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«Il ne faut pas esquiver l'histoire»
PHILIPPE FAUCON À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 03 - 01 - 2005

C'est un réalisateur discret, autant consciencieux que professionnel, que nous avons rencontré à Bousaâda...
Réalisateur au riche CV, Philippe est révélé en 1989 par une première oeuvre, L'amour, perspective du cinéma français au Festival de Cannes 1990. En 1991, il tourne pour Arte Sabine d'après un récit d'Agnès L'Herbier. 1994 est l'année de Muriel fait le désespoir de ses parents, toujours sur Arte. En 1996, il réalise pour France 2, Mes 17 ans qui obtient un beau succès. Dans la série des courts métrages L'amour est à réinventer, il réalise Tout n'est pas en noir. Il tourne ensuite les Etrangers, coproduit et diffusé par Arte et sorti en salle en 1997. En 1999, il réalise Samia, sélectionné à la semaine de la critique au Festival de Venise 2000. Philippe Faucon s'est imposé comme l'un des auteurs les plus novateurs de sa génération. Son film, le Choix, est tourné dans son intégralité en Algérie - une première sera projetée en avant-première en France - puis à Alger en avril prochain. Un tournage dans lequel nous avons pu constater de visu un travail remarquable de comédiens entre amateurs et confirmés ainsi qu'une équipe algéro-franco-belge soudée et au fait de la réalité technologique cinématographique. Une équipe technique jeune et dynamique qui a su porter le film haut... la caméra!
L'Expression: Un mot sur le tournage du film...
Philippe Faucon:Un tournage vraiment passionnant et très dur physiquement parce qu'on n'avaist pas beaucoup de temps. On a tourné des choses plutôt compliquées, des figurants, des véhicules d'époque, des endroits très beaux mais difficiles d'accès et on a pas eu beaucoup de temps pour cela. Le tournage est assez fatigant. Il y a eu une partie de l'équipe qui était malade. Comme on tourne en hiver, on a des jours très courts. On se lève très tôt le matin, il fait froid, mais c'est un tournage vraiment passionnant car d'une part, c'est une rencontre entre des gens d'équipe venus de trois pays différents. Cela a été très fort et très riche. D'autre part, c'est une rencontre entre les jeunes comédiens d'ici et moi qui, à l'origine, ne sont pas des comédiens. C'était une très belle rencontre. Une des choses les plus fortes et les plus importantes du film.
Philippe Faucon, vous êtes réalisateur mais aussi co-auteur avec Soraya Nini. Comment s'est faite l'écriture de ce film qui traite d'un sujet aussi important que la guerre d'Algérie avec une trame assez compliquée?
Soraya Nini, je la connaissais déjà. J'avais travaillé sur deux films avec elle. Au début, la guerre d'Algérie c'est quelque chose que je connaissais assez mal, cependant, c'était quelque chose de présent dans mon enfance, vécue par mes parents. Ma mère est née ici, près d'Oran. Elle a vécu en Algérie jusqu'à l'âge de 20 ans. Ce n'était pas quelque chose dont on parlait, mais on le sentait bien. Les enfants le captaient. Il se passait la même chose pour Soraya Nini. Elle a à peu près mon âge. Ses parents ont vécu la guerre d'Algérie, ils sont partis en France à cause de la guerre, je crois. C'est quelque chose qui a laissé des traces... On ne parlait pas de cela forcément, mais elle, c'est quelque chose dont elle s'était imprégnée sans en avoir réellement entendu parler. Nous avons grandi et sommes entrés dans des époques différentes. Les gens s'étaient préoccupés d'autres choses, de leur avenir, etc. C'est un passé laissé derrière nous qui nous a un peu rattrapés. Un jour, je suis tombé sur cette histoire. Ce qui m'intéressait, c'est cette histoire de rencontre entre deux mondes. A l'époque, ils ne se connaissaient pas comme aujourd'hui, donc, ils n'avaient pas le même regard...
Il faut rappeler que c'est une adaptation du livre de Claude Sales...
Oui, c'est une adaptation d'un récit de Claude Sales qui a passé deux ans à l'époque en tant qu'appelé en Algérie. J'ai proposé à Soraya Nini de travailler dessus. La guerre d'Algérie ce n'était pas vraiment quelque chose à laquelle elle s'était réellement intéressée. Elle y était sensible. C'était le passé de ses parents, mais ce n'était pas une chose à laquelle elle avait donné un vrai regard, une vraie priorité jusque-là.
C'est une adaptation certes, mais lui aviez-vous apporté une part de vous-même?
Peut-être un petit peu, sûrement. A partir du moment où on a écrit le scénario, on a commencé à interroger nos parents... Il y a des choses sûrement qui sont venues de l'histoire, des petits détails. Moi, je suis né au Maroc, à Oujda, près de la frontière algérienne. Ma mère m'a raconté que je suis né dans un hôpital où il y avait des combattants algériens, des indépendantistes qui étaient soignés à l'étage au-dessous. L'entrée de l'hôpital était gardée par des combattants du FLN et mon père venait voir ma mère en uniforme militaire français, sauf que lui, il était au Maroc. Il y avait quelques militaires et administratifs français qui étaient restés. Et mon père faisait partie de ces gens-là. Les gens se croisaient dans le couloir, mais il y avait un statu quo, puisque le roi du Maroc l'avait décrété.
Aujourd'hui, on parle de réhabiliter notre histoire où un pan de celle-ci a été longtemps occulté comme la torture dont on a assisté hier à une séquence de tournage. Quel regard portez-vous sur ce phénomène de la torture qui fait «rage» actuellement en France...
A propos de la guerre d'Algérie? Oui, c'est un fait que personne ne nie en France. Cela a été pratiqué, cela a eu lieu. Cela ne s'est pas arrêté avec la guerre d'Algérie. On en entend toujours parler. C'est une réalité. Quand on a tourné cette scène, c'était justement pour l'évoquer, la rappeler, c'est-à-dire ne pas l'esquiver, ne pas l'éviter... C'est terrible, parce qu'il y a des gens parmi l'équipe algérienne dont les parents avaient été torturés. Ils sont sortis. Ils n'ont pas pu être présents sur le plateau au moment où on tournait, notamment l'habilleuse Ania dont la belle-soeur a été torturée de la même façon...
Pourquoi avoir choisi de montrer à l'écran ce sujet?
C'est une histoire de rencontre entre deux mondes, comme je l'ai dit tout à l'heure. Deux mondes qui étaient en grande ignorance l'un de l'autre à cette époque. Ce n'était pas simple comme écriture. Car dans un film, on ne peut pas dire toute la réalité de quelque chose assez compliquée comme la guerre d'Algérie. Forcément, on s'expose à moult points de vue. L'histoire, c'est une chose dont il faut garder la trace, la mémoire et en débattre entre historiens et puis, il y a le cinéma qui est autre chose. Même s'il aborde une période de l'histoire, c'est avant tout une histoire entre personnages qui sont des êtres humains. Ils se retrouvent à vivre cette histoire à leur niveau d'abord et sans le recul de l'histoire qu'on va avoir plus tard.
Que retenez-vous de cette aventure cinématographique en Algérie?
C'est quelque chose de très fort entre équipes et des interprètes avec une présence extraordinaire qui m'a beaucoup touché. Ils se sont emparés des personnages avec vie en y mettant beaucoup d'eux-mêmes et cela va se ressentir dans le film de façon très forte.
Justement, l'interprète qui joue Tayeb est à l'origine un chauffeur...
Il est venu m'attendre à la descente de l'avion. J'ai vu qu'il était à la fois quelqu'un de calme, de posé mais il y avait quelque chose de très intérieur qui se dégageait de lui, une sorte de maturité.
Donc, j'ai eu envie de lui faire un essai. Effectivement, il a exprimé beaucoup de choses qui sont retenues d'habitude dans la vie. Et nous avons tourné avec lui...


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