Finalement, elle est là, elle se déroule sous nos yeux. La troisième guerre mondiale a bien lieu, mais elle est virtuelle. On l'appelle la Cyberguerre. Un conflit silencieux, sans munitions traditionnelles, mais qui fait rage. De nombreuses questions minent cette guerre. Qui lutte contre qui et avec quoi? Même si d'apparence elle oppose deux mondes: celui qui avance rassemblant tous les pays qui luttent contre le terrorisme et celui qui recule animé par les organisations djihadistes à leur tête le monstre Daesh. Qui fournit l'accès et surtout l'infrastructure nécessaire aux organisations terroristes leur permettant de communiquer? Cette technologie est bien évidemment entre les mais des Occidentaux et non en possession des pays musulmans très en retard de plusieurs chapitres sur la question. On a été frappés par l'incroyable célérité, la netteté et la fluidité avec lesquelles a été publiée sur les réseaux sociaux la décapitation, par Daesh en septembre 2014, du guide français Hervé Gourdel. La victime se trouvait dans une montagne en Kabylie où il est difficile d'avoir une simple communication téléphonique. On est toujours frappés par la facilité avec laquelle les terroristes de Daesh arrivent à communiquer en Syrie, un pays où les infrastructures des télécommunications ont été totalement détruites. L'équation se résume à des intérêts bassement financiers. Les communications des djihadistes sur le champ de bataille en Syrie, en Irak ou ailleurs s'opèrent inévitablement par satellite. Premier élément de l'équation. La mise sur orbite d'un satellite coûte 300 à 400 millions d'euros. Deuxième élément de l'équation. Enfin, la durée de vie d'un satellite ne dépassant pas les 15 années, il a fallu donc le rentabiliser dans un temps record quitte à fournir le diable en connexion. Et c'est le troisième élément de cette équation qui nous fait comprendre sans le moindre doute qu'il y a bien un très puissant lobby financier qui tire profit de cette guerre contre le terrorisme. En décembre dernier, des représentants des médias de 15 pays musulmans se sont réunis à Moscou, en Russie dans le cadre du Forum des journalistes des pays musulmans contre l'extrémisme, en vue d'apporter une réponse adéquate à cette problématique. Ils ont abouti à l'idée d'un front médiatique mondial contre l'extrémisme. En échos à cette rencontre, des spécialistes se sont rencontrés, il y a quatre jours à Alger et plaidé pour une réactivité dans la réponse des Etats à l'échelle mondiale dans la lutte contre le terrorisme. Les participants à cet atelier organisé par l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc) ont insisté sur la coopération internationale. Il s'agissait de limiter les champs d'action des groupes terroristes qui utilisent les TIC et l'Internet pour la radicalisation des jeunes ainsi que dans leur propagande pour la promotion de la violence par le partage de «toute une littérature et idéologie qui vont dans ce sens». Mais les alertes d'Alger et de Moscou restent inaudibles chez les prestataires de service de Daesh.