Tout le monde sait que la bouse de vache n'a rien de repoussant mais lorsqu'on marche dessus, on ressent une chaleur suspecte. A S'baât, proche de la belle localité de Rouiba, un adulte de 39 ans est neutralisé dans le jardin d'une ferme clôturée. Lui, affirme avoir été arrêté sur un chemin vicinal et poussé à l'intérieur. Les avocats conjuguent leurs efforts en vue de tirer leur client de la bouse... Tout le monde sait que la bouse de vache n'a rien de repoussant. Mais lorsqu'on marche dessus, on ressent une chaleur suspecte. Et hop ! On retire le pied. Malik M. est né le 1er novembre 1966 à S'baât. Le 26 du mois écoulé, il est pris, selon lui, sur un chemin communal et selon la victime, à l'intérieur du domicile. «Lorsqu'il nous a vus, il s'est sauvé pour se terrer dans une niche ou plutôt derrière», a dit la victime qui a affirmé que la ferme est clôturée et que pour y accéder, il faut, soit passer par le portail fermé à clef soit escalader le mur. Le prévenu jure qu'il n'avait aucune mauvaise intention. «Pourquoi vous êtes-vous enfui puisque vous avez déclaré n'avoir rien à vous reprocher» demande le procureur. Le détenu répond que marchant seul, venant du café et «voyant les gens courir, j'ai pris peur». La juge s'y met à son tour et trouve bizarre que quelqu'un qui n'a rien à se reprocher puisse prendre ses jambes à son cou à la vue de personnes qui courent dans sa direction. «Il était cagoulé», jette la victime. «Quelle cagoule», demande le juge qui obtient: «Il portait un bonnet et un turban noirs». Malik soutient qu'il était une heure avancée de la nuit, que l'humidité régnait en «maître des lieux». «A-t-il été pris, un objet de valeur entre les mains?» dit le second avocat qui entend un «non» résonnant. Mihoubi, le procureur, parle de cagoule, de turban, de bonnet, de course à pied, de fuite, de un an ferme aussi et de cinq mille dinars d'amende. Suivons un bon morceau de Me Boudiaf. «On veut tout simplement envoyer notre client en taule. On raconte n'importe quoi, on arrête n'importe qui et on le présente sans preuve ni témoin.» Me Boucena assure que les débats n'ont rien démontré, que la profonde conviction du duo de conseil allait montrer la voie au juge qui a dû happer au vol le doute. «On nous ramène trois personnes d'une même famille et on les présente comme témoins», marmonne le défenseur qui éloigne la tentative de vol. Le président inflige tout de même un sec six mois de prison, assortis d'un sursis.