Quel avenir pour l'audiovisuel marocain? C'est la question que se pose la majorité des professionnels du secteur. En tout cas les différents rapports établis depuis quelque temps par les professionnels font état d'une crise majeure dans ce secteur. Au Maroc, c'est surtout le taux d'analphabétisme, qui reste élevé qui menace le paysage audiovisuel. Selon les estimations publiées par l'Unesco en 2015 (Unesco Intitute for Statistics), le taux d'alphabétisme des adultes est de 67%, (celui des femmes est de 58%). Ainsi, la télévision et la radio restent des moyens essentiels d'information et de divertissement, même si Internet et les écrans mobiles sont en expansion et complètent le nombre des médias à la disposition d'un nombre croissant de ménages. Aujourd'hui, plus de 90% des ménages ont un téléviseur, et selon l'Union internationale des télécommunications, près de 57% des Marocains utilisaient Internet en 2014. Ainsi, la baisse sensible de l'audience de la télévision publique marocaine a poussé le secteur dans une grave crise. Le rapport d'une enquête de grande envergure menée sous l'égide de l'Institut royal des études stratégiques en 2012 révélait déjà que plus de personnes interrogées font confiance «aux chaînes arabes, captées par satellites (41,5%) qu'aux chaînes marocaines 2M (36%) et TVM (33,8%)». Les structures de la RTM télévision publique marocaine n'ont pas évolué. Aujourd'hui, près de 2 300 personnes travaillent au sein de cet organisme, et 900 sont employées par la chaîne 2M. L'essai d'un média lourd privé n'a pas tenu ses promesses. Radio Méditerranée internationale ou Medi1 qui, dès son lancement en 1980, est commerciale. En 1989, la chaîne 2M International est la première télévision privée à voir le jour au Maroc (elle sera suivie plus d'une quinzaine d'années plus tard par MédiTV). Ces chaînes ont donc été lancées alors que l'organisme de Radiotélévision nationale et les activités de l'audiovisuel étaient des monopoles d'Etat. Mais très vite le secteur public récupère la 2M International. C'est devenu une co-entreprise dont l'actionnaire principal, à raison d'un tiers du capital, était la société holding ONA (Omnium Nord-Africain) détenue par la famille royale et dirigée par Fouad Filali, l'ancien gendre du roi Hassan II. Les deux tiers restants étaient répartis entre la Banque marocaine pour le commerce extérieur (Bmce), le groupe québécois Vidéotron et TF1. L'Etat marocain augmentera sa participation à 70% du capital, hausse financée par un prélèvement automatique sur les factures d'électricité. 2M est depuis la deuxième chaîne publique, non cryptée (la première chaîne publique, TVM, a été créée en 1962). Entre août et septembre 2002, deux décrets consacrent respectivement la fin du monopole d'Etat sur l'audiovisuel, ainsi que l'institution d'une autorité de régulation: la Haute Autorité de la communication audiovisuelle. La Haca se compose d'un Conseil supérieur de la communication audiovisuelle (Csca) et d'une direction générale de la communication audiovisuelle, en plus du président de l'institution. Son rôle est essentiellement consultatif. Mais cette autorité ne régule que les chaînes du paysage audiovisuel public. Au Maroc, il n'existe presque aucune télévision privée et les grosses fortunes marocaines préfèrent investir dans le cinéma que dans l'audiovisuel. [email protected]