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Un tournant : le Décembre 1960 du peuple des villes
HISTOIRE INTERIEURE DU FLN (1954-1962) DE GILBERT MEYNIER
Publié dans L'Expression le 11 - 12 - 2004

LE FLN prit la balle au bond pour organiser l'avenir.
L'ouvrage Histoire intérieure du FLN (1954-1962) (*) de Gilbert Meynier, préfacé par Mohammed Harbi, est non seulement important par le sujet qu'il traite mais complet et sûr à bien des égards par la somme considérable des informations puisées directement aux multiples sources historiques indispensables : documents en arabe et en français, enquêtes personnelles, publications des historiens et mémoires d'acteurs de l'immense événement national algérien.
L'auteur, agrégé d'histoire et docteur ès lettres, a vécu et enseigné trois ans dans l'Algérie indépendante et a pu connaître le pays et apprendre la langue des Algériens. Son étude est celle d'un historien libre qui, bien qu'ayant «adhéré pleinement à la lutte des Algériens pour leur indépendance», observe rigoureusement les repères historiques essentiels pour essayer de dire au plus juste et au plus proche de la vérité «une histoire intérieure du Front de libération nationale algérien de 1954 à 1962».
En ce qui concerne ici Le Temps de lire, il est intéressant de livrer à nos lecteurs des extraits d'une bonne feuille de l'ouvrage en question et se rapportant aux journées populaires d'un certain Décembre 1960 qui contribuèrent à accélérer le cours du destin du peuple algérien vers l'indépendance:
«À l'occasion de la visite de De Gaulle en Algérie prévue pour décembre, les ultras du F.A.F. (Front pour l'Algérie française) organisèrent des manifestations contre la politique gaullienne d'«abandon». Elles tournèrent parfois au combat de rue et furent émaillées de provocations contre les Algériens et de «ratonnades». À Alger, ce fut au départ en réaction contre les ultras que, de Diar El Mahçoul, Diar Saada, du Clos-Salembier, de Belcourt, de la Casbah, des milliers de jeunes gens descendirent dans la rue à Alger, à partir de l'après-midi du 10 décembre. Officieusement le bruit avait couru que les autorités françaises ne s'opposeraient pas à des Algériens qui voudraient manifester contre les ultras et en faveur de la politique algérienne de De Gaulle.
Les manifestations culminèrent le lendemain 11. Armés de gourdins, de barres de fer, de chaînes de vélo, les manifestants brandissaient des drapeaux algériens. Ils chantaient des chants patriotiques. Ils criaient «Vive de Gaulle !», et surtout des slogans favorables au F.L.N.: «Vive le F.L.N. !», «F.L.N. vaincra !», «Algérie musulmane !», «Abbas au pouvoir !», «Négociations Abbas-De Gaulle !», «Vive l'indépendance !», «Libérez Ben Bella !»... Ils s'en prirent aux Européens rencontrés et ils saccagèrent la grande synagogue de la Casbah. À Bab El Oued notamment, il y eut des affrontements entre Européens et Algériens.
Dans l'après-midi du 11 décembre, devant ce spectacle incroyable dans une ville réputée matée depuis la grande répression d'Alger de 1957, des troupes françaises, et notamment des parachutistes du 18e R.P.C. rentrèrent dans la ville qu'ils avaient investie près de quatre ans auparavant. Ils ouvrirent le feu à l'arme automatique sur les foules des manifestants. Il y eut encore des manifestations et de nouvelles fusillades le 12. L'exaltation de la foule, qui affronta désarmée les mitrailleuses, témoignait d'un surgissement patriotique exacerbé par le retour d'un refoulé accumulé depuis près de quatre ans : pratiquement détruit en tant qu'organisation à Alger en 1957, le F.L.N., revenait en force par la voix des jeunes du peuple des villes, dans une ambiance de fraternité chaleureusement retrouvée : il était symbole de liberté.
À Oran, il y eut aussi des manifestations, parties des quartiers algériens (Ville Nouvelle, Lamur, Planteurs, Cité Petit, Victor-Hugo, Sanchidrian), en réaction à des actions organisées par les ultras. Là aussi, également des jeunes, mais, semble-t-il, davantage de filles qu'à Alger. De source française, il y eut 11 morts. Si le bilan ne fut pas aussi sanglant qu'à Alger, toutes les grandes villes d'Algérie furent également le théâtre de semblables démonstrations. D'autres se produisirent aussi dans un grand nombre de petits centres.
D'après les chiffres officiels français, le bilan des journées de décembre aurait été de 120 morts (dont 90 à Alger), dont 112 Algériens (dont 84 à Alger) et de plusieurs centaines de blessés. De source algérienne, le bilan fut estimé plus lourd. À s'en tenir aux seules évaluations officielles françaises, plus des neuf dixièmes des cadavres étaient algériens alors même que c'étaient les ultras européens qui défiaient la politique gaullienne.
Jusqu'au bout, la discrimination coloniale continuait à régner dans le sang. Même les élus officiels de la troisième force furent ébranlés. Heurtés par la politique des deux poids-deux mesures, et voyant se profiler la victoire du F.L.N., ils prirent définitivement leurs distances avec la France coloniale. Ce fut l'enterrement de la troisième force. Un officier français, mélancolique, constata, selon une formule désormais célèbre: «Nous avons subi un véritable Diên Biên Phu psychologique (...). Le 16 mai 1958, nous n'avions pas la situation militaire en main et... tout le monde criait ‘‘Vive la France !''. Aujourd'hui, nous avons gagné sur le plan militaire, mais on crie ‘‘Vive le F.L.N. !''.»
Les manifestations de décembre marquèrent un tournant. [...] De Gaulle, s'il en était besoin, constata quelles étaient les convictions des Algériens: c'était bien au nom du F.L.N. que le peuple des villes manifestait. Cela ne put que fortifier ses résolutions d'en finir avec le «boulet» algérien.
[...] Pourtant le F.L.N. n'avait pas vraiment organisé les manifestations de décembre. Il est possible que des consignes aient été vaguement données [...] Mais partout, il semble que les démonstrations d'Algériens en faveur du F.L.N. aient été largement spontanées. [...] Cela dit, le F.L.N. eut inopinément la révélation de la puissance des masses urbaines mises en mouvement. Il sut l'exploiter. [...] Des modèles de slogans furent donnés et des instructions strictes édictées pour orchestrer des manifestations sans danger de dérives. Des drapeaux algériens davantage fabriqués en série succédèrent aux étoffes vert et blanc cousues au sein des familles. Le contexte de retrouvailles patriotiques fraternelles de décembre 1960 fit que cette politique de nationalisation bureaucratique du peuple connut un plein succès : décembre 1960 avait en paroxysme dressé les communautés les unes contre les autres. Dans les villes, spontanément, le F.L.N. retourna à sa vocation, celle d'un organisme de conditionnement collectif.
[...] Le bruit des mouvements de décembre allait porter quelques jours plus tard à l'O.N.U. Y fut votée, par 63 voix contre 8 et 27 abstentions, la résolution historique reconnaissant «le droit du peuple algérien à la libre détermination et à l'indépendance». [...] La majorité des deux tiers fut manquée d'une voix pour qu'une résolution demandant un référendum sous les auspices de l'O.N.U. fût votée.
Bref, le F.L.N. prit la balle au bond pour organiser l'avenir. Depuis 1958, il avait considérablement élargi son rayonnement international. [...] Et dans d'autres domaines, à l'Intérieur comme à l'Extérieur, le F.L.N./Etat tâchait d'organiser l'avenir selon ses vues dans tous les domaines. Il y eut donc, à plusieurs égards, un F.L.N. gestionnaire et bâtisseur.»


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