutrition à Ghaza », selon l'Unicef, plaidant pour un accès humanitaire immédiat. « Sans cela, les mères et les pères continueront à vivre le pire cauchemar d'un parent, impuissants à sauver un enfant affamé d'une situation que nous sommes en mesure de prévenir». « Ce cauchemar doit cesser » «Les faits sont là, et ils sont indéniables. Les ghazaouis subissent une catastrophe humanitaire d'une ampleur inouïe. Ceci n'est pas un avertissement. C'est une réalité qui se déroule sous nos yeux », a-t-il ajouté dans une déclaration à la presse. Il a appelé à inonder le territoire d'aide humanitaire. Pour ce faire « nous avons besoin d'un cessez-le-feu humanitaire immédiat et permanent ; de la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages ; et d'un accès humanitaire complet et sans entrave à Ghaza ». La malnutrition n'épargne personnes. De plus en plus de femmes et de filles sont contraintes à adopter des stratégies de survie de plus en plus dangereuses. Un million de femmes et de filles sont confrontées à la faim, à la violence et aux abus. «Les femmes et les filles sont confrontées à un choix impossible : mourir de faim dans leurs abris ou s'aventurer à l'extérieur à la recherche de nourriture et d'eau, au risque extrême d'être tuées. Leurs enfants meurent de faim sous leurs yeux. C'est horrible, inadmissible et inacceptable. C'est inhumain». Les femmes et les enfants ont trop longtemps été les premières victimes de cette guerre. Plus de 28 000 femmes et filles ont été tuées, la plupart d'entre elles étant des mères qui ont laissé derrière elles des enfants et des personnes âgées sans protection ni personne pour s'occuper d'eux. Sur le terrain, malgré une réouverture partielle des points de passage, l'aide humanitaire qui entre à Ghaza ne représente qu'une infime partie de ce dont une population de plus de deux millions de personnes a besoin chaque mois. Rien que pour couvrir les besoins humanitaires de base en matière d'alimentation et de nutrition, plus de 62.000 tonnes d'aide vitale sont nécessaires chaque mois. Les agences espèrent que les mesures prises dimanche par Israël permettront d'augmenter rapidement l'aide alimentaire et nutritionnelle dont les populations affamées ont besoin de toute urgence, sans plus tarder. Pour autant, les largages aériens de vivres récemment autorisés par Israël «ne seront pas suffisants pour inverser la catastrophe humanitaire», avertit le rapport de l'IPC, selon qui ces parachutages sont plus coûteux, moins efficaces et plus dangereux que les acheminements par la route. « Nous devons inonder Ghaza d'une aide alimentaire à grande échelle, immédiatement et sans obstruction, et la maintenir chaque jour afin d'éviter une famine massive. Des personnes meurent déjà de malnutrition et plus nous attendons pour agir, plus le nombre de morts augmentera ». Samir Sabek