Les méfaits de la dive bouteille ne sont regrettés qu'une fois les vapeurs éthyliques dissipées. Alors, on se montre désolé, on regrette, on jure par tous les saints de ne plus récidiver mais sans résultat car les dégâts sont là pour rappeler la gravité des faits commis dans un moment où la raison était absente. C'est la mésaventure vécue par Saïdou et ses deux amis qui avaient passé une soirée dans la joie, bercés par le roucoulement de Bacchus. Ces derniers qui avaient éclusé plusieurs bouteilles, avaient décidé en cette soirée du 17 juillet 2003 de terminer les réjouissances dans un cabaret de la corniche. Sur place et avant de pénétrer dans les lieux emplis de musique, Saïdou, le plus éméché du groupe, est attiré par la beauté d'une jeune femme qui s'apprêtait, elle aussi, à rentrer dans la discothèque. Ses amis, voyant qu'il s'attardait, décident de l'attendre dans leur véhicule. Remarquant son état, la jeune femme le rabroue. Il reviendra à la charge avec plus d'insistance. Mais rien n'y fit, la belle femme restait insensible à ses avances. Il décide alors de passer à la manière forte. Il agrippe la jeune femme par le bras et tire un couteau de sa poche pour la menacer. Un videur qui gardait la porte de la discothèque intervient pour retirer la femme à la prise de Saïdou qui devenait de plus en plus agité. Ce dernier, sous l'effet de l'alcool, porte plusieurs coups de couteau au videur avant de rejoindre ses amis qui l'attendaient dans la voiture. La voiture démarre et Saïdou restera silencieux un long moment avant d'avouer à ses amis son forfait. A leur retour à Oran, les trois compères se séparent mais, le lendemain, ils furent arrêtés pour meurtre avec préméditation sur la personne du videur qui, blessé profondément, s'était vidé de son sang avant de rendre son dernier soupir. Le groupe a comparu samedi devant le tribunal criminel d'Oran pour répondre de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort et de non-assistance à personne en danger pour les deux amis de Saïdou accusé, lui, d'être le principal auteur du crime. Dans sa déposition devant le juge, il jurera par tous les saints qu'il avait agi sous l'effet de l'alcool et qu'il ne croyait pas que les coups qu'il avait portés à sa victime allaient lui être fatals. Ses coaccusés plaideront l'innoncence des charges qui pesaient sur eux. Ils diront qu'ils croyaient que leur ami fabulait quand il leur avait fait part de son altercation avec le videur. Leurs avocats abondèrent d'ailleurs dans le même sens alors que celui de Saïdou demandera à la cour de faire bénéficier son client des circonstances atténuantes car, dira-t-il, «il s'est senti agressé et outragé par le comportement de sa victime, un fier-à-bras qui avait tenté d'user de la force contre lui». Au terme des délibérations, Saïdou a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Quant à ses deux amis, ils écoperont chacun de 15 ans de prison pour non-dénonciation de crime et non-assistance à personne en danger.