La Compagnie nationale des hydrocarbures qui a prévu d'investir pour plus de 90 milliards de dinars pourrait être contrainte d'y renoncer avec des prix évoluant sous les 30 dollars. Mamelle essentielle de la trésorerie du pays, Sonatrach à l'instar de toutes les grandes compagnies pétrolières sévèrement affectées par la dégringolade des prix du pétrole n'aura probablement pour unique alternative que de revoir ses prétentions à la baisse. «Les investissements pétroliers devraient à nouveau baisser en 2016, après d'importantes réductions déjà opérées l'an dernier, du jamais-vu dans le secteur, a indiqué hier, le directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), Fatih Birol qui n'a pas caché ses craintes de voir le phénomène prendre de l'ampleur. «Nous observons une pression à la baisse sur les prix du baril de pétrole et il semble que cette pression à la baisse continuera à s'exercer en 2016», a déclaré Fatih Birol lors d'un débat sur l'énergie organisé dans le cadre du Forum économique mondial de Davos. «Ce qui m'inquiète le plus, c'est que les investissements dans de nouveaux projets pétroliers ont été réduits de 20% l'an dernier par rapport à 2014. C'est la baisse la plus forte dans l'histoire du pétrole», a-t-il souligné. De mauvaises nouvelles pour l'Algérie, dont le sort est étroitement lié aux revenus des exportations d'hydrocarbures. L'économie nationale qui carbure au pétrole et au gaz perd de son énergie. Sonatrach s'essouffle. Ses projets seront-ils compromis? La question est inévitable. La Compagnie nationale des hydrocarbures qui a prévu d'investir pour plus de 90 milliards de dollars pourrait être contrainte d'y renoncer avec des prix évoluant sous les 30 dollars. Il faut rappeler que Sonatrach avait pris la décision de redoubler d'efforts pour remédier à ses déficits d'exportation d'hydrocarbures qui se sont traduits par un manque à gagner notoire, tout en annonçant que cela ne se fera pas aux dépens de l'environnement. Une opération qui a un coût. A combien est-il estimé? «Le groupe Sonatrach investira 91 milliards de DA dans la prévention, la sécurité et la protection de l'environnement et 120 millions de DA dans le traitement des déchets industriels, des déchets liquides et les détritus de forages», avait fait savoir le 2 octobre 2014, Youcef Yousfi, l'ex-ministre de l'Energie lors d'une séance plénière à l'Assemblée populaire nationale (APN). Un engagement qui a été pris dans le sillage de l'annonce par Sonatrach d'une augmentation de sa production à 225 millions de Tep (tonne équivalent pétrole), d'ici l'horizon 2018. «L'Algérie va renouer grâce à la mise en service de plusieurs projets pétroliers et gaziers, avec ses niveaux de production atteints avant 2010» avait-elle fait savoir. Le baril de pétrole s'affichait à ce moment-là autour des 90 dollars, alors que le Sahara blend (pétrole algérien) valait plus de 97 dollars. Les cartes ont été rabattues depuis au détriment de l'Algérie et de sa principale source de revenus (Sonatrach) qui n'a plus les reins aussi solides. Le baril de pétrole évolue désormais sous la barre des 30 dollars. Hier vers 15h00, heure algérienne, le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en février, dont c'est le dernier jour de cotation, perdait 67 cents pour s'afficher à 27,79 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Son niveau le plus bas depuis septembre 2003. Le fond du puits est pourtant loin d'être touché. Les conséquences sont désastreuses pour le secteur. Pas moins de 2000 milliards de dollars d'investissement sont menacés, alors que pour l'année 2015, uniquement, des projets de l'ordre de 200 milliards de dollars ont été purement et simplement mis à la trappe. «Tout ce qui a un coût élevé sera vulnérable...», avait précisé Per Magnus Nysveen qui avait mené une étude chez Rystad Energy, un cabinet d'expertise norvégien. Sonatrach y échappera-t-elle? Pas si sûr, eu égard à la conjoncture pétrolière actuelle. Depuis la sortie médiatique de l'ancien ministre de l'Energie, les cours de l'or noir ont baissé de quelque 60%. L'onde de choc paraît inévitable... .